Le laurier-rose : plante toxique

Espèce arbustive fleurie d’origine méditerranéenne, le laurier-rose est aujourd’hui répandu sur l’ensemble du territoire. Absent des prairies, il est principalement utilisé pour l'ornement des espaces verts. Bien que ses feuilles coriaces et son goût amer la rendent peu appétente, cette plante est très toxique pour le cheval en cas d’ingestion. Souvent mortelle même à très faible dose, l'intoxication est généralement accidentelle et fait le plus souvent suite à la consommation d'herbe fraîche ou de fourrages contaminés par des parties de la plante, plus rarement de plante sur pied ou d’eau où des feuilles/rameaux ont macéré. Il s’agit de l’une des premières causes d’intoxications végétales chez les équidés.

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laurier-rose
Sommaire

Comment reconnaître le laurier-rose ?

Le laurier-rose (Nerium oleander) est une plante à port dressé au feuillage persistant de la famille des Apocynacées (Apocynaceae). Selon qu’il est taillé ou non, il peut arborer une forme arbustive ou se présenter sous forme d’un petit arbre, avec un tronc souvent ramifié à la base. Sa taille avoisine en moyenne les 2 mètres de haut, mais il peut atteindre jusqu’à 5 mètres.

laurier-rose
Laurier-rose à fleurs roses © N. Genoux / IFCE


Les feuilles

Persistantes et coriaces, les feuilles du laurier-rose sont allongées et fusiformes, leur longueur variant entre 5 et 20 cm. Elles sont de couleur vert foncé brillant sur leur face supérieure et vert pâle plus mat sur leur face inférieure. Leur nervation « en arêtes de poisson » est assez caractéristique :

  • La nervure primaire est large et saillante sur le dessous de la feuille.
  • Les nervures secondaires sont visibles, nombreuses et bien parallèles.

Concernant leur disposition sur les rameaux, les feuilles peuvent être verticillées (c’est-à-dire insérées en cercle au même niveau, par groupe de trois, autour des branches) ou opposées.

feuilles de laurier-rose
Des feuilles allongées et fusiformes © N. Genoux / IFCE
feuilles de laurier-rose
Nervation en « arêtes de poisson » et disposition verticillée sur les rameaux © N. Genoux / IFCE


    Les fleurs

    La floraison a lieu de la fin du printemps (mai-juin) à l’automne (septembre-octobre). Groupées en cymes terminales sur les rameaux et en forme de trompette, les fleurs de laurier-rose se composent de 5 pétales. Suivant la variété, leur couleur est très variable (généralement rose, mais également rouge, blanc, saumon ou jaune) et elles peuvent être simples (1 rangée de 5 pétales), doubles (2 rangées de 5 pétales) ou triples (3 rangées de 5 pétales). Elles dégagent parfois un agréable parfum.

    laurier-rose
    Fleurs simples © Gilbert Gault
    laurier-rose
    Fleurs doubles © Gilbert Gault
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    Fleurs triples © Gilbert Gault


    Les fruits

    La fructification a lieu en fin d'été / début d'automne. Les fruits du laurier-rose forment des gousses étroites, crénelées et allongées de couleur vert-brun, renfermant des graines entourées de poils qui se disséminent par le vent une fois le fruit arrivé à maturité.

    laurier-rose
    Une gousse en cours de maturation © N. Genoux / IFCE

    Milieu de vie du laurier-rose

    laurier-rose
    Laurier-rose à fleurs rouges en terre dans un jardin © M. Houdiard

    D’origine méditerranéenne, le laurier-rose est une plante peu gourmande en eau, particulièrement adaptée aux sols pauvres et aux milieux bien exposés au soleil, plutôt résistante à la sécheresse. Capable de supporter d'importants écarts de températures, il peut cependant relativement bien endurer le gel.

    Très apprécié pour ses jolies fleurs colorées et parfois même parfumées, le laurier-rose est surtout cultivé pour l'ornement des espaces verts.

    Dans les zones aux hivers doux, il est fréquemment planté en pleine terre dans les jardins publics ou privés (au sein de haies, massifs, taillis…). C'est souvent le cas dans les régions du sud de la France, au climat favorable, où il est fréquent de rencontrer des spécimens d'assez grande taille, qui peuvent atteindre jusqu'à 5 mètres de haut pour les plus grands.

