Choisir un cheval pour le CSO

Les parcours de saut d’obstacles ont beaucoup évolué ces dernières années : les obstacles auparavant plutôt massifs ont été remplacés par des plus légers, les temps impartis se sont réduits… Les chevaux qui performent dans cette discipline ont donc, eux aussi évolué : ils doivent faire preuve de force, franchise, respect et agilité.
Alors comment bien choisir son futur compagnon de CSO ? L’Écuyer du Cadre noir Nicolas Maynard vous propose dans cette fiche quelques étapes incontournables, ainsi que les questions que tout acheteur doit se poser pour faire le bon choix.

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Par Nicolas MAYNARD - Claire TOURNEUR - | 10.04.2024 |
Niveau de technicité :
CSO : remise des prix
Sommaire

Avant l'achat : point sur les objectifs et les implications

Cette fiche se concentre sur l’achat d’un cheval destiné à la discipline du saut d’obstacles, mais vous pouvez retrouver dans la fiche « Acheter son cheval, cela se prépare ! » l’ensemble des conseils génériques liés à l’achat d’un cheval (où chercher / trouver ? Quels budgets lors de l’achat ? Quelles démarches légales ?).

Attentes et objectifs

Le choix de son futur cheval dépend entièrement des attentes et objectifs du cavalier. La personne qui achète doit savoir pour quoi : envisage-t-il plutôt une activité de loisirs ? De compétition ? À quel niveau ? Dans une ou plusieurs discipline(s) ?

L’acheteur doit être conscient de son niveau d'équitation actuel, et savoir quel niveau il souhaite atteindre. En effet c’est un achat à long terme pour lequel il faut se projeter, parfois sur plus de 10 ans. Il s’agira de déceler le potentiel du cheval pour qu’il permette la progression souhaitée.
Parfois, un jeune cheval est acheté pour une discipline et il évolue vers une autre… le cavalier sera-t-il prêt à s’adapter et/ou à changer de discipline ?


Engagement personnel et financier

L’acheteur doit avoir conscience qu’avoir un cheval est chronophage.
Il aura une responsabilité envers son cheval, sur le plan de son bien-être. Il devra lui procurer les conditions de vie, et une alimentation adaptés.
L’aspect affectif n’est pas à négliger : des liens vont se créer, il sera difficile de se séparer du cheval. D’où l’importance de bien réfléchir à ses objectifs ! Si le cheval ne peut pas y parvenir, le cavalier devra soit s’en séparer, soit revoir ses objectifs à la baisse ; dans les deux cas cela sera déceptif, difficile.

L’achat d’un cheval représente aussi un engagement financier, pour l’achat dans un premier temps et surtout ensuite l’entretien.
Les frais d’hébergement et d’alimentation seront constitués soit par une pension, soit si le cheval est à domicile, des coûts liés à l’investissement dans les installations et l’achat d’aliments.
Il faut également budgétiser les soins courants, à minima vétérinaires et maréchalerie. D’autres soins peuvent venir en complément, selon l’activité du cheval. Une « provision » doit pouvoir permettre de faire face à des frais exceptionnels (accident, blessure, maladie…) le cas échéant.
Un autre poste de charges important est constitué par le matériel : pour travailler (en général, il s’agit de matériel acheté), mais aussi pour transporter (investissement ou location, à raisonner selon la fréquence des besoins).
D’autres charges peuvent s’ajouter selon les choix du propriétaire (assurances…). Dans tous les cas, il faut commencer par réaliser des devis.

Une fois le cheval acheté, il faudra l’assumer ! Même si le cheval doit être mis à la retraite (du fait de son âge ou d’un problème de santé) et ne peut plus être monté, il y aura toujours des frais d'entretien.

La recherche d’un cheval adapté pour le CSO

Évolution des qualités requises dans cette discipline

Le profil des obstacles s'est allégé sur les terrains de concours (barres de couleur claire, plus courtes et d’un diamètre réduit, taquets plats...), remplaçant les obstacles lourds et massifs. Les temps de parcours se sont serrés… En grand prix, un point de pénalité de temps dépassé est vite arrivé !

