Statuts juridiques des entreprises agricoles équines

Le choix du statut juridique d’une entreprise équine revient au chef d’exploitation. C’est une décision importante qui doit être murement réfléchie en prenant en compte les activités pratiquées, le nombre de personnes présentes sur l’exploitation, leurs liens de parenté éventuels, leur rapport à l’exploitation, la notion de transmission, les apports de capitaux...
 
Les formes juridiques principales sont l’entreprise individuelle et les différentes formes sociétaires (sociétés civiles agricoles ou sociétés commerciales).

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Niveau de technicité :
homme sortant un cheval d'une écurie © A. Bassaler
Sommaire

L’entreprise individuelle

Dans les exploitations individuelles, l’activité agricole est exercée par un exploitant seul ou avec les membres de sa famille. Ces derniers peuvent avoir le statut de : co-exploitant, conjoint collaborateur, aide familial, ou salarié.

Il n’y a pas d’apport de capital nécessaire lors de la création.

Depuis le 15 mai 2022, le statut unique d'entrepreneur individuel est entré en vigueur, et permet la séparation du patrimoine personnel et du patrimoine professionnel de l'entrepreneur. Le patrimoine personnel est désormais protégé d'une saisie par des créanciers professionnels. L'entrepreneur peut toutefois renoncer au bénéfice de cette séparation en faveur d'un créancier.
Le patrimoine professionnel est composé des biens, droits, obligations et sûretés nécessaires à l'activité (matériels, biens immeubles à usage professionnels, données relatives aux clients, nom commercial, fond de caisse...)

Les revenus générés par l’entreprise sont soumis à l’impôt sur le revenu. L’exploitation peut être au Micro BA ou au réel en terme de fiscalité.

Le régime de l’auto-entrepreneur (désormais appelé micro-entrepreneur) est une forme particulière d'entreprise individuelle, mais qui n'est pas autorisé pour les activités agricoles, ces dernières relevant de la MSA.
Le statut de l'EIRL (Entreprise Individuelle à Responsabilité Limitée) créé en 2011 est voué à disparaitre depuis la création du statut unique de l'entrepreneur individuel (qui reprend les avantages permis par l'EIRL). Depuis le 15 mais 2022, il n'est donc plus possible de créer de nouvelles EIRL. Toutefois, celles créées auparavant peuvent conserver ce statut.

Les formes sociétaires

Le principal avantage de la constitution d’une société est de regrouper des moyens humains, matériels et financiers.

Une activité agricole peut s'exercer au sein d'une société civile agricole ; en cas de cohabitation d'activités agricoles et non aricoles, on peut opter pour une société commerciale. Les principales formes sociétaires agricoles sont :

  • La SCEA (Société Civile d’Exploitation Agricole)
  • Le GAEC (Groupement Agricole d’Exploitation en Commun)
  • L’EARL (Exploitation Agricole à Responsabilité Limitée)
SCEAGAECEARL
FormeSociété civileSociété civileSociété civile
AssociésMinimum : 2
Pas de maximum
Possible entre époux
Associé non exploitant possible
Associée personne morale possible
Minimum : 2
Maximum : 10
Possible entre époux
Uniquement associés exploitants
Minimum : 1
Maximum : 10
Possible entre époux
Associé non exploitant possible
Capital socialPas de minimumMinimum : 1 500 €Minimum : 7 500 €
Les associés exploitants doivent détenir ensemble plus de 50 % du capital social
ApportsEn nature :
- meubles (cheptel mort, animaux, stocks…)
- immeubles (foncier, bâtiments…)
En numéraire
En industrie : en travail, en savoir-faire
En nature :
- meuble
- immeuble
En numéraire :
- libération du quart au moins lors de l’apport
En nature : intervention d’un commissaire aux apports
- meubles
- immeubles
En numéraire
En industrie
ImpositionChaque associé est imposé sur sa quote-part de revenus, distribués ou non
Régime réel de plein droit
Chaque associé est imposé sur sa quote-part de revenus, distribués ou nonChaque associé est imposé sur sa quote-part de revenus, distribués ou non
Régime réel de plein droit

Le GAEC offre une transparence juridique, sociale et fiscale, c’est-à-dire qu’il permet aux associés d’être traités comme des chefs d’exploitation individuels.

Seules des activités agricoles peuvent être exercées au sein d'un GAEC ou d'une EARL : il n'est pas possible d'y exercer des activités autres qu'agricoles (commerciales...).

Quelle que soit la forme sociétaire, les associés désignent une personne, le gérant par exemple, qui sera chargée de la gestion au quotidien et de représenter la société auprès des tiers. Les associés participent aux décisions les plus importantes lors des assemblées. L’assemblée des associés doit se tenir au moins une fois par an afin d’approuver les comptes.

La constitution d’une société engendre un coût et nécessite l’accomplissement de formalités de publicité (immatriculation au Registre du Commerce et des Sociétés, etc.). La publicité effectuée, la société acquiert la personnalité morale et elle devient titulaire de droits et d’obligations.

Les revenus générés par l’entreprise sont soumis à l’impôt sur le revenu ou sur les sociétés. L’exploitation doit être au réel (sauf les GAEC qui ont la possibilité du Micro-BA).

Les associations

Il est possible de créer une association lors de l’ouverture d’une structure équestre. Néanmoins, c’est un statut particulier qui nécessite le respect de principes particuliers. L’association n’est pas soumise à la TVA si elle n’exerce pas une activité concurrentielle dans les prestations proposées.

Les produits proposés (enseignement, pension…) doivent satisfaire un besoin qui n’est pas pris en compte par le marché actuel ou qui l’est de façon peu satisfaisante.

Le public visé doit être principalement des personnes justifiant l’octroi d’avantages particuliers au vu de leur situation économique et sociale (chômeurs, personnes en situation de handicap…).

Les prix proposés doivent faciliter l’accès au public et se distinguent de ceux affichés par les entreprises du secteur lucratif, notamment par un prix nettement inférieur pour des services de nature similaire.

Enfin, la publicité étant un indice d’activité lucrative, l’association ne peut faire que de l’information.

Quelques statistiques concernant les statuts juridiques

Établissement équestres (centres équestres, écuries de propriétaires…)

Source FFE
Statut des établissements équestres affiliés à la FFE en 2022
Statut associatif26 %
Statut privé74 %

Les établissements équestres sont majoritairement des exploitations privées ; cette tendance se renforce (69 % des établissements équestres affiliés à la FFE en 2016, 74 % en 2022).

Élevages

Source CCMSA
Statuts juridiques des cotisants exploitants non salariés 2020
Exploitant individuel72 %
GAEC2 %
EARL11 %
SCEA6 %
Autres statuts9 %

Ce qu'il faut retenir

Il existe donc plusieurs statuts juridiques possibles lors de la création d’une structure. Le choix est très important et il ne faut pas oublier de faire l’analyse des facteurs humains, l’étude économique du projet… Pour cela, le mieux est de se faire accompagner par un conseiller juridique.
En savoir plus sur nos auteurs
  • Bernard-Pierre ASSEGNINOU Chambre d'agriculture du Gard
  • Claire TOURNEUR Chargée de développement au pôle « Développement, Innovation et Recherche » IFCE
Pour retrouver ce document: www.equipedia.ifce.fr
Date d'édition : 14 05 2024

Fiche réalisée avec nos partenaires

Chambre d'agriculture du gard

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