Répertoire des séances de dressage
Pour les mêmes raisons qui nous ont poussés à créer la fiche « Vers un langage commun », il nous est apparu intéressant de dresser un « répertoire » le plus exhaustif possible des séances d’entraînement couramment utilisées dans la préparation du cheval de concours complet. Mieux se comprendre, unifier la terminologie, faciliter la lecture des fiches d’entraînement et de planification, et surtout clarifier les échanges que nous souhaitons nombreux, sont les objectifs de cette fiche. Chaque séance correspond à un objectif particulier et est présentée dans son contenu et sa durée, mais aussi en fonction des métabolismes sollicités et du temps de récupération estimé entre chaque séance de même type.
Ce répertoire est présenté sous forme de plusieurs fiches sur le même modèle :
- Répertoire des séances de dressage (cette fiche)
- Répertoire des séances d'obstacle
- Répertoire des séances de galop
- Répertoire des séances non montées
- Ce qu'il faut savoir avant de commencer
- Répertoire des séances d'entraînement de dressage
- Les séances mixtes
- Conclusion
Ce qu'il faut savoir avant de commencer
Une contribution métabolique pour chaque type de séance
La forme, l’intensité, la durée, les temps de récupération et la sollicitation musculaire… suivant le type de séance, déterminent la contribution métabolique pour chacune d'elles. Dans l’idéal, c’est à partir de cette sollicitation que doit s’élaborer la programmation puis la planification selon les objectifs assignés. La durée des séances doit être ajustée selon :
- L’âge du cheval
- Son niveau d’entraînement
- La période dans la programmation
L’enchaînement des séances au cours des périodes, cycles et microcycles en fonction des caractéristiques de chaque couple cavalier/cheval en découlera. L’ensemble de ces paramètres permet de définir les charges d’entraînement (coût énergétique, dette et nature de récupération nécessaire).
Les activités plus brèves et donc plus intensives (par exemple lignes de cavalettis ou lignes d’obstacles avec une récupération complète ou semi-complète) sollicitent principalement le métabolisme anaérobie alactique ; tandis qu’un trotting souvent peu intensif et plutôt « long » ne mettra en œuvre que le métabolisme aérobie. Dans des enchaînements de saut d’obstacles, avec des passages répétés et peu de repos intermédiaire, le métabolisme anaérobie lactique sera dominant comme dans le cadre d’une séance de renforcement musculaire… (cf fiche « Evaluer la charge d'entrainement »)
On définira pour chaque séance :
- Une durée moyenne hors échauffement et récupération ;
- L’intensité nécessaire de la séance, c'est-à-dire le niveau de sollicitation ou de puissance (%VO2 max, quantité de force ou hauteur maxi suivant les disciplines) ;
- Les temps de récupération nécessaires post-séance : cette valeur, définie généralement sur l’expérience, est une clef, avec la contribution métabolique, indispensable pour définir les quantités de travail et l’enchaînement des séances ;
- La contribution métabolique principale, en se rappelant qu’elle peut, à travail égal, évoluer suivant la période, la durée, l’intensité et avec une gestion différente des récupérations.
Répertoire des séances d'entraînement de dressage
Plus que le banal « travail sur le plat », une séance de dressage doit développer une ou plusieurs dominante(s) physique(s) ou technique(s) qu’il faut définir. Pour clarifier nos propos et bien qu’il soit possible de réaliser des séances mixtes, ce chapitre va détailler pour chaque objectif les grandes composantes de chaque séance « type ».
Pour chacune d’elle et bien que cela diffère par l’intensité, le nombre de répétitions ou la forme de la récupération suivant la période où elle est placée, nous avons synthétisé dans un graphique leur place relative suivant leur dominante métabolique.
Les séances de « stretching » sur le plat
Sur des « bases »1 (attitudes) plutôt longues et étendues, avec un cheval qui développe sa locomotion naturelle sans la contrainte de figures de reprise, et dans le souci d’amélioration des qualités naturelles de l’allure. Les dresseurs cherchent à avoir le sentiment d’un cheval qui se grandit.
Un travail à la longe enrêné dans une attitude horizontale et étendue peut remplacer le travail monté.
Durée moyenne de la séance | 20 à 40 minutes |
Intensité nécessaire de la séance2 | 40% |
Temps de récupération nécessaire post-séance | 6 à 12 h |
Contribution métabolique dominante | Aérobie |
1 - Bases : On parle alors de l’amplitude des foulées, qui a un effet sur l’attitude.
2 - Intensité nécessaire de la séance : niveau de sollicitation ou de puissance (%VO2 max ou quantité de force).
Les séances « techniques » en dressage
Le cheval réalise des mouvements en cours d’acquisition. On agit plus sur la compréhension de la demande par le cheval, celui-ci étant considéré comme physiquement apte à réaliser le mouvement.
Il est placé mécaniquement dans une attitude favorable à son obtention par un travail ou une figure préparatoire. Dans cette phase d’apprentissage, les temps de pause sont fréquents pour récompenser et récupérer afin de conserver une grande qualité de réalisation et de concentration ; les temps de travail sont courts et généralement avec une vitesse faible. Cette séance ne doit engendrer ni fatigue ni contraction.
