La fièvre charbonneuse

La fièvre charbonneuse est une maladie réglementée affectant principalement les bovins, mais qui touche aussi, plus rarement, les chevaux. En 2018, 3 équidés sont morts de cette maladie dans le département des Hautes-Alpes.

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Par Marie DELERUE - | 02.08.2018 |
Niveau de technicité :
Troupeau de chevaux au pré
Sommaire

La fièvre charbonneuse : qu'est-ce que c'est ?

La fièvre charbonneuse (appelée également charbon bactéridien ou anthrax) est une maladie infectieuse due à une bactérie dénommée Bacillus anthracis. Elle affecte de nombreux mammifères, principalement les herbivores (bovins, ovins, caprins et équins). Elle est responsable d’une mortalité rapide chez les animaux infectés et peut ré-émerger à partir d’anciens foyers, ce qui en fait une maladie impossible à éradiquer complètement en France.

Principales caractéristiques de la fièvre charbonneuse

Une maladie réglementée

Il s’agit d’un danger sanitaire de 1ère catégorie : toute suspicion est déclarée à la DDecPP[1] et un prélèvement est envoyé au laboratoire pour analyse. En cas de confirmation par le Laboratoire de Santé Animale de Maisons-Alfort, laboratoire national de référence pour cette maladie, des mesures de police sanitaire sont mises en place par l’Etat.

Une zoonose

Bien que l’Homme soit peu sensible, il peut contracter la maladie par contact avec du matériel animal contaminé par des spores ou l’ingestion de viande contaminée.

Une maladie sporadique

Elle se présente majoritairement sous la forme de cas isolés et ne provoque pas d’épidémies.

[1] DDecPP : Direction Départementale en charge de la Protection des Populations

Comment les équidés se contaminent-ils ?

La transmission directe entre animaux est très rare.

Les animaux infectés excrètent de grandes quantités de bactéries via le sang et les excrétions hémorragiques. Au contact de l’air, ces bactéries produisent des spores très résistantes qui peuvent survivre plusieurs dizaines d’années dans le sol.

Dans les prairies où des animaux atteints par la maladie ont été hébergés, les spores peuvent réapparaitre à la surface du sol des années plus tard. Toute prairie est susceptible d’avoir été contaminée historiquement du fait de l’enfouissement des cadavres avant la mise en place du dispositif de l’équarrissage.

Ces spores pénètrent dans le corps de l’animal par trois mécanismes :

  • Le plus souvent par voie orale : ingestion d’herbe contaminée, plus rarement de fourrages récoltés sur des parcelles contaminées ou d’eau ;
  • Par inhalation de spores à proximité de cadavres d'animaux infectés ;
  • Par le biais de plaies cutanées (transmission par des insectes ou contact avec le sol).

Quels sont les signes cliniques de la fièvre charbonneuse ?

Après une période d’incubation[2] de 3 à 7 jours, on observe les signes cliniques suivants :

  • Des signes généraux : hyperthermie (T > 40°C), frissons, anorexie, dépression ;
  • Des signes digestifs : coliques sévères, diarrhée hémorragique ;
  • Des troubles respiratoires et circulatoires : gonflements en regard de l’encolure et du ventre, difficultés respiratoires, augmentation de la fréquence cardiaque, congestion des muqueuses.

En l’absence de traitement, la mort survient rapidement en 3 à 6 jours.

[2] période d’incubation : délai entre la contamination et l'apparition des premiers signes cliniques

Comment diagnostiquer la maladie ?

Le diagnostic repose sur la mise en évidence de la bactérie par culture ou PCR[3] sur le sang.

Aucune autopsie ne devrait être réalisée pour ne pas contaminer durablement le milieu extérieur avec des spores, mais aussi du fait de son caractère dangereux pour l’Homme.

[3] PCR : « Polymerase Chain Reaction » ou réaction de polymérisation en chaîne. C'est une technique d'amplification enzymatique qui permet, à partir d'un fragment d'ADN, d'obtenir un grand nombre de copies identiques de ce même fragment.

Quels sont les facteurs de risque ?

L’enfouissement de cadavres d’animaux morts de fièvre charbonneuse au cours des siècles passés a contribué à la contamination de certaines prairies appelées « champs maudits ».

Ces spores sont susceptibles de remonter à la surface à la faveur de conditions climatiques particulières (alternance de sécheresse et de fortes précipitations) et/ou d'activités humaines (travaux de terrassement).

Comment traiter la maladie ?

Le traitement antibiotique mis en place précocement prévient l’apparition des signes cliniques et limite la mortalité.

Comment prévenir cette maladie ?

Dans l’idéal, les prairies sur lesquelles des cas ont été mis en évidence ne doivent plus être utilisées.

Mesures d’hygiène en cas d’animaux malades

En cas de suspicion, il faut isoler et traiter les équidés malades dans un local facile à nettoyer et désinfecter. Les spores étant très résistantes, la décontamination et désinfection des locaux et du matériel doivent être réalisées par stérilisation à l’autoclave et utilisation de biocides sporicides (exemple : formaldéhyde).

Il est conseillé de brûler les litières contaminées.

Gestion des cadavres

Il faut proscrire l’ouverture des carcasses et bien sûr l’enfouissement des cadavres, interdit en France.

Vaccination

Aucun vaccin n'est disponible en France. Des vaccins existent en Europe, mais ne possèdent pas tous d'Autorisation de Mise sur le Marché (AMM) chez les équidés. Il ne peuvent être utilisés que dans un cadre réglementaire très strict, après autorisation d'importation par les services de l'Etat.

La situation en France vis-à-vis de cette maladie

En France, des cas de fièvre charbonneuse sont régulièrement détectés : le plus souvent 0 à 5 cas par an. Cependant, une conjonction de conditions climatiques et géologiques peut donner lieu à des résurgences multiples groupées localement, comme cela a été le cas en juillet/août 2018 dans le département des Hautes-Alpes, en Moselle en 2016 ou en Franche-Comté en 2008.

Ces cas concernent principalement des bovins. Les cas d’équidés sont beaucoup plus rares.

En 2018, 3 équidés sont morts dans 3 exploitations où des bovins ont également été touchés. Les derniers cas remontaient à 2009 et 2001.

Ce qu'il faut retenir

► La fièvre charbonneuse est une maladie grave à l’origine de la mort rapide des équidés, sans traitement adéquat.

► Des cas sont régulièrement détectés chez des bovins mais la maladie est plus rare chez les équidés.

► La transmission entre animaux est très rare. Les équidés se contaminent principalement par ingestion d’herbe contaminée par des spores bactériennes.

En savoir plus sur nos auteurs
  • Marie DELERUE Docteure vétérinaire - experte sanitaire spécialité équine et ingénieure de recherche & développement IFCE

Bibliographie

Pour retrouver ce document: www.equipedia.ifce.fr
Date d'édition : 15 05 2024

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