Les cavaliers « hors structure » : comparaison avec les clients de structure

De nombreux pratiquants d’équitation quittent les structures professionnelles pour s'auto-organiser, seuls ou à plusieurs. Il est nécessaire de mieux connaître ces usagers « hors structure » afin de répondre aux enjeux sanitaires, sécuritaires, règlementaires, économiques, sociaux et environnementaux qui leurs sont liés. Ainsi, plusieurs fiches sur le thème général du « hors structure », issues de travaux de recherche financés par la FFE, l’IFCE et l’INRAE, présenteront ces différents enjeux. Cette présente fiche aborde le sous-thème des différences et similarités entre les usagers « hors structure » et les usagers « en structure ».

1

Par Camille ESLAN - Céline VIAL - Sandrine COSTA - | 21.05.2024 |
Niveau de technicité :
cavalière à cheval en carrière
Sommaire

Les caractéristiques des usagers

Les résultats présentés sont issus d’une enquête en ligne effectuée en France, en 2021, auprès de 808 usagers, soit : 534 usagers « hors structure », 147 usagers propriétaires « en structure » et 127 usagers « hybride » (propriétaires « hors structure » mais pratiquant aussi en structure professionnelle). L’objectif de cette fiche est de comparer ces trois types d’usagers afin de mieux comprendre leurs différences et similarités, et potentiellement d’aider les professionnels à s’adresser différemment à ces trois types de clientèle.

La répartition territoriale (entre zone urbaine, périurbaine ou rurale) des différents profils d’usagers montre une différence significative entre les « hors structure » et les « en structure », alors que les « en structure » et les « hybride » ont des profils similaires. Les « hors structure » se situent plus souvent en zone rurale.

Répartition des usagers par type de zone géographique
© IFCE


Les résultats ne montrent pas de différences concernant l’âge et le genre entre les 3 profils. Concernant le niveau d’études, les « hors structure » ont en moyenne des diplômes moins élevés que les « en structure » et les « hybride ». Les « hors structure » présentent une répartition entre les classes socioprofessionnelles plus proche de celle de la population française. On note une présence plus importante d’employés chez les « hors structure », alors que les classes sociales supérieures représentent une majorité des individus « en structure ».

Répartition par niveaux d'études
© IFCE

Répartition des classes socioprofessionnelles
© IFCE


Concernant l’adhésion à une licence, apportant notamment une assurance lors de la pratique, la grande majorité des usagers « en structure » ont une licence fédérale auprès de la FFE (90%), tout comme les « hybride » (85%). Un tiers des usagers « hors structure » ne détiennent aucune licence/assurance, 11% adhèrent à d’autres systèmes d’assurance et plus de la moitié possèdent une licence FFE.

Répartition des licences
© IFCE


Le niveau d’équitation déclaré est moins élevé pour les usagers « hors structure » que pour les deux autres profils. On retrouve par ailleurs davantage d’individus ayant choisi de ne pas passer de diplôme parmi les « hors structure ». En revanche, les « hybride » ont tendance à avoir un niveau d’équitation plus élevé que les « en structure ». Enfin, on retrouve d’anciens professionnels de l’enseignement au sein des trois profils.

Répartition du niveau d'équitation déclaré
© IFCE


Les « hors structure » ont en moyenne une fréquence de pratique moins élevée que les autres usagers. Nous avons en effet constaté au cours de nos enquêtes que, pour les « hors structure », le temps de pratique diminue progressivement au profit du temps dédié à l’entretien et aux soins quotidiens des équidés. Les « hybride » sont dans une situation intermédiaire, pratiquant plus souvent que les « hors structure » mais un peu moins souvent que les « en structure ».

Répartition des fréquences de pratique
© IFCE

Parcours des usagers interrogés entre « en structure » et « hors structure »

Parmi les « hors structure », 95% des usagers sont passés par les structures professionnelles.