Vertical de couleur claire et assez creux
Vertical de couleur claire et assez creux © M. Dhollande / IFCE

Aussi, la force et la franchise ne suffisent plus pour performer, d’autres qualités sont nécessaires. La franchise peut se définir comme l’état d’esprit d’un cheval volontaire, qui « prend sa part de responsabilités » dans l’envie de sauter et de performer.
Des obstacles plus épurés peuvent provoquer une faute à la moindre touche. Le cheval doit faire preuve de respect, c’est-à-dire être réactif, prendre en compte son environnement, avoir envie de respecter l’obstacle. En un mot, être sensible car un cheval qui n’a peur de rien sera moins alerte ; or, entre sensible et délicat, il n’y a qu’un pas !
Autre qualité requise par les profils actuels des obstacles : l’agilité. Il s’agit de la manière d’utiliser son corps pour sauter, avec souplesse, décontraction.


Caractéristiques du cheval

Âge

L’adage « à jeune cavalier, vieux cheval » semble désuet pourtant il se vérifie toujours ! On ne parle ici pas d’âge réel, mais de niveau équestre et d’expérience pour le couple cavalier / cheval.

Un jeune cheval (de 3 à 7 ans) présente l’avantage d’avoir de nombreuses années de carrière devant lui… Mais il devra être construit, amené à son meilleur niveau : cela demande de l’expérience, un niveau technique suffisant, et d’avoir suffisamment de recul pour gérer la progression du jeune cheval. Que peut-on lui demander ? suffisamment pour qu’il progresse mais pas trop pour éviter les problèmes physiques et psychologiques.
Il n’est pas impossible de choisir un jeune cheval pour un « jeune » cavalier, mais l’accompagnement et l’encadrement du couple (qui doit être régulier pour lui permettre de progresser, quel que soit le cheval) devra être d’autant renforcé, pour que tout se passe bien.
Choisir un cheval plus expérimenté sera adapté à un cavalier qui souhaite progresser : ce sera un excellent « maître d’école ». Cependant, sa carrière sera déjà en partie derrière lui, et le moment de le retraiter arrivera plus vite.


Sexe

Les juments peuvent être plus variantes dans leur caractère. Elles présentent l’avantage de pouvoir être mises à l’élevage dans certains cas, si un problème de santé met un terme à leur carrière sportive (attention toutefois, toutes les juments ne peuvent pas être mise à la reproduction, selon la nature de leur problème de santé !)

Les hongres peuvent avoir un tempérament plus constant.

Les entiers entrainent des contraintes de gestion non négligeables. Ils ont généralement plus de force, plus d’influx, un caractère plus dominant. S’ils sont étalons, il faut gérer leur carrière de reproducteur en parallèle de leur carrière sportive.


Taille

La taille adaptée dépend bien sûr du cavalier. Il faut que ce dernier se sente bien avec et sur le cheval. Il faut également que les deux soient « assortis » (par exemple, un très grand cavalier ne sera pas à l’aise sur un cheval de moins d’1,60m, il pourra même le gêner).

L’impression de force qui se dégage d’un cheval grand et corpulent peut être déstabilisant pour un jeune cavalier.

Origines, race

Pour pratiquer le CSO, il faut choisir un cheval appartenant à une race, à un livre généalogique ou a minima d’origine constatée (les compétitions ne sont en effet pas ouvertes aux chevaux d’origine non constatée, dès le niveau « amateur »).

Certaines souches ou origines sont réputées pour être plus performantes, ou délicates ; il faut mettre en perspective son niveau et ses objectifs, et choisir en fonction.


Qualités physiques requises

En terme de modèle et d’aplombs, pour la discipline du saut d’obstacle, quelques critères physiques sont recherchés :

  • Arrière-main forte et dessinée (jarrets, cuisses, largeur et orientation de la croupe)
  • Ligne du dessus forte, souple et bien reliée à l'aarière-main (attache du rein)
  • Profil avant : épaule longue et oblique, bonne sortie d'encolure avec de la longueur

Pour le CSO, a fortiori lorsqu’on vise un niveau technique élevé, il faudra éviter les dos faibles et/ou ensellés, ainsi que les défauts majeurs d’aplombs qui peuvent conduire à des soucis locomoteurs, à l’appréciation du vétérinaire.

