

L'anémie infectieuse des équidés
De répartition géographique mondiale, l'anémie infectieuse des équidés (AIE) est une maladie grave pour laquelle il n'existe aucun traitement. Il s'agit d'une maladie sporadique en France, avec moins d’un foyer par an en moyenne. L’AIE est une maladie réglementée par l’Etat et classée parmi les dangers sanitaires de catégorie 1. La réglementation impose l'euthanasie ou l’abattage du cheval infecté.

- Quel est l’agent pathogène responsable de l’anémie infectieuse ?
- Comment la maladie se transmet-elle aux équidés ?
- Quels sont les signes cliniques de l'anémie infectieuse des équidés ?
- Comment diagnostiquer la maladie ?
- Quel traitement ?
- Comment prévenir la maladie ?
- Statut réglementaire et surveillance de l’anémie infectieuse en France
- L’anémie infectieuse en France
- Ce qu’il faut retenir
Quel est l’agent pathogène responsable de l’anémie infectieuse ?
L’anémie infectieuse des équidés (AIE) est une maladie d’origine virale. Le virus responsable appartient à la famille des Retroviridae (même famille que le virus du SIDA).
Comment la maladie se transmet-elle aux équidés ?
Toutes les espèces d’équidés y sont sensibles (cheval, âne, mule…). Le virus se transmet uniquement entre équidés et n’est pas transmissible à l’Homme.
L'anémie infectieuse n'est pas une maladie contagieuse au sens strict : elle se transmet entre équidés par du sang contaminé uniquement, via l'intermédiaire de piqûres d'insectes (en particulier les taons) ou l’intermédiaire de matériel contaminé (utilisation d'une même aiguille contaminée pour prélever plusieurs chevaux par exemple).
Un cheval contaminé reste porteur du virus dans le sang tout au long de sa vie, et peut ainsi contribuer à la contamination de ses congénères. A noter cependant que la circulation du virus dans le sang est intermittente. La transmission naturelle entre équidés est assez faible.
Quels sont les signes cliniques de l'anémie infectieuse des équidés ?
La période d’incubation[1] est de quelques jours à plusieurs semaines (en moyenne 10-15 jours).
Il existe différentes formes cliniques de la maladie :
Forme suraiguë
Cette forme est rare et atteint surtout de jeunes équidés. Elle se traduit par une fièvre importante (T > 40°C), un abattement intense et la mort survient en 1 à 3 jours.
Forme aiguë
Au début, les symptômes sont de la fièvre, une anorexie, des signes locaux oculaires (larmoiement, muqueuse conjonctivale jaunâtre sur fond rouge). Puis, une aggravation apparaît avec des œdèmes en régions déclives (membres par exemple). La mort survient en une dizaine de jours dans 80% des cas. Pour les autres, la maladie passe à une forme chronique ou latente.
Forme subaiguë
Les symptômes sont atténués et étalés dans le temps, avec des « crises » (réapparition de symptômes) espacées de phases de rémission. Les principaux signes cliniques sont de la fièvre et des œdèmes des parties déclives ainsi qu’une anémie marquée.
Les crises peuvent être déclenchées par un stress (fatigue suite à un travail intense, course, etc., chaleur, gestation ou administration de certains traitements).
L’évolution peut être longue et peut aboutir à la mort lors d’un accès aigu, ou bien passer à la forme chronique.
Forme chronique
Cette forme peut succéder à la forme aiguë ou subaiguë, ou survenir d’emblée.
Elle est d’évolution longue, voire très longue (plusieurs années) avec des symptômes non spécifiques : amaigrissement, baisse de forme, de performances, légère augmentation de température, augmentation importante de la fréquence cardiaque à l’effort, muqueuses légèrement jaunâtres (« œil gras »), anémie plus ou moins accusée.
Des épisodes aigus peuvent survenir. La mort intervient au bout de plusieurs mois ou années.
Forme latente
Après une ou plusieurs crises, l’animal semble guéri mais il continue à héberger le virus et peut le transmettre.
Forme asymptomatique
Il existe aussi des animaux porteurs du virus, apparemment en bonne santé, sans aucune manifestation de symptômes : on parle de porteurs sains.
Cette forme asymptomatique est la plus fréquente en France chez les chevaux. Les ânes sont majoritairement porteurs sains.
____________________
[1] Période d’incubation : délai entre la contamination et l'apparition des premiers symptômes d'une maladie
Comment diagnostiquer la maladie ?
Quel traitement ?
Il n’existe aucun traitement.
Comment prévenir la maladie ?
Aucun vaccin n'existant contre cette maladie, le moyen le plus efficace pour prévenir la diffusion de cette maladie est de faire tester régulièrement les équidés afin de détecter les animaux atteints par la maladie. Les chevaux positifs doivent être isolés des autres équidés immédiatement.
