La douleur chez les équidés

Le cheval est une espèce proie qui a tendance à masquer sa douleur dans son environnement naturel, face à un prédateur potentiel. En raison de la difficulté à communiquer avec l’animal et d’une approche forcément subjective, il est difficile de la prendre en charge efficacement. L’utilisation de grilles d’évaluation de la douleur permet une approche plus objective. Cette fiche s’appuie sur l’intervention du docteur Gwenola Touzot-Jourde lors de la 42ème Journée de la Recherche équine, 2016.

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Par Christine BRIANT - Laetitia LE MASNE - | 01.12.2016 |
Niveau de technicité :
Système nerveux
Sommaire

Qu'est-ce que la douleur ?

D'après sa définition de 1979, la douleur est une expérience sensorielle et/ou émotionnelle désagréable, causée par une atteinte tissulaire réelle ou potentielle, qui provoque des réactions motrices et végétatives protectrices conduisant à la modification du comportement spécifique de l’individu.

L’impossibilité de communiquer n’exclut en rien la possibilité que l’individu ressente une douleur et nécessite un traitement antalgique adéquat. C’est alors sur ces modifications de comportement que nous devons nous appuyer pour décrypter et prendre en charge la douleur de l’animal.

Pourquoi prendre en charge la douleur ?

La douleur est un processus induisant une réponse physiologique analgésique (destinée à réduire la douleur), des modifications comportementales pour s’en soustraire ou pour protéger la zone atteinte.

Si la douleur n'est pas traitée, ce stress prolongé peut générer une atteinte plus ou moins profonde de la qualité de vie et du bien-être, avec de sérieuses conséquences selon son intensité :

  • Des comportements d’automutilation, d’agression ;
  • Un état de dépression qui se traduit par une diminution de l’appétit, de l’activité ;
  • Une baisse de l’immunité ;
  • Un état catabolique (ensemble des réactions de dégradation moléculaire de l’organisme) conduisant potentiellement à la mort par épuisement métabolique.

Comment évaluer la douleur et son évolution ?

L’utilisation d’une grille d’évaluation permet d’objectiver les modifications de comportement, d’attitude… © O. Macé
Le cheval est une espèce proie qui a tendance à cacher sa douleur dans son environnement naturel, face à un potentiel prédateur. L’expression de la douleur sera différente, selon sa personnalité, son tempérament, son seuil de tolérance individuel.

Etre capable d’identifier la douleur est dans un premier temps indispensable, quantifier son intensité permet d’adapter le traitement analgésique et de mesurer la réponse à la thérapie mise en œuvre (comment bien voir s’il a moins mal ?).


Pour cela, il est nécessaire :

  • De s’appuyer sur des critères objectifs, sans excès d’anthropomorphisme ;
  • De se projeter tout de même avec une certaine empathie, en ayant une bonne connaissance du comportement « normal ».

Dans ce cadre, l’utilisation de grilles d’évaluation de la douleur peut s’avérer intéressante. Multicritères, multidimensionnelles, elles permettent de combiner et de pondérer les différents paramètres mesurés vers un score de douleur final. Certaines grilles sont réservées au praticien.

Les éléments pris en compte dans ces grilles sont :

  • Modifications du comportement alimentaire ;
  • Observation à distance, interaction avec l’observateur ;
  • Signes spécifiques : suppression d’appui, cheval qui se roule, qui grince des dents… ;
  • Expressions faciales de la douleur : oreilles, salières, œil, muscles des mâchoires, naseaux, commissure des lèvres et menton ;
  • Modification des paramètres physiologiques.

L’utilisation d’une grille a aussi un rôle éducatif pour l’ensemble des personnes travaillant autour du cheval, mais également au sein des écoles vétérinaires : elle permet aussi d’éveiller, d’éduquer à la prise en charge de la douleur.

En savoir plus sur nos auteurs
  • Christine BRIANT Docteure vétérinaire - ingénieure de projets & développement « Bien-être des équidés » IFCE
  • Laetitia LE MASNE Ingénieure de développement IFCE

Bibliographie

  • DALLA COSTA E., MINERO M., LEBELT D., STUCKE D., CANALI E. et LEACH M.C., 2014. Development of the Horse Grimace Scale (HGS) as a pain assessment tool undergoing outine castration. PlosOne, Vol. 9, Issue 3, e92281.
  • DELATTRE S. et TOUZOT-JOURDE G., 2016. Méthodes d’évaluation de la douleur chez les équidés. Article équ’idée, janvier 2016, n°2, 8 pages.
  • TOUZOT-JOURDE G., 2016. La douleur chez les équidés : identification et quantification, place dans l'évaluation du bien-être. 42ème Journée de la Recherche Equine, pages 79-86.
  • VAN LOON J.P.A.M. et VAN DIERENDONCK M.C., 2015. Monitoring acute equine visceral pain with the Equine Utrecht University Scale for Composite Pain Assessment (EQUUS-COMPASS) and the Equine Utrecht University Scale for Facial Assessment of Pain (EQUUS-FAP) : A scale-construction study. Vet. J., 206(3), pages 356-364, DOI : 10.1016/j.tvjl.2015.08.023, Epub 2015 Aug 2.
  • VAN DIERENDONCK M. et VAN LOON J.P.A.M., 2016. Monitoring equine (acute) pain : validation of two composite pain scales for general pain expression and facial expression of pain. ISES, Saumur, Oral 23.
Pour retrouver ce document: www.equipedia.ifce.fr
Date d'édition : 14 05 2024

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