Entretenir ses prairies : à quels coûts ?

L’entretien de la prairie a pour objectif de maintenir au fil des saisons un état du couvert végétal permettant de couvrir les besoins alimentaires des chevaux, que ce soit pour le pâturage ou la récolte des fourrages. Après avoir recensé les étapes et modes d'entretien d'une prairie, cette fiche propose une approche des coûts d'utilisation du matériel à l'hectare.

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Par Charlotte GEYL - | 23.03.2017 |
Niveau de technicité :
Juments au pré © M. Dhollande
Sommaire

Qu'est ce qu'une prairie ?

La prairie permanente est constituée d’un mélange de plantes de différentes espèces. La flore est majoritairement constituée de trois grands types de végétaux :

  • les graminées,
  • les légumineuses (trèfle, luzerne…)
  • et des plantes diverses comme les pissenlits mais aussi les chardons, le rumex…

Le cheval préfère en priorité les graminées qui sont d’ailleurs prépondérantes dans les prairies naturelles, puis les légumineuses et enfin, de façon anecdotique, les plantes diverses. Certaines sont intéressantes pour le pâturage, d'autres pour la fauche et enfin certaines sont à éliminer car non consommées ou toxiques.

L'entretien d'une prairie

La plante se nourrit de substances minérales qu’elle puise dans ses deux milieux de vie, l’air et le sol. Elle doit donc accéder aux nutriments essentiels à sa croissance dans le sol. Ces substances minérales y sont présentes, la plupart du temps, naturellement mais leur concentration diminue au fur et à mesure que les végétaux sont produits. Pour avoir une production optimale, il faut s’assurer de leur présence en quantité suffisante et si ce n’est pas le cas, il faut enrichir les sols de manière adéquate.

L'entretien d'une prairie consiste donc à assurer :

La fertilisation en P et K

Le phosphore (P) active la croissance et est un facteur de résistance au froid pour les plantes. Le potassium (K) permet, quand à lui, la régulation de la photosynthèse et la synthèse des protéines. Pour mesurer ces deux éléments dans la plante, on peut réaliser une analyse de solet/ou un diagnostic nutritionnel qui détermine un indice de nutrition afin de déterminer la fertilisation P et K à apporter pour l’année qui suit.

Généralement, 20 T de fumier ou de compost à l’hectare, apportées en automne, couvrent les besoins en P et K  d'une prairie naturelle produisant en moyenne 6T de MS/ha.

Hersage

Le hersage permet l’émiettement des déjections sur la parcelle. Les zones où  elles sont concentrées sont propices à l’apparition de zones de refus car les animaux évitent d'y consommer la végétation. Le passage de la herse permet alors de répartir les crottins sur une plus grande surface et donc réaliser une fertilisation plus homogène. Cependant un hersage réalisé en période chaude et humide participe à la dispersion des larves de parasites sur la parcelle.

Le hersage permet aussi d’aérer, d'homégéniser le sol pour préparer les sufaces de fauche de printemps afin de limiter la remontée de la terre et des crottins dans la récolte de fourrage. En revanche, il n’améliore pas la productivité de la prairie, ni la minéralisation (transformation de la matière organique en éléments fertilisants pour la plante).

Broyage des refus

Les refus sont des zones où l’herbe n’est pas ou peu consommée par les individus.

Le broyage doit être réalisé très vite  après la sortie des animaux. Cela permet d’éliminer les fourrages qui ont épié et la montée en graines des mauvaises herbes comme le chardon et le rumex.

La hauteur de coupe doit être de 7 cm et les brins assez fins (entre 1 et 2 cm) pour permettre une décomposition rapide.

Néanmoins, le meilleur moyen de limiter le recours au broyage des refus est une bonne gestion des pâtures grâce :

  • À l’adaptation du chargement d’animaux,
  • Au pâturage mixte (bovins–équins),
  • À l’alternance de fauche et pâturage.

Lorsque les zones de refus sont peu hautes et peu abondantes, une fauche simple suffit. La coupe est alors plus nette et le temps de travail est plus court que lors du broyage.

Gestion du pH

Le phénomène d’acidification est naturel, il est fonction des conditions pédo-climatiques (types de sol et conditions climatiques ) et des pratiques culturales. Il est important de maintenir un pH convenable et stable pour permettre une bonne structure du sol, qui conditionne la disponibilité des nutriments pour la plante. Un pH du sol de 5,8 est une valeur minimum à maintenir pour une prairie.