Les « hors structure » sont restés moins longtemps en moyenne en structure (9,3 années) que le profil « hybride » (12 années). Certains usagers « en structure » ont déjà été « hors structure » à une certaine période, notamment en tant que pratiquants utilisant des équidés détenus « hors structure ».

Les « hors structure » et les « hybride » détiennent plus de chevaux en moyenne (3 équidés) que les « en structure » (1 équidé). Globalement, les « hors structure » détiennent plus de chevaux retraités que les usagers « en structure ». Le nombre de chevaux retraités détenus par le profil « hybride » est le plus important. L’organisation « hybride » permet certainement d’offrir une retraite à ses équidés en organisation « hors structure », tandis que la fréquentation de la structure permet de travailler et/ou héberger le(s) équidé(s) actifs.

Les motivations pour l’organisation « hors structure » : comparaison entre « hors structure » et « hybride »

La raison principale pour l’auto-organisation est liée à l’envie de vivre au quotidien avec ses équidés pour les deux profils, même si cet aspect est en moyenne plus important pour le profil « hors structure » que pour le profil « hybride ».

Propriétaire de chevaux
© Mélanie Guillamot


Les raisons secondaires :

  • Les motivations secondaires plus importantes pour les « hors structure » que pour les « hybride » sont : le fait d’être en accord avec ses idées et principes et d’être autonome dans la gestion des équidés, d’en apprendre davantage et de pouvoir s’adapter aux besoins des équidés, ainsi que d’être en contact avec la nature.
  • Les motivations ayant la même importance pour les deux profils sont : le fait de pouvoir pratiquer librement, de faire plus d’activité physique, de choisir le groupe social avec lequel pratiquer ou d’économiser de l’argent.

Les aspects recherchés

Avoir ses équidés chez soi est considéré comme au-dessus de tout, ayant une valeur qui ne peut pas être mesurée. Cette valeur incommensurable est légèrement plus importante pour les « hors structure » que pour les « hybrides ».

L’attachement à l’animal est très important pour les trois profils.

Les « hors structure » sont en moyenne plus concernés par le développement durable que les usagers « en structure ».

L’organisation « hors structure » donne davantage de liberté, d’autonomie, est plus gratifiante, suscite davantage de bonheur, procure davantage de distraction, permet plus l’expression de soi et laisse davantage parler la créativité et la possibilité d’apprendre plein de choses.

Les « hors structure » n’oublient pas non plus que la gestion d’équidés au quotidien est contraignante et peut parfois créer des tensions au sein du foyer. De plus, la perception de la prise de risque liée au choix d’auto-organisation est plus importante pour le profil « hybride » que pour le profil « hors structure ».

Raisons d’insatisfaction ou de satisfaction envers les professionnels

Les « hors structure » sont en moyenne moins satisfaits par les activités proposées par les professionnels que les « en structure » ou les « hybride », notamment en ce qui concerne leur progression, la cavalerie mise à disposition, l’amabilité du personnel, la compétence et la pédagogie des enseignants, la sécurité de la pratique aussi bien montée que à pied, les tarifs, la vie du club ainsi que son cadre de vie et environnement. Les conditions de vie, l’hébergement et le bien-être des équidés sont aussi des sources d’insatisfaction significativement plus importantes chez les « hors structure » que pour les autres profils.

Les services à disposition

Les répondants se sont exprimés sur les services actuellement offerts par les prestataires à leur disposition, par type de services.

Pratique équestre

Les cours s’effectuent en priorité avec un enseignant indépendant pour les « hors structure », alors qu’ils se déroulent en majorité avec l’enseignant du centre équestre pour les « en structure » et les « hybride ». Seulement 8% des « hors structure » utilisent un coach ou un accompagnement en compétition, contre ⅓ pour les autres profils. La pratique en club permet notamment de progresser et de passer des diplômes équestres.

