La renoncule ou bouton d'or : adventice des prairies

Les renoncules (bouton d'or), pissenlits, pâquerettes et plantain se caractérisent par une végétation proche du sol, un port étalé et un système racinaire puissant. Les adventices sont des espèces spontanées qui s'installent dans une prairie. Elles sont indésirables car peu ou pas consommées par les chevaux et les herbivores en général, et peuvent être toxiques. Ces "mauvaises herbes", bien adaptées à la prairie, sont difficiles à éliminer. Les chardons, le rumex et le bouton d'or sont les espèces posant le plus de problème dans les prairies naturelles.

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Par Pauline DOLIGEZ - | 13.06.2016 |
Niveau de technicité :
la renoncule
Sommaire

Caractéristiques des renoncules

La renoncule âcre

Renoncule acre
© P. Doligez
Renoncule acre
© P. Doligez
Le bouton d'or, ou Ranunculus acris, est très courante dans les prairies fraîches et pâturées. Vivace, elle se reproduit par dissémination des graines.


La renoncule bulbeuse

Renoncule bulbeuse
© P. Doligez
Renoncule bulbeuse
© P. Doligez
Très commune, cette renoncule, appelée aussi Ranunculus bulbosus, peut être trouvée également dans les milieux secs. Vivace, elle se reproduit par dissémination des graines.


La renoncule rampante

La renoncule rampante, ou Ranunculus repens, vit dans les sols argileux, humides et riches en humus.

Toxicité du bouton d'or

Toutes les renoncules sont toxiques mais leur toxicité n’est pas très élevée. Toute la plante fraîche et particulièrement les feuilles à la floraison sont toxiques.

Seules les plantes consommées en vert provoquent des troubles digestifs et une inflammation de la bouche dues à la « protoanémonine », substance toxique. Les empoisonnements sont très rares car les animaux ne les consomment pas en vert. La teneur en protoanémonine varie selon les espèces de renoncules.

La protoanémonine se dégrade à la dessiccation car elle est volatile et disparaît après séchage. Les renoncules ne sont pas dangereuses dans les foins.

On constate aussi des irritations aux yeux au moment de la floraison lorsque les renoncules sont très abondantes dans la prairie.

Pourquoi les adventices s'installent-elles ?

bouton d'or sur une prairie
Présence abondante du bouton d'or sur une prairie © P. Doligez
Le développement d'adventices dans la prairie est corrélé principalement à :

  • La nature aux conditions pédo-climatiques (sol/climat)
  • Une mauvaise exploitation de la prairie : sur-pâturage, compactage par les roues de tracteur, humidité excessive, accumulation des déjections

Quelles sont les conséquences sur la prairie ?

La prolifération du bouton d'or va gêner la production et l'exploitation des espèces fourragères intéressantes pour le pâturage (graminées et légumineuses à valeurs nutritionnelles intéressantes) en diminuant le rendement et la pérennité de la prairie.

Comment lutter contre le bouton d'or ?

Prévenir

  • Éviter le compactage en période humide et également par forte sécheresse. 
  • Limiter le surpâturage sur une longue période (présence des animaux toute l'année même si le chargement (nb d'animaux/ha) n'est pas très élevé). Un temps de repos est nécessaire pour la reconstitution des réserves des graminées notamment. L'idéal est de restreindre les zones d'hivernage des chevaux sur une zone plus portante et libérer la surface prévue pour le pâturage de printemps. 
  • Préférer un chargement plus élevé pendant une période courte à un chargement faible toute l'année (favoriser le pâturage tournant). Éviter le « grattage » excessif de l'herbe.
  • Pratiquer le « déprimage » : pâturage précoce au début du printemps, puis sortie des animaux en avril-mai en prévision d'une fauche pour favoriser une repousse « propre ». Les graminées étouffent les adventices plus petites à cette période. Attention une sortie trop tard de la parcelle compromet le rendement en fourrage prévu.
  • A l'opposé, une prairie peu pâturée peut être envahie par des espèces fourragères peu intéressantes et des adventices. Une prairie peu entretenue finit par ressembler à une friche avec pleins d'adventices !
  • Apporter une fumure organique (N, P, K) en fin d'été va favoriser la repousse d'automne et la reconstitution des réserves (des graminées) de la prairie pour l'hiver. La fertilisation azotée (N) au printemps privilégie aussi la pousse des graminées devenant alors dominantes sur les adventices.
  • Chauler (apport de calcium et magnésium) lorsque le pH du sol est très acide (pH < 5,8 : à vérifier avec une analyse de sol). Il peut être intéressant pour améliorer l'efficacité de la fertilisation azotée favorable aux graminées fourragères. Mais le bouton d'or n'est pas forcément une plante révélatrice d'un sol acide puisqu'on la retrouve également sur des terres crayeuses.

Lutter

  • Toujours alterner la fauche et le pâturage quand c'est possible. Cette alternance fauche/pâture contrarie toutes les plantes dominantes, bonnes ou mauvaises. C'est un bon moyen de lutte contre les adventices pour maintenir une flore variée dans la prairie.
  • Couper les renoncules par une fauche précoce avant l'apparition des inflorescences pour limiter la dissémination des graines (fauche pour enrubanner en mai par exemple).
  • Peu de produits chimiques sont disponibles pour le désherbage de la renoncule des prairies. En effet, les désherbants "anti-dicotydélones"  qui vont détruire les adventices, vont aussi tuer les légumineuses fourragères de la prairie (trèfle).
  • Si la renoncule est très abondante (+ de 30% des espèces présentes), un rééquilibrage des pratiques d’exploitation ne suffira pas à améliorer la prairie. Il faudra passer par un désherbage sélectif ou total et un ressemis ou un sursemis de la zone ou de la parcelle.
En savoir plus sur nos auteurs
  • Pauline DOLIGEZ Ingénieure de projets & développement « Alimentation et entretien des équidés » IFCE

Bibliographie

  • PIERRE P, HUBERT F. 2003 Guide pour le diagnostic prairial, Chambres d'Agriculture des Pays de Loire
  • BATEGAY S. , DEPORTE H., 2004 - Désherbage des prairies Les Prairiales du Pin – Brochure technique p 27 – p 30
  • AGRECO- GRAB. Maîtriser les « mauvaises herbes » des prairies en agriculture biologique : éléments d'observation et de recherche. Document Biodoc n°18- Déc 2008. Nature et Progrès
  • ARVALIS - Plantes toxiques dans les prairies - 20 juin 2013 - http://www.arvalis-infos.fr/
  • GRAB - Haute Normandie. Les adventices en maraîchage biologique - www.bio-normandie.org
Pour retrouver ce document: www.equipedia.ifce.fr
Date d'édition : 15 05 2024

Fiche réalisée avec nos partenaires

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