Le franchissement du contrebas : choix d’une approche cognitive ou intuitive ?

« S’équilibrer » est notre 1er fondamental en équitation… il est pourtant bien malmené par le contrebas ! Cet obstacle de terre est le sujet idéal pour s’interroger sur les notions de cognitif et d’intuitif en équitation. Le contrebas est en effet un véritable casse-tête pour le cerveau : face à lui, une technique cognitive à l’obstacle, acquise au cours d’un processus d’apprentissage (la monte « en avant ») cède souvent le pas à une technique spontanée imposée par l’intuition… la monte « en arrière ». Alors, pour aborder un contrebas, approche cognitive ou intuitive ? L’Écuyer Erwan Le Roux a choisi de préserver les standards de la monte en avant sur les contrebas dans son équitation et dans son enseignement ; il vous explique pourquoi dans cette fiche. Il ne l’impose toutefois pas aux cavaliers qui ne tiennent pas à changer leurs habitudes, préférant proposer des solutions alternatives en s’adaptant aux uns et aux autres.

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Par Erwan LE ROUX - Claire TOURNEUR - | 15.04.2024 |
Niveau de technicité :
franchir un contrebas
Sommaire

Les notions de cognitif et d’intuitif dans l’apprentissage de l’équitation

Différences entre intuitif et cognitif

Pour faire face à un problème posé, à une difficulté, un danger même, nous pouvons mobiliser deux types de réactions :

Des processus intuitifs

Les mécanismes intuitifs dits « de défense » sont des processus automatiques qui s’activent de manière inconsciente. On ne les contrôle pas, c’est spontané, c’est de l’ordre du réflexe inné. Ainsi, la première fois que vous croisez la route d’un contrebas, celui-ci est perçu comme un danger par votre cerveau, vous activez alors des mécanismes de défense en reculant le haut du corps au moment de la descente. Vous développez alors une technique intuitive conditionnée par un réflexe de défense. C’est votre intuition qui dicte votre action. Vous utilisez alors des réflexes innés.

Des processus cognitifs

Le deuxième type de réaction comprend les processus cognitifs qui se traduisent par une stratégie d’adaptation. Il s’agit d’une opération mentale volontaire, c’est-à-dire que l’on choisit délibérément une réponse à un problème posé. On met alors en place des réflexes acquis. Concrètement, vous avez développé une technique rationnelle dans le franchissement du contrebas qui vous permet de rester en équilibre sur vos pieds sans rallongement des rênes, exactement comme vous le feriez pour un obstacle classique. Ce n’est plus une technique intuitive mais cognitive, c’est-à-dire que vous avez mis en place une stratégie d’adaptation pour répondre le plus efficacement possible au problème posé par le contrebas.

Dans la pratique de son sport, le cavalier est confronté à un débat entre l’école de l’intuitif et l’école du cognitif… laquelle de ces deux écoles qui se font face doit-il privilégier ?
Enjeux de l’intuitif et du cognitif dans le sport

Voyons succinctement ce qui se passe pour deux sports dans lesquels la notion de descente peut être perçue comme un danger :

En ski, la première fois qu’un autodidacte affronte une descente, il va mettre du poids sur l’arrière de ses skis… C’est normal, c’est intuitif, un mécanisme de défense se met en place face à la verticalité de la pente, perçue alors comme un danger. Pourtant, c’est contre-productif pour la qualité du ski. Les moniteurs enseignent aux débutants à affronter cette difficulté en s’appuyant sur l’avant de leurs skis, ce qui est parfaitement contre-intuitif mais beaucoup plus pertinent, beaucoup plus efficace. Dans ce cas précis, on contrarie l’intuition pour mettre en place une stratégie plus adaptée, ainsi le cognitif l’emporte sur l’intuitif.