Les « hors structure » sont moins concernés par les services liés à la pratique équestre que les « hybride » puis les « en structure », ce qui semble logique et corrélé à la fréquence de pratique équestre au sein de cette population. Le pourcentage d’individus considérant que ces services sont inadaptés ou inexistants est proche (entre 15 et 18% selon le profil). Toutefois, si on compare ce pourcentage avec celui représentant les individus satisfaits, il faut souligner que la proportion d’individus considérant ces services inadaptés ou inexistants par rapport aux individus satisfaits est largement plus importante chez les « hors structure », puis chez les « hybride », par rapport aux individus « en structure ».

Services liés à la pratique équestre
© IFCE


L’utilisation des infrastructures d’un club équestre concerne ¼ des « hors structure ». Presque 30% des usagers « en structure » ou « hybride » font appel à des professionnels pour travailler leur(s) équidé(s), contre seulement 8% des « hors structure ». Les services liés à l’éthologie ou aux pratiques alternatives sont très peu utilisées par les « hors structure » (8%) et pas du tout par les autres profils.

Entretien des équidés

Tous les profils sont majoritairement satisfaits des services proposés par les professionnels concernant l’entretien des équidés, y compris lors de prestations d’élevage. Toutefois, les « hors structure » (11%) et « hybride » (11%) sont plus nombreux à être insatisfaits que les « en structure » (6%).

Services liés à l'entretien des équidés
© IFCE


Gestion agricole et des parcelles

Environ 40% de tous les profils se considèrent non concernés par l’utilisation de services agricoles proposés par les professionnels, comme pour l’entretien des parcelles. Toutefois, on remarque que les « hors structure » considèrent pour 16% d’entre eux que ces services agricoles sont inadaptés ou inexistants et cet aspect augmente à 23% pour les profils « hybride ».

Services agricoles
© IFCE


Transport d’équidés

Une large majorité des « hors structure » et les « hybride » ne se sentent pas concernés par les services liés au transport d’équidés, contre moins de la moitié des « en structure ». Ces services sont considérés comme inadaptés ou inexistants pour 15% des « en structure », 13% des « hybride » et 10% des « hors structure ».

Services liés au transport d'équidés
© IFCE


Hébergement des équidés

Les « hors structure » considèrent à 16% que les services proposés par les professionnels pour l’hébergement de leurs équidés sont inadaptés ou inexistants, contre 11% des « hybride » et 12% des « en structure ».

Services liés à l'hébergement d'équidés
© IFCE

Ce qu'il faut retenir

Cette analyse comparative de trois types d’usagers équestres montre que les « hors structure » sont presque toujours passés par les structures professionnelles avant de devenir autonomes. Leurs principales motivations résident dans le souhait de vivre au quotidien à proximité de leurs équidés et dans leur désir d’autonomie, soulignant qu’il n’est pas pertinent d’essayer de réintégrer ces usagers de façon permanente au sein de structures professionnelles. Même si les « hors structure » se sentent moins souvent concernés que les autres profils par les services offerts par des professionnels, une certaine demande existe de leur part. La proportion d’insatisfaction par rapport à la satisfaction envers les services professionnels est plus grande chez les « hors structure ». Enfin, le profil « hybride » suit souvent les mêmes tendances que le profil « hors structure », mais est plus à même d’utiliser des services offerts par les professionnels en raison de leur proximité directe avec eux. Finalement, cette étude met en lumière les différences significatives entre les trois profils d'usagers équestres, ce qui peut aider les professionnels à mieux adapter leurs services à chaque type de clientèle.
En savoir plus sur nos auteurs
  • Camille ESLAN Chargée de mission FFE / INRAE (UMR MoISA) / IFCE à L'Institut Agro Montpellier
  • Céline VIAL Ingénieure de recherche « Économie / Sciences de gestion » IFCE
  • Sandrine COSTA INRAE (UMR MoISA) / IRD / CIAMM / Institut Agro Montpellier
Pour retrouver ce document: www.equipedia.ifce.fr
Date d'édition : 17 06 2024

Fiche réalisée avec nos partenaires

Fonds éperonFédération française d'équitationlogo INRAE

Cette fiche vous a-t-elle été utile ?