

La position neutre, base indispensable en saut
La position neutre, c’est-à-dire en suspension sur les étriers, est le travail de base par excellence pour améliorer son équilibre et le fonctionnement de son corps à l’obstacle, sans gêner le cheval. Prérequis fondamental, cette dernière doit être parfaitement maîtrisée avant de chercher à s’asseoir entre les sauts (équilibre assis).

- La position neutre, qu'est-ce que c'est ?
- Objectifs
- Variantes de l'exercice et échelle de progression
- Critères de réussite et observables de l'enseignant
- Problèmes rencontrés et solutions
La position neutre, qu'est-ce que c'est ?
Définition
La position neutre est une position dans laquelle le cavalier est en équilibre sur ses étriers, hanches fléchies, avec les épaules légèrement en avant. Aussi appelée position « 2 points » ou « en suspension », elle allège le poids sur le dos du cheval, lui permettant de sauter plus facilement et en douceur.
Comment adopter la position neutre ?
Si vos étriers sont trop longs, le maintien de la position 2 points sera vite épuisant. Si les rênes sont trop longues, vous aurez rapidement tendance à tirer sur la bouche pour récupérer votre équilibre et vous agirez plus avec vos mains qu’avec votre corps. Commencez par raccourcir vos étriers et vos rênes.
Régler la longueur d’étriers
Le plancher des étriers doit arriver au plus bas au niveau de la malléole.
Régler la longueur de rênes
Les rênes doivent être ajustées de façon à ce que les mains se trouvent toujours devant le garrot, au niveau des épaules du cheval. Vous devez pouvoir voir vos mains dans votre champ visuel sans avoir à baisser les yeux.
Prendre la position neutre
À l’arrêt, à partir de la position assise, levez vos fesses de la selle comme pour prendre le trot enlevé et restez hors de la selle grâce à l’appui sur les étriers et à la juste répartition du poids de votre buste. Comme lorsque vous faites des squats, vous maintiendrez facilement votre équilibre 2 points en laissant votre assiette reculer (hanches fléchies) et vos épaules avancer en conséquence.
Objectifs
Pour le cavalier
Le travail en position neutre est un excellent exercice éducatif pour aider le cavalier à trouver son équilibre sur ses étriers (ou à l’améliorer) en vue du travail à l’obstacle, sans gêner le fonctionnement du cheval. Etre capable de tout faire en restant en équilibre sur ses étriers est la garantie d’un véritable équilibre, indispensable à tout cavalier, quel(le) que soit son niveau ou sa discipline.
Variantes de l'exercice et échelle de progression
Étape 1 : commencer sur le plat
S’entraîner au pas et au trot
Profitez de la détente au pas et au trot pour vous entraîner à adopter la position neutre. Comme l’exercice mobilise à la fois vos chevilles, vos mollets, vos cuisses et votre dos, c’est un excellent moyen d’échauffer votre corps (de le préparer à l’action) et de vous muscler.
Travailler au galop
Une fois la détente au pas et au trot terminée, prenez le galop en position neutre et maintenez-vous dans cette posture. Vous devez être capable de passer des transitions et d’effectuer des figures (diagonale, doubler dans la longueur/largeur, cercle, serpentine, 8 de chiffre…) sans vous asseoir.
Étape 2 : s'entraîner sur des barres au sol / cavalettis / obstacles
Lorsque vous êtes suffisamment à l’aise en position neutre au galop sur le plat, passez à l’étape suivante en franchissant une (quelques) barre(s) au sol au galop, sans changer votre attitude ni chercher à modifier celle du cheval. Le but est d’arriver à garder un équilibre constant. Une fois que vous y parvenez, augmentez la difficulté en remplaçant les barres au sol par des cavalettis, puis de petits obstacles.
Étape 3 : confirmer sur un parcours entier
Quand vous êtes à l’aise sur un (plusieurs) obstacle(s), entraînez-vous à réaliser des parcours entiers sans toucher votre selle. La position neutre ne doit pas vous interdire d’agir. C’est justement parce que vous êtes en position neutre que vous pouvez résister avec votre corps et même aller jusqu’à vous redresser en reculant vos fesses puis en redressant vos épaules en cas de besoin.
Critères de réussite et observables de l'enseignant
Une main neutre
Une main neutre est avant tout la résultante d’un bon équilibre. La main doit entretenir un contact permanent et moelleux avec la bouche du cheval. Elle saura « laisser passer » le mouvement ou, au contraire, le canaliser voire s’y opposer (résister) sans tirer.
Un sentiment d'aisance et de facilité
Pendant toute la durée de l’exercice, le cavalier doit laisser transparaître un sentiment d’aisance et de facilité. Liant avec le cheval, décontraction, souplesse au niveau des articulations… Il doit être capable de maintenir la position neutre sans retomber dans la selle, en accompagnant le cheval et non pas en s’accrochant à sa bouche (en tirant sur les rênes pour se rééquilibrer).
Problèmes rencontrés et solutions
Problèmes de mains
L’équilibre du cavalier se répercute sur la qualité du contact avec la bouche du cheval. Un manque d’équilibre est donc synonyme d’une mauvaise action de mains : rênes qui se rallongent, main trop dure agrippée à la bouche du cheval…
La meilleure façon d’obtenir une main neutre est de l’oublier
Pour cela, faites un nœud à vos rênes à mi-hauteur d’encolure. Vous n’allez plus penser à vos mains mais uniquement à ce qui précède : vos épaules et vos bras, qui doivent être aussi décontractés que lorsque vous êtes bras ballants. Efforcez-vous de les relâcher autant que possible. Pour sentir cette décontraction, tendez vos bras puis relâchez simplement l’articulation du coude et conservez cette flexion naturelle. Des coudes exagérément pliés seraient synonymes de traction.
Tenez vos rênes à pleine main en fermant uniquement pouce et index, et en laissant les autres doigts décontractés et ouverts. Vos pouces doivent toucher en permanence le nœud des rênes. N’hésitez pas à réajuster ce dernier si besoin. De cette façon, vos mains sont placées sur les rênes une fois pour toutes : il n’y a ni main gauche, ni main droite, mais « la main » et vous n’y pensez plus. Vous ne contrôlez l’allure qu’avec votre corps, en osant reculer votre assiette et en vous redressant. En vous obligeant à adopter une longueur de rênes et à ne plus penser à vos mains, vous pourrez alors vous concentrer sur le reste et ressentirez une plus grande facilité à décontracter vos bras (donc vos mains). Vous serez plus efficace pour reprendre et éprouverez moins de fatigue car vous agirez avec une main plus fixe, sans fournir d’effort pour maintenir la même longueur et pour tenir vos rênes. Les variantes à cet exercice sont le pont, le double pont et les rênes à poignées.
Problèmes de jambes
Comme pour le haut du corps, vos jambes doivent elles aussi être décontractées. Des genoux serrés, coincés dans la selle, des jambes tendues vers l’avant ou trop en arrière… sont synonymes de crispation et gênent le fonctionnement du cheval. Pensez toujours à garder de la souplesse dans l’articulation du genou.

En savoir plus sur nos auteurs
- Nicolas SANSON Formateur et entraîneur indépendant - ancien écuyer du Cadre noir de Saumur et directeur adjoint du Pôle de la Formation Professionnelle et Sportive (PFPS) de l'IFCE
- Nelly GENOUX Ingénieure agronome - ingénieure de développement IFCE