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Skieur de descente, l'une des disciplines du ski © Jon Wick, CC BY 2.0 via Wikimedia Commons
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Participant d'une endurance VTT © Rundvald, CC BY-SA 4.0 via Wikimedia Commons


C’est la même chose en VTT de descente… le réflexe inné nous conduit à reporter du poids sur l’arrière du vélo dans les forts dénivelés, et pourtant, si l’on cite l’entraîneur national : « la difficulté pour les entraîneurs est d’apprendre aux élèves à mettre le poids de leur corps sur la fourche avant dans les descentes ».

Évolution d’une monte en arrière vers une monte en avant dans l’équitation d’obstacle moderne

Un cavalier s’initiant à l’obstacle, ne recevant aucune consigne et n’ayant jamais observé de cavalier sauter d’obstacle à cheval développera à coup sûr pour son premier saut la technique de la monte en arrière. C’est normal, par intuition, des mécanismes de défense se mettent en place et conseillent au jeune cavalier de rester en retrait pour se protéger. C’est ce qui s’est passé jusqu’à la fin du XIXème - début du XXème siècle : on a imité et normé au fil des siècles une technique intuitive.

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Position à l'obstacle à la fin du XIXème - début du XXème siècle © Atelier Blanchaud
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Évolution de la position à l'obstacle au début du XXème siècle © Georges Lang


Avec l’arrivée du sport équestre et des jockeys américains chaussant plus court, des techniques alternatives ont commencé à voir le jour. Ainsi, même en France avant que la « monte en avant » ne fasse consensus et ne soit tout à fait adoptée, les deux écoles « monte en avant » et « monte en arrière » ont cohabité jusqu’à l’orée de la Seconde Guerre mondiale.

L’intuitif et le cognitif cohabitent en chacun de nous. Ils représentent deux dimensions importantes dans l’apprentissage des techniques sportives :

  • D’un côté les mécanismes de défense intuitifs, automatiques et inconscients : la monte en arrière.
  • D’un autre côté des processus cognitifs, volontaires et conscients : la monte en avant, née d’une réflexion pour s’adapter au mieux aux contraintes liées au franchissement d’obstacle, mais aussi avec une intention d’élever le niveau de performance.

Dans les situations de stress majeur, les mécanismes de défense ont une fonction protectrice. C’est pourquoi, si nous laissons l’intuition nous faire croire que le contrebas est un danger, des mécanismes de défense sont activés et la monte en arrière s’impose. L’intuition constitue parfois une mauvaise conseillère en proposant des solutions inadaptées et donc contre-productives.

Laissons donc l’intuition nous secourir dans les situations d’urgence, mais ne la laissons pas prendre la main dans notre équitation au quotidien !

Une monte en arrière plus largement pratiquée

Le constat

La technique la plus adoptée pour le franchissement d’un contrebas s’apparente davantage à la monte en arrière qu’à la monte en avant… le contrebas nous ferait-il remonter dans le temps ?

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Franchissement d'un contrebas en arrière © B. Lemaire / IFCE

Plus les contrebas sont importants, et plus la technique de la monte dite « en arrière » est flagrante. On assiste souvent à des passages au cours desquels le cavalier rompt sa relation d’équilibre en gardant le corps en retrait, l’obligeant ainsi à laisser filer ses rênes, pour se replacer ensuite dès la réception en réalisant une technique difficile à acquérir : la reprise de rênes.

Lors des compétitions, les combinaisons avec contrebas attirent souvent les spectateurs, car elles offrent à coup sûr la garantie d’un spectacle pittoresque, avec des franchissements parfois acrobatiques et pas toujours très fluides. Certains cavaliers très talentueux et dans la parfaite maîtrise de leur art réalisent des passages « monte en arrière » très stylisés, très esthétiques. Le seul problème, c’est qu’ils sont difficiles à imiter et leur technique impossible à enseigner. Le génie ne s’enseigne pas… la technique si !