    Dans les territoires aux hivers plus froids, le laurier-rose est plutôt planté dans des bacs hivernables sur les balcons et terrasses. Les arbustes sont alors de taille plus modeste, généralement inférieure à 2 mètres de haut.

    Quelles sont les circonstances d’intoxication au laurier-rose ?

    Une plante très toxique, mais peu attractive

    Le laurier-rose est toxique pour de nombreux mammifères (dont l'Homme, les herbivores, les chiens, certains rongeurs comme les cobayes...) et les oiseaux, mais les équidés sont particulièrement sensibles à ses substances toxiques en cas d'ingestion, même en très faible quantité.

    Chez le cheval, la dose létale est très faible, de l'ordre de 0,005% du poids vif de l’animal. Autrement dit, 25 g (soit une dizaine de feuilles) suffisent à tuer un cheval de 500 kg.

    Toutes les parties du laurier-rose sont toxiques (rameaux, feuilles, fleurs et fruits). Elles contiennent en effet des hétérosides cardiotoxiques à action digitalique (qui augmentent la force de contraction du cœur), dont essentiellement de l’oléandrine, une substance qui entraîne des troubles cardiaques. La toxicité est maximale dans les feuilles.

    Très amère et avec des feuilles plutôt coriaces, la plante fraîche est toutefois peu appétente. Les chevaux n’en consomment donc généralement pas en vert sur pied, mais il arrive toutefois qu'ils s'intoxiquent dans des conditions particulières.

    Une intoxication très souvent accidentelle

    laurier-rose à fleurs rouges
    Très toxiques, les feuilles mortes se disséminent facilement par le vent © M. Houdiard

    Malgré son absence dans les prairies, le laurier-rose demeure l’une des premières causes d’intoxications végétales chez les équidés.

    Si la plante fraîche est peu appétente, elle devient en revanche consommable une fois séchée dans les fourrages par exemple (perte des facteurs de répulsion). L’intoxication a généralement lieu suite à l'ingestion de foin / herbe pâturée contaminé(e) par certaines parties de la plante (notamment des feuilles, petits rameaux…).

    Lorsqu'elle est à la portée des chevaux, il arrive parfois que la plante fraîche soit consommée sur pied dans les jardins ou au paddock, par désœuvrement lors d'ennui ou par grapillage en cas de disette.

    Enfin, la consommation d’eau dans un abreuvoir où des parties de la plante (feuilles mortes, rameaux…) sont tombées peut éventuellement provoquer une intoxication atténuée. Certaines toxines percolent en effet facilement dans l’eau de boisson.


    De par son esthétisme, le laurier-rose est parfois utilisé pour fleurir les terrains de concours. Lorsque c’est le cas, veiller à ce qu’aucune partie de la plante ne vienne contaminer le foin ou l’eau de boisson distribués aux chevaux, que les plantes ne soient pas accessibles aux chevaux qui seraient amenés à brouter en main ou qui attendent pour passer sur un tour par exemple...

    En cas d’ingestion en très faible quantité, en-dessous de la dose létale, le lait des juments en lactation peut être contaminé par les toxines.

    Quels sont les signes cliniques d’une intoxication au laurier-rose ?

    La gravité des signes cliniques dépend de la quantité de substances toxiques ingérée, mais l’intoxication est très souvent mortelle.

    Le plus souvent : atteinte suraiguë

    La dose létale étant très faible chez le cheval, de l'ordre de quelques dizaines de grammes de feuilles, l’ingestion de laurier-rose se conclut très souvent par une mort subite d’origine cardiaque, quelques heures voire quelques minutes après ingestion.

    Parfois : atteinte subaiguë

    En cas de consommation de très faibles quantités, comme par exemple quelques morceaux de feuille, les chevaux peuvent manifester une forme subaiguë, avec apparition des premiers signes cliniques une à quatre heures après ingestion :

    • Troubles cardiovasculaires : troubles de la fréquence cardiaque engendrant une alternance d’accélérations (tachycardie) et de ralentissements (bradycardie) anormaux de cette fréquence, évolution vers des blocs auriculo-ventriculaires, puis fibrillation qui précède l’arrêt cardiaque
    • Troubles nerveux : prostration, tremblements musculaires, convulsions, coma
    • Troubles respiratoires : dyspnée (difficultés respiratoires)
    • Troubles digestifs : perte d’appétit, diarrhée parfois hémorragique, coliques
    • Troubles cutanés : sudation importante, extrémités froides

    L’évolution, défavorable, est en général assez rapide. La mort survient généralement entre 12 et 36 heures après ingestion.