Pour connaître le pH de sa prairie, il faut réaliser une analyse de sol soit à l’automne, soit au printemps, en dehors des périodes froides et sur sol ressuyé.

Valeur de pHTraitement par chaulage
pH plutôt hautPas d'apport
pH correctChaulage d'entretien (apport régulier tous les 3-4 ans)
pH très basChaulage de redressement (sur 4 ans) pour ne pas bloquer la prairie par un apport unique trop élevé

Calendrier courant de l'entretien d'une prairie

Coûts unitaires d'entretien d'une prairie

Les coûts d’utilisation  des matériels suivants sont issus du barème BCMA (Bureau de Coordination du Machinisme Agricole 2013). Ce barème prend en compte les charges de structure (frais financiers, assurances…) et les frais variables (carburant, réparations…) des principaux matériels, hors coûts de main d’œuvre. Les coûts d’utilisation des matériels dépendent de la durée d’utilisation annuelle ainsi que de leur taille et de leur puissance.

Dans le cas présenté ci-dessous, avec une gestion optimale de la prairie pour une heure d’utilisation de chaque matériel, les coûts sont les suivants :

Type de matérielCoût d'utilisation à l'heure (HT)

Tracteur 66 à 85 CV relevage mécanique

12,6 €/h

Tracteur 100 CV relevage mécanique

13,3 €/h

Broyeur axe vertical 180 cm

8,8 €/h

Broyeur ‘gyro’ 360 cm

30,6 €/h

Herse étrille 6 m

22 €/h

Faucheuse 2,4 m 6 disques

26,5 €/h

Distributeur engrais cuve 10 à 12 hLbidisques 15 à 18 m

11,5 €/h

Épandeur 8 T, 2 hérissons verticaux

25,4 €/h

  • Hersage : 12,6 + 22 = 34,6 €
  • Fauche refus : 12,6 + 26,5 = 39,1 €
  • Chaulage : 12,6 + 11,5 = 24,1 €
  • Apport azoté : 12,6 + 11,5 = 24,1 €
  • Apport fumier : 12,6 + 25,4 = 38 €
  • Broyage :  12,6 + 8,8 = 21,4 €

Dans cet exemple, le coût du chaulage ne tient pas compte du prix de l’amendement calcique.

Ces coûts sont à moduler en fonction des matériels utilisés dans chaque exploitation.


Pas de matériel d'entretien : pourquoi ne pas faire appel à une CUMA ?

La CUMA est une société coopérative d’utilisation de matériel agricole. Elle a pour objet l’utilisation en commun, par des agriculteurs, de tous moyens propres à faciliter ou à développer leur activité économique, à améliorer ou à accroître les résultats de cette activité. Peuvent être adhérents d’une CUMA toutes personnes physiques ou morales ayant des intérêts agricoles dans la circonscription territoriale de la coopérative. Le matériel est alors acheté en commun sous forme de parts (proportionnelles à l’utilisation). Le matériel peut aussi être fourni avec un chauffeur sous forme d’une prestation.

Exemple de coût d'entretien

Aux écuries du Thaurion, l’entretien a été fait sur deux parcelles de 1,6 ha, avec mise en place du pâturage tournant au début de la saison. Ces parcelles étaient précédemment utilisées uniquement pour la fauche. Elles ne nécessitent pas de chaulage cette année ni d’apport d’engrais car la production d’herbe est suffisante pour l’exploitation.

Pratiques :

  • Trois passages (1 fois par mois) d’une heure du tracteur avec barre en métal pour étaler les crottins au cours de la saison de pâturage (barre en métal car la structure ne possède pas encore de herse),
  • Un passage du gyrobroyeur en fin de saison de pâturage pour éliminer les refus.

Dans cet exemple, l’entretien de ces deux parcelles est revenu à 83,8 € soit 52,4 €/ha.

Ici, les coûts de main d’œuvre ne sont pas pris en compte. La mise en place du pâturage tournant, s’il est bien effectué,  permet de réduire le temps affecté au broyage au cours de l’année.

MatérielDurée d'utilisationCoût total (HT)
Tracteur 100 CV1 h x 4 interventions13,3 x 4 = 53,20 €
Gyrobroyeur axe horizontal 3,6 m1 h30,60 €
En savoir plus sur nos auteurs
  • Charlotte GEYL Ingénieur de projets et développement - Observatoire Economique et Social du Cheval (OESC) de l'IFCE

Bibliographie

Pour retrouver ce document: www.equipedia.ifce.fr
Date d'édition : 15 05 2024

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