Faire maigrir son cheval - 7 clés pour un régime efficace

Faire maigrir son cheval est important dans certains cas. Risques de fourbures et d’apparition de certaines maladies… Le surpoids doit être rapidement pris en charge pour ne pas mettre la santé du cheval en danger. Si certaines races sont prédisposées en raison de leur rusticité, le même protocole s’applique à tous les chevaux et permet d’agir efficacement. Voici quelques règles d’or à respecter.

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Par Pauline DOLIGEZ - Nelly GENOUX - | 05.02.2018 |
Niveau de technicité :
poney obèse
Sommaire

1. Surveiller l'état corporel de son cheval

Pourquoi ?

syndrome métabolique équin
Poney atteint du SME : dépôt de tissu adipeux observable au niveau du passage de sangle © M. Sabbagh
La physiologie digestive des équidés est adaptée à un régime pauvre en énergie et riche en fibres. A l'état sauvage, les chevaux broutent de l'herbe par petites quantités tout au long de la journée (15h/jour). En les sédentarisant, la domestication a considérablement influé sur leur comportement alimentaire. Un espace réduit, avec accès à de la nourriture de trop bonne qualité et/ou en quantité ainsi que le manque d'exercice favorisent la prise de poids. Or, le surpoids est très mauvais pour la santé générale du cheval. C'est un facteur de risques pouvant entraîner l'apparition de certaines maladies : fourbure, insulino-résistance, Syndrome Métabolique Equin (SME), maladies cardio-vasculaires, ostéochondroses chez le jeune cheval, coliques, baisse de fertilité…


Comment ?

état corporel
Les différentes zones à observer lors de la notation d'état corporel
Un contrôle régulier de l’état corporel du cheval (1fois/mois) permet de s’assurer de l’absence d’embonpoint et, le cas échéant, d’agir rapidement pour y remédier. L’Ifce propose gratuitement deux outils de simulation en ligne pour estimer :

  • L’état engraissement, grâce à une notation d’état corporel (note NEC) effectuée par observation et palpation de l’animal au niveau de 6 zones : l'encolure, le garrot, l'arrière de l'épaule, les côtes, la croupe et l'attache de queue. 

Dans l'idéal, le cheval doit avoir une NEC comprise entre 2,5 et 3,5 (NEC optimum) pour rester en bonne santé. L'animal est considéré en surpoids à partir d'une NEC supérieure à 4.


échelle de notation de la note d'état corporel du cheval (NEC)
Echelle des notes NEC (variant de 0 à 5) suivant l'état corporel du cheval © N. Genoux


  •  Le poids vif, à partir de mesures du périmétrique thoracique (ruban métrique) et de la hauteur au garrot (toise). La balance, pour ceux qui en possèdent une, fait également très bien l'affaire.

Périmètre thoracique mesuré avec un ruban barymétrique
Mesure du périmètre thoracique avec un ruban métrique © J. Ketterlé
Toise manuelle
Mesure de la hauteur au garrot avec une toise © L. Marnay

2. Proscrire les concentrés pour faire maigrir son cheval

Les chevaux gras, surtout ceux à l'entretien ou se dépensant peu, n’ont pas besoin d'énergie. L’apport de compléments énergétiques pour ces catégories d'équidés est donc inutile. Pour les chevaux à besoins plus élevés (croissance/gestation/lactation/sport) ayant de l’embonpoint, un réajustement de l’apport de concentrés est nécessaire.

En revanche, l’apport d’un aliment minéral vitaminé (AMV) et d'une pierre à sel ne doivent pas être négligés, pour rééquilibrer l'éventuel déficit des fourrages

3. Distribuer des fourrages riches en fibres

foin fibreux
Foin fibreux © N. Genoux
Une alimentation à base de fourrages fibreux pauvres en énergie (sucres/amidon) est la clé d’un régime efficace pour faire maigrir son cheval.

Plus le stade de maturité de l’herbe est avancé, plus elle est fibreuse et moins sa valeur nutritive (teneur en sucres/protéines) est élevée.

Privilégiez donc un apport quotidien de foins récoltés tardivement au stade épiaison (mi-juin/juillet) à hauteur de 1,0-1,5% du poids vif du cheval (en kg de matière sèche).


Fourrages pauvres ≠ fourrages de mauvaise qualité sanitaire ! 

Donner du foin fibreux ayant une faible valeur nutritionnelle à un cheval en surpoids ne signifie pas qu'il faut négliger la qualité sanitaire. Vérifiez l'absence de poussières et de moisissures.

4. Maîtriser l’accès au pâturage

restriction de paturage
Cheval ayant une NEC de 4, restreint au pâturage © P. Doligez
L’objectif est de limiter l’ingestion d’herbe fraîche, notamment au printemps et en automne, périodes où la jeune herbe est très riche. Pour cela, le cheval en surpoids doit être maintenu dans un paddock dénudé ou avec peu d'herbe. Plusieurs solutions sont possibles :


  • Limitez le pâturage de surfaces au stade feuillu (5-15cm) où l'herbe est trop riche. Déplacez par exemple l'espace alloué au cheval avec un fil, en offrant une surface d'herbe fraîche réduite chaque jour.
  • Faites pâturer des surfaces à un stade végétatif avancé (herbe plus fibreuse, donc moins riche).
  • Faites pâturer des surfaces surpâturées.
  • Faites passer les chevaux en surpoids derrière des chevaux à besoins plus élevés ou d'autres animaux. Le cheval sera alors obligé de "gratter" les refus, herbes hautes à un stade végétatif avancé, riches en cellulose et pauvres en surces/protéines.

L’offre étant réduite, les chevaux cherchent de la nourriture et s’attaquent à d’autres végétaux. Pensez à vérifier l’état des clôtures pour éviter les fugues et l’absence d’arbres/haies/plantes toxiques pour limiter les risques d’intoxication.

5. Ralentir l’ingestion

Utilisez des équipements comme les slowfeeders, filets à foin, muselières… et fractionnez la distribution des fourrages dans la journée pour favoriser la mastication, l’insalivation et donc une bonne digestion.

6. Faire faire de l'exercice

Le cheval obèse peine à l’exercice car il manque de condition physique, pas d’énergie ! Il a donc besoin d’une activité physique, certes modérée et adaptée, mais régulière pour retrouver sa forme.

Les erreurs classiques à éviter :

- Ne distribuez pas de concentrés à un cheval obèse, même après une séance d'exercice.
- Ne donnez pas d'avoine à un cheval obèse, sous prétexte qu'il est mou au travail.
- Ne donnez pas de friandises sucrées (bonbons, carrés de sucre...). Préférez les pommes et les carottes, dont le taux de sucre est limité par rapport à la proportion d'eau.

7. S'adapter aux saisons

Au printemps et à l’automne, faites attention à la richesse de l’herbe et aux quantités offertes.

Aborder l’hiver comme le cheval le ferait dans la nature, c’est-à-dire sans couverture. Le froid lui fera naturellement brûler des graisses, donc maigrir. Pensez à limiter/retarder la complémentation en foin au début de l'hiver.

En savoir plus sur nos auteurs
  • Pauline DOLIGEZ Ingénieure de projets & développement « Alimentation et entretien des équidés » IFCE
  • Nelly GENOUX Ingénieure agronome - ingénieure de développement IFCE
Pour retrouver ce document: www.equipedia.ifce.fr
Date d'édition : 14 05 2024

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