    Quel traitement ?

    En général, lors d'apparition des symptômes, il est trop tard pour mettre en œuvre un traitement. Il n’existe par ailleurs pas de traitement spécifique et/ou d’antidote connu disponible pour les équidés.

    En début d’intoxication, un traitement symptomatique et éliminatoire peut être tenté, avec un lavage gastrique et administration de charbon activé, associés à une fluidothérapie intraveineuse. Pour lutter contre la bradycardie et les blocs auriculo-ventriculaires, on peut administrer de l’atropine par voie intraveineuse (0,025 à 0,050 mg/kg en IV).

    Le pronostic reste sombre dès lors que le cheval présente des signes cliniques.

    Quels sont les moyens de prévention ?

    Les seuls moyens pour limiter les risques d’intoxication au laurier-rose sont la maîtrise de l’environnement dans les infrastructures équestres et leur voisinage proche, ainsi que la vigilance des cavaliers et détenteurs d'équidés. Aucun arbuste et aucune partie de la plante ne doivent se trouver à la portée des chevaux. Pour cela :

    • Proscrire la présence de laurier-rose (qu'il soit planté en pleine terre ou en pot) dans l'environnement où évoluent les chevaux, en particulier à proximité des prairies de pâturage et de fauche, des paddocks, des points d'abreuvement, des aires de pansage/douche…
    • Assurer une bonne gestion des déchets verts :
      • Ramasser la totalité des résidus de taille/tonte.
      • Les emmener à la déchetterie.
      • Ne jamais les distribuer aux chevaux pour s’en débarrasser, en vert comme sechés (car la plante reste toxique même après dessication) !
    • Surveiller régulièrement la propreté des points d'abreuvement (abreuvoirs, bacs à eau…) en contrôlant notamment l’absence de parties de la plante (feuilles mortes…) dans l’eau de boisson.
    • Toujours rester vigilant, en particulier lors de sorties en compétition, où le laurier-rose est souvent utilisé comme plante ornementale.
    • Bien informer et sensibiliser le public ⇒ faire connaître la plante et les risques qui y sont liés aux cavaliers et détenteurs de chevaux. En effet, si la toxicité du laurier-rose est bien connue dans le sud de la France, où la plante fait partie intégrante du paysage, le public est souvent moins averti dans les régions plus au nord.
    En savoir plus sur nos auteurs
    • Nelly GENOUX Ingénieure agronome - ingénieure de développement IFCE
    • Nathalie PRIYMENKO Docteure vétérinaire - École Nationale Vétérinaire de Toulouse (ENVT)
    • Laetitia LE MASNE Ingénieure de développement IFCE

    Bibliographie

    • DELORME M. et COUDERT P. (2017). Intoxications des chevaux par les plantes. Actualités Pharmaceutiques, 56(563), pages 49-51.
    • KOHLHAUER M. (2014). Quelques intoxications chez le cheval. AVEF Jr.
    • MILLECAMPS J.M. (2004). L’herbier de St Georges - Guide des plantes toxiques pour les équidés. Éditions La Tanière, 132 pages.
    • PRIYMENKO N. (2018). Les différentes plantes toxiques majeures et les circonstances d'apparition. Le Nouveau Praticien Vétérinaire Équine, 12(45), pages 11-16.
    • RENIER A.C., KASS P.H., MAGDESIAN K.G., MADIGAN J.E., ALEMAN M. and PUSTERLA N. (2013). Oleander toxicosis in equids : 30 cases (1995-2010). Journal of the American Veterinary Medical Association, 242(4), pages 540-549.
    • TURNER J.L. and TORRES P. (2011). Oleander poisoning of horses. NM State University, Cooperative Extension Service, Guide B-712.
    • https://neva.fr/course/view.php?id=405&topic=9
    Pour retrouver ce document: www.equipedia.ifce.fr
    Date d'édition : 15 05 2024

    Fiche réalisée avec nos partenaires

    RESPE Ecole vétérinaire de Toulouse

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