La filière équine italienne

Actuellement en cours de structuration, la filière équine italienne est caractérisée par une pratique de l'équitation relativement développée, mais un élevage de chevaux de sport déficitaire par rapport à la demande. Les courses, notamment de trot, y sont très répandues. Le pays est aujourd'hui l’un des pays possédant le plus grand nombre de races chevalines régionales.

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Par Aline DECOUTY - Astrid ENGELSEN - | 02.01.2017 |
Niveau de technicité :
Troupeau de chevaux au pré
Sommaire

Contexte agricole

M = million(s) | Md = milliard(s)
Principales donnéesItalieFrance
Superficie (km² - 2012)301 340549 190
Population (106 habitants - 2013)59,765,6
Densité (habitants/km² - 2015)202118
PIB (Md€ - 2013)1 6192 033
PIB/habitant (€ - 2013)27 12631 144
Part de l'agriculture dans le PIB (% - 2014)2,32,0
Surface arable (Mha - 2012)7,118,3
Terres agricoles (Mha - 2013)12,928,8
Aides PAC perçues (M€ - 2012)6 0759 855
Surface forestière (Mha - 2012)9,316,1
Echanges agroalimentaires (M€ - 2014 )3 579 (I vers F)5 236 (F vers I)

Des exploitations petites et nombreuses

Bien q

u’en augmentation (+44% entre 2000 et 2010), la SAU moyenne est de 8ha/structure. Les exploitations agricoles demeurent essentiellement individuelles et familiales. Les disparités entre le Nord, structuré et plus productif, et le Sud, extensif et moins organisé, restent très importantes.


Un contexte pédoclimatique limitant

La péninsule italienne connait des conditions naturelles variées et un relief très marqué. Un tiers seulement de la SAU est en zone de plaine. Ces vastes zones sont dédiées aux productions végétales (céréales, maïs, légumes) et aux centres d’engraissement. Ces derniers sont une caractéristique de l’agriculture italienne. Ils concentrent principalement les bovins, mais aussi les jeunes chevaux de trait.

Une agriculture déficitaire

Malgré des exportations en augmentation en agriculture biologique et sous label, le pays est déficitaire sur le plan agro-alimentaire (-7,6Md€ en 2014). Le secteur équin n’est pas épargné, l’Italie est un pays peu producteur de chevaux et donc chroniquement acheteur d’équins.

Organisation des acteurs de la filière équine

La structuration de la filière équine italienne est en transition. La gestion est actuellement confiée au Ministère de l’agriculture italien (MIPAAF) suite à plusieurs tentatives d’organisation.

Fondée en 1932, comme organisme public sous tutelle du Ministère de l’agriculture italien, l’Unione Nazionale Incremento Razze Equine (UNIRE) était en charge de la promotion et de l’amélioration des races équines, ainsi que de la tenue de livres généalogiques (autres que trotteur, pur-sang et cheval de selle italien), de l’organisation des programmes de courses et de la gestion des paris mutuels. Elle était également responsable, depuis 2003, de la gestion de la base de données centralisée en Italie. Une mauvaise gestion administrative et financière ont cependant conduit à sa déroute. L’Agenzia per lo sviluppo del settore ippico (ASSI), conçue pour la remplacer en 2011, a été supprimée au bout d’un an, et l’ensemble de ses missions ont été confiées au Ministère de l’Agriculture. Ce dernier est aujourd’hui l’interlocuteur officiel en termes d’élevage, de courses et de base centrale.

L’Associazione Italiane Allevatori (AIA) assiste le ministère pour la gestion et la mise à jour des données équines, ainsi que pour la tenue de certains livres généalogiques. L’AIA a également des déclinaisons régionales dans chaque province (APA), qui sont les interlocuteurs privilégiés des éleveurs. Les pur-sang et les trotteurs ont leurs propres associations d’éleveurs : l’ANAC et l’ANACT.

La Fédération Italienne des Sports Equestres (FISE) est l’organisme chargé de réglementer les activités équestres. Créée en 1926, elle est affiliée à la Fédération Equestre Internationale (FEI) et est le seul représentant des sports équestres reconnus en Italie. Elle est soumise aux directives FEI et au Comité National Olympique Italien (CONI) et dispose de 21 déclinaisons régionales, très autonomes.