L’explication rationnelle

Confronté à un contrebas, le cerveau du cavalier associe la marche à un saut dans le vide, un danger, et commande une réaction protectrice de défense au corps, qui se traduit par un retrait du buste vers l’arrière automatique et intuitif : le cavalier compense l’effet de chute, il agit en opposition. Il faut bien se l’avouer, la monte en arrière porte les stigmates d’une forme d’appréhension. Les cavaliers semblent davantage préoccupés par leur propre sort que par celui de leur monture.

Inconvénients de cette technique

Pour le cavalier

Depuis que la monte en avant est universellement adoptée, nous sommes habitués à l’obstacle, à suivre notre cheval, à rester en phase avec la dynamique du saut pour ne pas le gêner… on s’applique à ne commettre ni « taxi », ni « georgette ». Pourtant, on se retrouve souvent en situation de « taxi » sur nos contrebas, à contretemps ! Nous sommes aussi habitués à sauter dans un climat de confiance plus que de défense et de méfiance, on va vers et non pas contre, dans le sens du mouvement en avant et pas en opposition avec le mouvement, avec son cheval et non pas en retenue. Cette technique en arrière est difficile à bien réaliser sans gêner le cheval, difficile à justifier et donc difficile à enseigner. Elle requiert chez le cavalier une grande habileté motrice dans le contrôle de son équilibre, dans la reprise de rênes, dans sa capacité à se déconnecter dans la phase du saut pour se reconnecter à son cheval en réception.

Pour l’enseignant

Enseigner le franchissement du contrebas en s’inspirant de la monte en arrière est risqué pour l’enseignant. Tous les cavaliers ne sont pas égaux dans la capacité à gérer par intuition des situations stressantes. Certains cavaliers très intuitifs trouveront par intuition des solutions très personnelles pour s’adapter aux contraintes liées au saut d’une marche. Mais qu’en est-il des cavaliers qui ont besoin d’être rassurés grâce à des explications rationnelles et détaillées ? Cette famille de cavaliers attend de la part de l’enseignant que ce dernier lui propose un « mode d’emploi ». À défaut, seuls les plus aptes à improviser trouveront une solution qui leur convient. Il faut donc être prudent avec la pédagogie de la découverte, car bon nombre d’élèves auront le sentiment d’être livrés à eux-mêmes et pratiqueront la technique de monte en arrière à regret et sans conviction. L’enseignant doit être capable d’adapter son discours à son public et de lui offrir des solutions alternatives.

Pour le cheval

Le cheval est impacté par le déplacement du centre de gravité du cavalier vers l’arrière et doit gérer ce déséquilibre. Cela peut le déconcentrer et l’inquiéter car cela génère du stress. Son instinct de fuite est activé… il ne prend alors plus le temps de s’organiser pour franchir et se débarrasse du saut. Un « taxi » lors du franchissement peut faire craindre que le cheval rencontre la main du cavalier à la réception, ce qui peut être préjudiciable pour ses cervicales et créer de surcroît de l’appréhension. La selle est souvent un réceptacle à la réception du contrebas ; le cavalier se réceptionne en partie sur ses planchers d’étriers et en partie sur le dos de son cheval. Les jambes du cavalier n’absorbent plus l’impact, elles ne jouent plus leur rôle d’amortisseur. Ainsi, des sauts à répétition dans ces conditions peuvent devenir préjudiciables à la santé biomécanique de nos chevaux et entamer leur mental au point de finir par leur faire appréhender cet obstacle. Ils le franchiront toujours par loyauté, mais le feront-ils avec sérénité, dans le relâchement et la parfaite maîtrise du geste technique ?

Une monte en avant plus cohérente et pourtant moins usitée

Le contrebas est résolument un obstacle on ne peut plus simple. Mais puisqu’il est souvent source d’inquiétude, le dédramatiser est utile, et fonctionne très bien quand on rappelle aux élèves qu’avec le contrebas il ne s’agit :

  • Pas de sauter haut, mais bas !
  • Pas grand-chose d’aérien… plutôt terre à terre !
  • Pas une ascension mais une descente, une glissade presque, c’est tout de même le seul obstacle qui ne se saute pas mais qui se descend !
  • Pas de sanction verticale, pas de risque de panache donc !
  • Pas de frappe, pas d’explosivité, mais du relâchement chez le cheval !
  • Pas 3 phases de saut mais une seule, la dernière, la phase descendante… c’est moins complexe ! Ce n’est donc même pas un vrai saut, c’est un pseudo saut, 1/3 de saut, un saut à monophase !