Les mesures de lutte contre les insectes restent limitées mais peuvent constituer un moyen de prévention complémentaire : masque, piège à taons. Des traitements insecticides peuvent aussi être utilisés, avec une efficacité et surtout une rémanence réduites. En cas d’utilisation, il est impératif de respecter les conditions d’utilisation notées sur la notice du produit.
Une autre mesure de prévention majeure porte aussi sur les contaminations par le matériel : toute injection doit être réalisée avec du matériel à usage unique (aiguille et seringue neuve pour chaque animal) et pour les transfusions sanguines, les donneurs doivent obligatoirement être testés.
Statut réglementaire et surveillance de l’anémie infectieuse en France
L’anémie infectieuse des équidés est une maladie réglementée par l’Etat et classée comme danger sanitaire de catégorie 1[2] (article L.201-1 du Code rural , Arrêté ministériel du 29/7/2013). Un dépistage de l’AIE est obligatoire dans les cas suivants :
- Pour les étalons utilisés en insémination artificielle et pour les reproducteurs de certaines races utilisés en monte naturelle ;
- Pour l’export dans les pays-tiers et échanges intra-communautaires de semence ;
- Pour l’import des équidés en provenance des pays-tiers ;
- Pour l’export des équidés dans les pays-tiers.
Le dépistage doit aussi être demandé lors des ventes et de la visite d’achat, d’autant plus que l’AIE est un vice rédhibitoire, avec un délai de rédhibition de 30 jours.
En cas de dépistage positif pour un équidé, une déclaration est réalisée par le laboratoire d'analyse agréé ou le vétérinaire sanitaire auprès de la DD(cs)PP[3] de son lieu de détention. Des mesures de police sanitaire sont alors mises en place sur la structure concernée (recensement et dépistage des équidés présents, limitation des mouvements, etc.), ainsi qu'une enquête épidémiologique dans une zone géographique définie autour du foyer afin de rechercher si les équidés ayant été en contact avec le positif hors de sa structure ont aussi pu être atteints.
Lors de confirmation de cas positifs en France, l’Etat doit en informer l’Office International des épizooties (OIE) afin de favoriser la transparence dans les échanges internationaux d’équidés et de leurs semences.
Les mesures de police sanitaire sont fixées par l’Arrêté Ministériel du 23 septembre 1992.
____________________
[2] Dangers sanitaires de catégorie 1 : selon le Code rural, « dangers sanitaires susceptibles de porter une atteinte à la santé publique, ou à mettre gravement en cause les capacités de production nationales ou la salubrité de l’environnement. Ces dangers requièrent des mesures de prévention, de surveillance ou de lutte définies et imposées, dans un but d’intérêt général, par l’État »
[3] DD(cs)PP : Direction Départementale en charge (de la Cohésion Sociale et) de la Protection des Populations
L’anémie infectieuse en France
L’anémie infectieuse des équidés (AIE) a une répartition géographique mondiale. En Europe, elle est très présente dans plusieurs pays, notamment en Roumanie et en Italie. Des foyers équins d’anémie infectieuse sont régulièrement déclarés, notamment dans le sud de la France.
Année | 2015 | 2016 | 2017 | 2018 | 2019 (30/08/19) |
---|---|---|---|---|---|
Nombre de foyers * | 1 | 0 | 1 | 3 | 3 |
Nombre de cas ** | 1 | 0 | 1 | 5 | 11 |
Localisation des foyers | Ardèche | Alpes-Maritimes | Vaucluse, Var | Gers, Landes, Bouches-du-Rhône |
* : nombre de lieux de détention d’équidés sur lesquels au moins un cas a été détecté
** : nombre de chevaux déclarés infectés
Ce qu’il faut retenir
• L’anémie infectieuse est une maladie grave, qui peut entrainer la mort de l’équidé.
• L’anémie infectieuse est une maladie réglementée par l’Etat : en cas de dépistage positif, des mesures de police sanitaire sont mises en place par la DD(cs)PP du lieu de détention.
• L’anémie infectieuse se transmet entre équidés par le sang, en particulier par l’intermédiaire de piqûres d’insectes.
• Il n’existe pas de traitement et le cheval infecté reste porteur du virus toute sa vie.
• Il est important de surveiller la maladie en France en favorisant les dépistages, en particulier lors de la vente d’un équidé.
• La maladie est présente en France : quelques cas sont confirmés chaque année.

En savoir plus sur nos auteurs
- Marie DELERUE Docteure vétérinaire - experte sanitaire spécialité équine et ingénieure de recherche & développement IFCE
- Christel MARCILLAUD-PITEL Docteure vétérinaire - directrice du Réseau d’Épidémio-Surveillance en Pathologie Équine (RESPE)
Bibliographie
- TRUFFERT M., 2011. Bilan épidémiologique et règlementaire de l’anémie infectieuse des équidés en France, perspectives d’évolution. Thèse pour le doctorat vétérinaire.
- AMAT J.P., TAPPREST J., GAUDAIRE D., GRANDCOLLOT-CHABOT M. et HANS A., 2018. Deux cas d’anémie infectieuse des équidés détectés dans le sud-est de la France : point de situation n°1. Plateforme ESA.

Ressources à télécharger
