La lymphangite épizootique

Disparue de notre territoire depuis 1945, la lymphangite épizootique n’est que très exceptionnellement transmise à l’Homme et n’est plus réglementée, ni en France ni en Europe. Il s'agit d'une maladie « économique » aux conséquences importantes, notamment dans les pays au climat tropical où elle est relativement répandue.

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Qu'est-ce que la lymphangite épizootique ?

Une maladie contagieuse due à un champignon

Mise en évidence par Aruch en 1892, la lymphangite épizootique est une maladie contagieuse des équidés due à un champignon ascomycète microscopique : Histoplasma farciminosum. La maladie touche essentiellement les chevaux, mais peut toutefois aussi toucher l’âne et le mulet, voire parfois le dromadaire.

Ce champignon levuriforme mesure environ 2 à 3 microns de largeur et 3 à 4 microns de longueur. Il peut produire des filaments mycéliens. Pour se développer, il a besoin d'humidité et d'une température d’environ 25 à 30°C.

Le champignon est résistant dans le milieu extérieur, pendant près de 10 mois environ.

Tout débute par une plaie cutanée qui est ensuite contaminée par le champignon. Celui-ci provoque des ulcérations aux bords envahissants, produisant un pus épais. Le processus de cicatrisation est difficile, entraînant une réaction inflammatoire importante : une lymphangite avec adénite (inflammation des ganglions lymphatiques) locorégionale.

La lymphangite épizootique est une maladie contagieuse qui se transmet :

  • Soit par contact direct, avec les sources de germes d'un animal atteint (pus, larmes, jetage…).
  • Soit par contact indirect, avec du matériel ou des bâtiments contaminés, voire des vecteurs de transmission tels que les mouches, les arthropodes…

Chronique, la maladie ne s’oriente que très rarement vers une guérison. La mort des animaux peut intervenir, surtout sur des sujets affaiblis (en mauvais état général avant de contracter le germe, après des stades de maigreur ou un épisode de fièvre par exemple).

Le taux de morbidité varie selon la zone géographique et l’âge de l’animal.

Répartition géographique de la maladie

La lymphangite épizootique est très présente en Afrique. Des cas sont également régulièrement recensés en Amérique du sud et en Asie.

Quels sont les signes cliniques de la lymphangite épizootique ?

lymphangite épizootique
Cordon de pyogranulomes © Annales de l'Institut Pasteur (1922)

Les symptômes généraux peuvent être discrets, contrairement aux symptômes cutanés.

Une lymphangite apparaît dans les 15 jours après la contamination de la plaie par Histoplasma farciminosum. La lymphangite se localise généralement à un seul endroit, de préférence au niveau des membres ou de l’encolure, puis évolue en oedèmes de déclives. D’autres localisations sont possibles : pulmonaires, génitales…

Le circuit lymphatique répond à cette infection par une adénite locorégionale. Cette lymphangite présente la caractéristique typique d’un épaississement des vaisseaux lymphatiques, associé à la formation de nodules évoluant en abcès (cordons de pyogranulomes cutanés) le long de ce trajet.

lymphangite épizootique
Boutons, ulcères et cordes sur les membres postérieurs © Extrait de l'Agronomie Coloniale, Bulletin mensuel de l'Institut national d'agronomie coloniale (janvier 1922, n°49)

Comment diagnostiquer la lymphangite épizootique ?

La géographie d’apparition (sous latitudes au climat tropical) aide à poser un diagnostic épidémiologique et différentiel.

La lymphangite épizootique présente des points analogues à ceux de la morve. Il faut également la distinguer des lymphangites traumatiques ou chroniques.

La mise en évidence se fait par :

  • Sérologie, grâce à une prise de sang.
  • Test PCR.
  • Culture, à partir de prélèvements de pus (mais la croissance est lente, 10 jours à plusieurs semaines).
  • Test d’hypersensibilité de la peau.

Quel traitement ?

L’action doit être précoce, par voie générale en plus des soins locaux, en utilisant :

  • Une antibiothérapie antifongique.
  • Une chimiothérapie par voie intraveineuse.
  • Un traitement chirurgical (exérèse et cautérisation suivies d’un traitement).

L’amphotéricine B est le médicament le plus indiqué pour le traitement des cas cliniques.

Comment prévenir la maladie ?

La maladie sévissant sous certaines conditions de températures et d’humidité, elle est restée chronique dans certains secteurs du globe, de par les conditions d’hygiène des locaux et des animaux.

La prophylaxie passe donc par :

  • La lutte contre les insectes.
  • La désinfection des locaux et du matériel.
  • Un isolement des animaux guéris (encore 1 mois après leur guérison).

Un vaccin à germe atténué et un vaccin à germe inactivé par le formol sont disponibles et peuvent être utilisés dans les zones endémiques pour lutter contre la maladie.

Bien que la lymphangite épizootique soit encadrée réglementairement dans certains pays, aucune mesure réglementaire spécifique n’est définie en France et même en Europe.
En savoir plus sur nos auteurs
  • Stéphan ZIENTARA Docteur vétérinaire, chercheur en virologie, directeur adjoint du Laboratoire de santé animale de l'ANSES
  • Gwenaëlle GRANDCHAMP-RENARD Docteure vétérinaire - experte sanitaire spécialité équine et ingénieure de projets & développement IFCE
  • Christel MARCILLAUD-PITEL Docteure vétérinaire - directrice du Réseau d’Épidémio-Surveillance en Pathologie Équine (RESPE)
Pour retrouver ce document: www.equipedia.ifce.fr
Date d'édition : 15 05 2024

Fiche réalisée avec nos partenaires

RESPE

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