Riche de ce plaidoyer satirique, acceptons de ne plus accorder à cet obstacle une technique de franchissement en arrière, que l’on sait désormais appartenir au passé. Le contrebas est un obstacle comme les autres. Ne nous laissons pas berner par notre cerveau, qui nous fait croire que le contrebas est un danger. Apprenons-donc à tenir tête à notre cerveau, à dompter notre intuition et faire confiance aux neurones, qui réussiront à élaborer une « vraie bonne stratégie » pour négocier de manière logique cet obstacle ! C’est-à-dire, suivre notre cheval tout au long du saut, maintenir nos aides au contrôle dans un souci d’équilibre : ce que l’on applique pour sauter un vertical ou un oxer.

Analyse technique de la monte en avant

Gardons en mémoire la 3ème phase d’un saut, la phase descendante et imitons-la pour franchir un contrebas. Les photos ci-dessous montrent :

  • En haut ⇒ le saut d'un obstacle situé au second plan (derrière un contrebas)
  • En bas ⇒ la descente d'un contrebas situé au premier plan

franchir un contrebas
Photos du haut : saut d'un obstacle | Photos du bas : descente d'un contrebas © IFCE

Ce qui compte c’est de rester d’aplomb, le poids du corps sur les planchers d’étriers et de garder l’inclinaison du buste légèrement vers l’avant, comme dans les phases de galop en équilibre « 2 points ». L’exercice consiste à :

  • Galoper dans un équilibre « 2 points » parfait, bien gainé.
  • Ralentir dans la zone d’abord, en recherchant des foulées légèrement décroissantes.
  • Se rapprocher de sa selle en équilibre « 2,5 points ».
  • Préserver son gainage et son attitude jusqu’à l’instant de la descente.
  • Regarder loin.
  • Garder les bras souples, pour permettre à la main de suivre la bouche et libérer l’encolure.
  • Se réceptionner sur ses pieds au contact des planchers d’étriers, les jambes assurant leur rôle amortisseur, sans jamais se rasseoir dans la selle, synchroniser sa réception avec celle de son cheval de sorte que les « impacts » sabots/sable et pieds/planchers d’étriers soient simultanés.
Pour initier un cavalier novice ou un jeune cheval au franchissement d’un contrebas « monte en avant », vous pouvez vous référer à la fiche spécifique Franchir un contrebas « en avant » consultable ici.
Avantages

Cette technique s’enseigne (le cognitif se transmet, pas l’intuitif).

Elle permet de gagner en synchronisation : nous ne sommes plus en situation de sauter à contretemps, mais en communion avec notre cheval. On retrouve dès lors du liant et de la fluidité. On n’a plus à se désolidariser du point d’équilibre, à déplacer notre centre de gravité vers l’arrière. Le déséquilibre vers l’arrière n’est pas moins grave… il est tout aussi pénalisant pour le cheval que le déséquilibre vers l’avant.

Elle évite tout maniement de rênes exagéré : finie la technique de « reprise de rênes » si difficile. L’encolure retrouve sa liberté, permettant alors à toute la ligne du dessus de fonctionner.

On ne pèse plus sur le rein, ce qui allège l’arrière-main et permet aux postérieurs de mieux fonctionner. Le poids du corps à la réception est amorti par le ressort des jambes. Le cavalier se met alors dans la position de celui qui absorbe les chocs et non de celui qui les amplifie.

La connexion des aides jambes-mains est préservée pendant la descente, le contrôle de la direction est ainsi plus précis en réception pour gérer l’après.