Gestion des paris hippiques

Différents opérateurs sont autorisés à enregistrer les paris en Italie : des bookmakers/opérateurs en ligne et un Tote, système de masse commune. Toutefois, alors que les paris sportifs ont fortement progressé, la part des paris hippiques est passée de 15% à environ 1% en 15 ans. Le secteur des courses, en crise, a vu son budget annuel s’éroder, passant de 150M€ à 40M€ entre 2012 et 2016. Les fermetures d’hippodromes successives et la réduction du nombre de courses impactent lourdement le secteur galop.

Une base centrale : la Banca Dati degli Equidi (BDE)

L’Italie dispose d’une base centrale recensant les équidés : la Banca Dati degli Equidi (BDE). Créée par décret le 1er août 2003, elle est gérée transitoirement par le Ministère de l’agriculture. Ce sont les studbooks qui remontent leurs informations dans cette base tous les 90 ou 120 jours, selon le type de données. Les données remontées sont : le propriétaire, la race, le type d'utilisation et la localisation géographique des fermes ou des installations qui abritent les équins. Les numéros de transpondeur, mouvements d’équidés et données d’abattage sont également enregistrés. Cette base est consultable par les différents acteurs de la filière, en fonction de leur degré de responsabilité et leurs missions. Les principaux membres ayant accès sont :

  • Les détenteurs d’équidés (exploitants agricoles…)
  • Les propriétaires
  • Les responsables d’abattoirs
  • Les associations nationales des éleveurs
  • Les services vétérinaires (ASL)
  • L'Association italienne des éleveurs (AIA) à travers les associations provinciales d’éleveurs (APA)
  • L’ Agence pour les paiements agricoles (AGEA)
  • Le Ministère de la santé
  • Les régions et les provinces autonomes
  • Les sociétés fournissant les transpondeurs

Production équine

La BDE recense 450 000 équidés vivants en 2015, dont 420 000 chevaux et 30 000 ânes et mulets, 70 000 entreprises, avec un total de 125 000 propriétaires de chevaux.

L’Italie est aujourd'hui l’un des pays possédant le plus grand nombre de races chevalines régionales : 23*. Ces races sont géographiquement liées à une province qui a façonné les chevaux en fonction du climat et des besoins de la population. Beaucoup sont nées du croisement de chevaux autochtones avec des chevaux de races étrangères. Les races italiennes les plus connues sont le Maremmano, le Murgese, le Trait italien, le Bardigiano, le Selle italien et le Trotteur italien.

L’élevage de chevaux de sport en Italie reste déficitaire par rapport aux demandes du marché. Les terres italiennes sont très onéreuses et l’élevage reste réservé à une élite, malgré des gains sur les circuits de compétition dédiés aux chevaux nés et élevés en Italie. Les importations de chevaux de sport sont régulières et majoritairement en provenance de l’Union européenne, mais elles restent difficiles à évaluer.

Le nombre de chevaux trotteurs est connu précisément. En 2015, 1 659 foals étaient recensés, pour 147 étalons et 1 991 poulinières, ce qui représente environ 7% de la population de trotteurs de l’Union européenne. Le cheptel trotteur a connu une baisse de 48% de sa production sur la période 2010-2015, soit la 3ème plus forte décroissance européenne après la Russie et les Pays-Bas. 668 éleveurs de trotteurs sont recensés, soit 11 fois moins qu’en France.

L’élevage de pur-sang est relativement réduit avec 60 étalons, 780 poulinières et 480 foals recensés en 2015, soit 0,54% du cheptel mondial (France 5,3%). Ce cheptel se concentre principalement dans les provinces de Varesse, Novara, Parme, Sienne, Pérouse, Rome et Latina. La Sicile et la Sardaigne comptent également quelques élevages.

* 23 races équines régionales italiennes : Anglo-Arabo Sardo, Avelignese, Bardigiano, Calabrese, Cavallo Agricolo Italiano, Cavallo del Catria, Cavallo del Ventasso, Italiano da sella, Maremmano, Murgese, Pentro, Norico, Persano, Pony della Giara, Pony di Monterufoli, Pony Esperia, Salernitano, Siciliano, Tolfetano, Napolitano, Sanfratellano, Trottatore Italiano, Samolaco

Utilisation des équidés

Filière course

Carte des hippodromes italiens
Les courses de trot sont très répandues en Italie. Le pays fait partie du trio de tête européen, avec la France et la Suède. En 2015, 7 833 courses de trot ont été organisées pour 5 717 chevaux recensés à l’entraînement, 1 762 propriétaires et 449 entraîneurs. Toutefois, l’Italie est l’un des pays qui a connu la plus forte réduction du nombre de courses : -28% sur la période 2010-2015. La dotation par course a aussi été très affectée avec une baisse des allocations de -32%, avec 6 190€ distribués par course. Cette période de récession est liée à la baisse des paris hippiques (-56% pour le trot) qui a engendré les difficultés organisationnelles de la filière citées précédemment.