En ce qui concerne la locomotion, on recherchera un cheval dans l'impulsion, qui se porte naturellement en avant, avec une démarche dynamique. La souplesse et le rebond du trot et du galop sont des qualités primordiales ; on privilégiera la qualité de l’allure du galop. En effet, un cheval aura tendance à sauter comme il galope : s’il est droit, équilibré et qu’il pousse de façon symétrique sur ses postérieurs au galop, il y a de fortes chances que l’on retrouve ces qualités sur les sauts !

Quelques observables pour juger de la qualité du galop :
Le cheval est-il beaucoup plus à l’aise sur un pied que sur l’autre ?
La queue est-elle bien flottante (ni remontée, ni plaquée entre les postérieurs, ni plaquée déviée) ?
L’encolure est-elle souple et relâchée (le galop est, rappelons-le, une allure basculée) ?

On veillera à l’absence de raideur et de contraction.


Tempérament

Comme précisé dans la fiche « Le tempérament du cheval », il n’y a pas de bon ou mauvais caractère… On va surtout rechercher un caractère adapté aux attentes et au niveau de son cavalier ! Cependant, un tempérament volontaire, coopérant et confiant sont autant d’atouts recherchés.
Comme évoqué plus haut, l’évolution de la discipline du saut d’obstacle vers du matériel allégé et un chronomètre plus déterminant conduira à rechercher des chevaux respectueux, sensibles mais aussi rapides au sol, avec assez de sang, énergiques, endurants…

Repérer tous ces points chez un cheval nécessite de l’expérience ; un jeune cavalier, ou un primo-acheteur devrait toujours se faire accompagner.

Il est d’ailleurs préconisé de se faire accompagner quel que soit son niveau, car plusieurs paires d’yeux seront plus efficaces qu’une seule !

La rencontre avec le cheval et les essais

Prise de contact

Il est intéressant de prendre un premier contact avec le cheval afin de repérer son comportement :

  • Observation de son attitude au box (écarter un cheval qui présente des tics)
  • Observation en milieu libre, ouvert : pré, paddock

Quelle relation à l’homme montre-t-il ? S’approche-t-il spontanément ou au contraire, cherche-t-il à éviter le contact avec l’humain ?


Saut en liberté

Il est intéressant de commencer par regarder évoluer le cheval en liberté, sans la selle, en toute autonomie. Comment bouge-t-il ? Quelles sont les qualités et défauts de sa locomotion ? Quel tempérament montre-t-il, est-il sûr de lui ?

Après l’avoir regardé évoluer sur le plat, et noté ses points forts en terme de locomotion, le regarder sur les barres sera intéressant, surtout pour un jeune cheval : la franchise à l'obstacle se remarque mieux en liberté, sans les aides d’un cavalier qui pourraient compenser un manque d’envie ou de technique. Comment appréhende-t-il la barre ? Quelle attention port-t-il sur l’obstacle ? Observer et ressentir…

Saut en liberté
Saut en liberté © Mélanie Guillamot

Apprécier sa technique de saut :

  • Flexion du rein
  • Jarrets dessous
  • Amorce du saut par le garrot
  • Gestuelle des antérieurs : groupés, montée et flexion des genoux
  • Mouvement de bascule du dos, souple et agile
  • Passage de l’arrière main
  • Ouverture du rein dans la phase descendante

… dans la souplesse et le relâchement.


Une technique, un mouvement, un fonctionnement excessifs doivent alerter (trop haut, trop fort, peur de l’obstacle…). Il faut alors questionner sur ces mouvements « suspects ». Une peur de la barre peut s’améliorer avec le temps, mais avec le risque qu’elle n’ait pas disparu totalement et qu’elle resurgisse.