Même si cela peut sembler paradoxal, on est plus réactif en cas d’incident en réception. En effet, nos jambes sont la partie de notre corps la plus apte à gérer un déséquilibre brutal en cas d’imprévu. Notre bassin n’a pas été conçu pour ça… nos jambes, si ! On est plus stable et plus solide le poids sur les pieds que sur les fesses.

L’impression de facilité qui se dégage de la monte en avant sera une source d’inspiration pour les plus novices.

La monte en avant est parfaitement adaptée au contrebas, elle présentera toujours l’avantage d’être transmissible et applicable par le plus grand nombre et elle simplifie la vie au cheval et au cavalier. Elle offre en outre la possibilité de répéter l’exercice du contrebas à l’entraînement en toute sécurité, en toute sérénité et sans risques pour l’appareil locomoteur du cheval.

N’y a-t-il pas beaucoup plus d’arguments qui plaident en faveur de la monte en avant que de la monte en arrière pour négocier une marche ?

Inconvénients

Il est difficile de se positionner à contre-courant d’une norme ou d’une mode. La grande majorité des cavaliers de cross, parmi les plus grands d’ailleurs, ont opté pour cette technique intuitive qui s’apparente plus ou moins à celle de la monte en arrière.

Dans l’imaginaire du cavalier, garder le buste légèrement incliné vers l’avant est vecteur de déséquilibre. Il faudra rappeler que dans le fondamental « s’équilibrer », le cavalier trouve son équilibre sur ses pieds, au contact des planchers d’étriers, avec un centre de gravité axé au-dessus de celui du cheval, et que c’est le gainage qui garantit la solidité de cet équilibre ! L’enseignant peut alors donner l’image du jockey qui est un virtuose de l’équilibre, un monstre de gainage avec les épaules avancées et de l’air sous ses fesses, dans le souci permanent de gêner le moins possible son cheval. N’oublions jamais que c’est par le juste emploi de nos aides que l’on rééquilibre et encadre nos chevaux, et certainement pas en se déséquilibrant vers l’arrière. Jamais, au grand jamais, nous ne devrions agir dans le déséquilibre !

Il est difficile de contrarier une démarche intuitive et de reconditionner un geste technique. La démarche de reprogrammation peut prendre du temps et relève souvent d’un challenge pédagogique pour l’enseignant. Il lui est difficile de contrarier une réaction naturelle chez l’élève et de le placer dans une situation qui peut lui donner le sentiment de se mettre en danger. Il s’agit de lui faire accepter d’aller là où son intuition lui dit de ne pas aller. À l’instar du jeune skieur qui doit aller dans le sens de la pente et appuyer sur l’avant de ses skis, ou du jeune VTTiste qui doit mettre son poids sur l’avant de sa fourche dans une pente à plus de 20%, l’enseignant sur le cross doit lui aussi convaincre ses élèves d’aller dans le sens du mouvement pour descendre un contrebas et pas à l’encontre. Il n’est pas aisé de réhabiliter la phase descendante d’un saut ; la synchronisation est cassée par l’absence des deux premières phases. Il faut de la pratique pour reconditionner un geste et retrouver de la coordination.

L’entreprise pédagogique consistant à faire changer des habitudes qui ne conduisent pas à un échec significatif est difficile à justifier. En effet, le franchissement du contrebas tel qu’il est pratiqué, avec un équilibre en arrière, ne se solde que très rarement par un échec (20 points de pénalités sur le cross ou chute éliminatoire). Le seul réel désagrément est de ne pas nous offrir la même sensation de liant et d’harmonie qu’en CSO. Alors pourquoi changer une habitude même imparfaite, qui fonctionne ?... L’essentiel n’est-il pas de passer de l’autre côté ?... Justement non, l’équitation et nos chevaux valent mieux que ça !