Les courses de galop sont moins développées que celles du trot. En 2015, elles représentent 2 952 courses plates et 166 courses d’obstacles disputées sur le territoire. Les allocations par course s’élèvent à 9 766€ en moyenne, bien loin des 24 758€ par course en France, mais maintiennent l’Italie dans le top 5 des courses européennes les mieux dotées.

Les italiens sont culturellement très joueurs et amateurs de courses. Outre le circuit officiel de courses hippiques, l’une des traditions italiennes sont les courses de Palio. Il s’agit de courses de rue où chaque couple cavalier/cheval représente un quartier de la ville. Le Palio de Sienne est la plus réputée d’entre-elles et attire chaque année des milliers de spectateurs.

Filière sport

La pratique de l’équitation est relativement développée sur le territoire et gérée en région par les « Comitato » qui dépendent de la FISE. Les disciplines phares sont le CSO, le concours complet et l’endurance. Les disciplines éthologiques, western et l’équitation de loisirs remportent un vif succès depuis une dizaine d’années.

Répartition des licences 2013
Le nombre de centres équestres est stable depuis 2015, avec 1 787 entreprises affiliées à la FISE. Le nombre d’adhérents a quant à lui légèrement augmenté : +1,2% en 2015. Les chevaux de concours, quel qu’en soit le niveau, sont tenus d’être déclarés à la FISE et en possession d’une licence. En 2013, 27 605 chevaux étaient enregistrés. Ce nombre est en diminution depuis 2011, avec 2 000 chevaux en moins par an. Le coût d’une licence cheval varie de 20€ à 280€ par an selon le niveau d’épreuves. Les licences cavaliers vont de 10€ pour une pratique club à 280€ pour la compétition. Une déclinaison de licences adaptées aux pratiques de l’équitation de loisirs existe, allant de 3,5€ la journée à 15€ par an.

La pratique de l’équitation est très inégalement répartie sur le territoire. 6 des 21 comités régionaux concentrent 72% des effectifs de chevaux licenciés et 70% des cavaliers. Ces régions sont les plus urbaines, à savoir la Lombardie (Milan), le Latium (Rome), Emilie-Romagne (Bologne) et la Vénétie. La Lombardie concentre à elle seule 25% des pratiquants.

Réglementation

Une répartition particulière des responsabilités en termes d’identification et de traçabilité

Si la règlementation européenne relative à l’identification des équidés désigne le détenteur comme titulaire de la majorité des obligations, les États membres sont libres de prévoir un système de responsabilité différent. Le droit italien distingue, à ce titre, le propriétaire (responsable de l’identification et de la mise à jour des données relatives à son équidé), le responsable d’exploitation (sur qui pèsent les obligations relatives à l’enregistrement des lieux de détention et la tenue du registre d’élevage) et le détenteur (qui n’est responsable que lorsqu’il est délégataire du propriétaire). Le propriétaire, ou le détenteur délégataire, doivent également s’assurer de l’inscription de l’équidé sur le registre d’élevage lorsqu’ils le placent chez un responsable d’exploitation tierce personne.

Une ouverture précoce du marché des paris

L’Italie a été l’un des premiers pays européens à libéraliser le secteur des paris, dès 2006, et à mettre ainsi fin au monopole de la filière hippique sur la prise de paris sur les courses de chevaux.  

En savoir plus sur nos auteurs
  • Aline DECOUTY
  • Astrid ENGELSEN

Bibliographie

  • Ministère de l’agriculture
  • Données Banque Mondiale
  • ANACT, Association nationale du trotteur italien
  • UET, 2016. Rapport annuel.
  • FIAH, 2015. Rapport annuel.
  • ANAC, http://www.anacpurosangue.com/
  • Federazione Italiana Sport Equestri, 2014-2015. Statistici per comitato.
    http://www.fise-abruzzo.it/
Pour retrouver ce document: www.equipedia.ifce.fr
Date d'édition : 15 05 2024

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