Lorsque l’on fait sauter un cheval en liberté, bien utiliser le pré-réglage 2 à 3 foulées avant l’obstacle (2 foulées minimum), en particulier s’il s’agit d’un jeune cheval (3 ou 4 ans) inexpérimenté dans cet exercice.
Penser à sauter aux deux mains ! Les chevaux étant généralement conditionnés à main gauche, commencer par cette main.
Essai monté

Pour l’essai monté il est indispensable d’être accompagné par un tiers qui va observer et/ou filmer l’essai.
L’essai doit permettre de bien cerner le cheval, son fonctionnement, ses qualités et ses défauts. Aussi, on prêtera attention au matériel utilisé par le vendeur pour l’essai. Des équipements peuvent en effet masquer ou modifier certains fonctionnements, comme par exemple des protège-boulets double coques, un mors un peu fort… Toute embouchure spécifique est un outil que l’on peut choisir d’utiliser dans le travail d’un cheval, mais pour un essai, le plus simple sera le mieux pour bien cerner le cheval.

Comment se sent le cavalier, est-il à l’aise en selle (physiquement, et dans la connexion avec le cheval) ? Il est important de faire appel à ses sensations, avant sa technique.
Puisqu’il s’agit d’un achat pour pratiquer le saut d’obstacle, il est bien sûr important de sauter lors de l’essai. Selon l’âge et le niveau d’expérience du cheval, on réalisera des exercices du niveau souhaité ou permettant de juger le potentiel pour le niveau souhaité. Par exemple dans le cas d’un cheval déjà construit, on sautera des barres au minimum à la hauteur convenue dans les objectifs.

Il est important de prendre son temps, et (à moins d’avoir écarté le cheval pour une raison ou une autre) il est pertinent de faire un deuxième essai.


Visite vétérinaire

Radio d'un pied
Radio d'un pied © A. Laurioux / IFCE

Dans le cadre d’un achat pour une utilisation sportive en saut d’obstacles, une visite vétérinaire est incontournable, comprenant a minima une visite clinique. Chaque acheteur, en concertation avec son vétérinaire, va ensuite définir un niveau d’examens complémentaires, corrélé avec le niveau visé, le prix du cheval, son besoin de réassurance… Des examens radiologiques sont ainsi fréquemment réalisés dans le cadre d'une visite vétérinaire d'achat pour un cheval destiné au sport (nombre de clichés plus ou moins important : dépistage du syndrome naviculaire, jarrets, boulets postérieurs, dos, cervicales…).
L’utilisation prévue pour le saut d’obstacles et les objectifs visés en terme de niveau et d’épreuves, doivent bien entendu être annoncés au vétérinaire en amont de la visite, et stipulés sur le compte-rendu.

Le choix est fait : l’achat

Les essais puis la visite vétérinaire ont été concluants ? Le projet d’achat se concrétise !

Si le cheval est déjà sorti en compétition, l'acheteur peut consulter ses performances antérieures sur FFECompet. De la qualité intrinsèque du cheval découlera un prix cohérent.

Fréquemment, des commissions doivent être versées au profit des intermédiaires entre acheteur et vendeur : il faut bien se renseigner sur le montant de ces commissions.

Quelques repères sur les prix des chevaux en France sont disponibles dans la fiche « Prix des chevaux en France ».

Pour sécuriser l’acquisition sur un plan juridique, la signature d’un contrat de vente est recommandé.

Le cheval doit toujours être accompagné de son document d’identification (plus communément appelé « livret »), qui doit donc être remis au moment de la vente. Le vendeur remet à l'acheteur le certificat de vente permettant de mettre à jour la carte d’immatriculation dématérialisée. La mise à jour de la propriété devra être effectuée auprès du SIRE dans le mois qui suit.

En savoir plus sur nos auteurs
  • Nicolas MAYNARD Écuyer du Cadre noir, section CSO
  • Claire TOURNEUR Chargée de développement au pôle « Développement, Innovation et Recherche » IFCE
Pour retrouver ce document: www.equipedia.ifce.fr
Date d'édition : 20 05 2024

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