4 défauts peuvent survenir une fois la confiance acquise et la technique en place
  • Cette technique peut inciter le cavalier à précéder son cheval dans l’action, à commettre de légères « georgettes ». Il faudra repérer les prémices de ce défaut et le corriger très vite.
  • Une tendance au relâchement peut nous inviter à nous ramollir en phase descendante au point de nous faire perdre notre gainage et donc notre réactivité. N’oublions-pas, notre cheval est relâché, mais nous, cavaliers, devons rester gainés.
  • Il peut parfois arriver que le regard se place là où le cheval se réceptionne, nous faisant alors plonger vers l’avant et basculer sur nos appuis ; seul le cheval aura besoin de regarder la zone de réception, pas le cavalier.
  • Par excès de confiance, le cavalier peut aborder le contrebas avec trop de vitesse. Il est primordial de bien conditionner son cheval à descendre en réduisant la vitesse à l’abord, pour l’inciter à descendre et l’empêcher de se précipiter.
« Dans cet exposé, je ne prétends pas qu’il faut sauter les contrebas avec la monte en avant, j’essaie juste de démontrer que c’est possible, cohérent et que ça vaut le coup d’essayer. Il est d’ailleurs fort probable que dans les situations de concours, sur un contrebas, avec la pression inhérente aux enjeux de la compétition, le naturel revienne au galop et la monte en arrière s’impose à nouveau. Il est en effet prévisible que l’intuition reprenne le dessus dans un climat émotionnel intense. Aussi, je suis intimement convaincu que la monte en avant sur une marche est intéressante à explorer et à développer dans le cadre de l’entraînement, de la formation des chevaux et auprès de nos élèves. » Erwan Le Roux

Ce qu’il faut retenir

En résumé, si nous raisonnons en pensant au confort du cheval, au concept « s’équilibrer », aux notions d'emploi des aides et de conduite, nous adopterons très vraisemblablement la monte en avant. En revanche, si nous ne raisonnons pas et que nous suivons notre instinct, nous adopterons très certainement la monte en arrière. Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise manière de faire ; il y en a deux, l’une inspirée par l’intuition, l’autre conditionnée par le biais cognitif. Tout le monde est plus ou moins capable de s’adapter à une technique ou l’autre ; par expérience, dans les deux cas, des habiletés motrices se mettront en place et s’affineront avec le temps et la pratique. L’unique question à se poser est de savoir si notre manière de faire nous satisfait ou non.

Finalement, le contrebas n’aura été qu’un prétexte pour aborder toutes ces notions, il nous aura interrogé pour nous faire comprendre qu’en équitation, il y a une concurrence entre le cognitif et l’intuitif. Doit-on privilégier le cognitif et contrôler l’intuitif ? L’intuition sait nous protéger et nous secourir, mais elle peut aussi avoir le fâcheux défaut de nous parasiter dans notre pratique équestre. C’est exactement ce qu’il se passe dans beaucoup d’autres situations où, par intuition, nous enfreignons la règle du fondamental « s’équilibrer » :

  • Quand, à l’obstacle, on bascule le haut du corps vers l’arrière dans une zone d’abord en foulées décroissantes.
  • Quand, sur le cross, on plonge le buste vers l’avant pour amplifier la foulée dans une zone d’abord en foulées fortement croissantes.
  • Ou quand, en dressage, lors d’un développement au trot, on tend son corps vers l’arrière pour amplifier le mouvement du cheval…

On sait pourtant que le déséquilibre du cavalier impacte négativement la qualité de l’emploi de ses aides et, pire encore, l’équilibre de sa monture.

Rien ne justifie qu’un cavalier se déséquilibre pour agir, bien au contraire : le cavalier juste est celui qui contrôle son propre équilibre en toutes circonstances et contrôle son cheval par un juste emploi des aides.
En savoir plus sur nos auteurs
  • Erwan LE ROUX Écuyer du Cadre noir - section CCE
  • Claire TOURNEUR Chargée de développement au pôle « Développement, Innovation et Recherche » IFCE
Pour retrouver ce document: www.equipedia.ifce.fr
Date d'édition : 20 05 2024

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