Durée moyenne de la séance | 30 minutes | Série de répétitions de 30 sec à 1 minute. |
Intensité nécessaire de la séance | 60% | 12 à 24 h |
Temps de récupération nécessaire post-séance | 24 à 48 h | |
Contribution métabolique dominante | Aérobie | Selon le type de séance et la période |
Note : Hors apprentissage de nouveaux mouvements, un travail technique peut devenir anaérobie lactique sur une séance courte et intense avec des temps réduits de récupération. Ce type de séance trouve sa place dans une période de compétition par exemple.
Les séances de « mécanisation » en dressage
Le cheval travaille isolément des mouvements ou découvre les figures qui lui sont nouvelles (appuyer, changement de pied…). Le maintien de la qualité de l’allure doit rester une préoccupation permanente dans la réalisation de l’exercice ; on recherche la facilité d’exécution des enchaînements de figures et la capacité à les répéter plusieurs fois.
Ce travail plus ou moins sollicitant selon la durée peut engendrer de la fatigue musculaire, prendre sur l’impulsion, dégrader la tension de la ligne du dessus et détériorer la qualité de l’allure (rebond, régularité, symétrie et cadence). Il peut donc être suivi d’une séance sur des bases (attitudes) longues, que ce soit sur le plat, la piste ou à l’obstacle. Programmées progressivement et en alternance avec des séances moins contraignantes.
Durée moyenne de la séance | 30 minutes | En séquences de 2 à 4 minutes |
Intensité nécessaire de la séance | 70% | |
Temps de récupération nécessaire post-séance | 24 à 48 h | |
Contribution métabolique dominante | Aérobie | Selon le type de séance et la période |
Note : D’une manière identique, un travail de mécanisation peut devenir anaérobie lactique sur une séance courte et intense avec des temps réduits de récupération entre des enchaînements de mouvements. Ce type de séance trouve sa place dans une période de compétition par exemple.
Les séances « d’enchaînement » en dressage
Alternent avec des déplacements sur des bases (attitudes) longues et étendues pour retrouver en permanence les qualités naturelles de l’allure ; le travail d’enchaînement sera axé sur la précision de l’exécution des mouvements et le respect de la cadence sans rechercher le brio d’une présentation.
Durée moyenne de la séance | 20 à 30 minutes | En séquences de 3 à 5 minutes |
Intensité nécessaire de la séance | 60% | |
Temps de récupération nécessaire post-séance | 24 h | |
Contribution métabolique dominante | Aérobie |
Les séances de « renforcement musculaire » sur le plat
Le cavalier sollicite fortement les muscles dans l’enchaînement d’efforts spécifiques. Chaque mouvement est la conséquence du précédent : on renforce au maximum les phases de mise en tension/renvoi.
Par exemple en enchaînant une épaule en dedans avec un allongement sur le cercle, ou un galop à faux avec un allongement ou inversement un allongement sur un grand cercle avec un ralentissement sur un plus petit, sur des quarts de pirouette puis marcher droit en avançant…
La séance peut être à dominante développement :
- « Force » par de l’exigence en matière d’équilibre, de soutien ou de cadence, par le nombre de répétitions entrecoupées d’un repos plus ou moins complet ou à dominante « vitesse » (série de début de pirouettes au galop et retour au pas) ;
- « Cardio » en répétitions successives avec des récupérations incomplètes (répétitions d’allongements et ralentissements, lignes successives de changements de pied en avançant…).
Quel que soit l’objectif, le mouvement doit toujours être juste puisqu’on recherche à faire travailler les muscles dans leur longueur utile à l’exercice et à optimiser les déplacements articulaires (un appuyer ou une épaule en dedans ne peut être sans soutien et dégagement de l’épaule du côté du pli, un ralentissement sans augmentation de l’équilibre et avec une perte de la cadence…).
Durée moyenne de la séance | 45 minutes à 1 heure | Par exemple 6 séries de 6 répétitions de 15 à 20 sec avec récupération 5 à 8 minutes entre les séries (dominante force) ou 10 séries de 5 à 10 répétitions de 20 à 40 sec (dominante cardio) avec récupération de 2 à 6 minutes entre les séries |
Intensité nécessaire de la séance | 80% | |
Temps de récupération nécessaire post-séance | 24 à 48 h | |
Contribution métabolique dominante | Anaérobie | Anaérobie (type force) et puissance aérobie (type cardio) |
La Warm-up
Séance de présentation où le cavalier enchaîne sa reprise dans sa totalité ou partiellement dans l’esprit de la compétition.
L’intensité est élevée, d’autant plus que le cavalier peut prendre des « risques » et rechercher l’activité maximale compatible avec la qualité de l’allure et des figures et la précision du tracé.
Durée moyenne de la séance | 25 à 40 minutes | En un ou deux répétitions |
Intensité nécessaire de la séance | 80% | |
Temps de récupération nécessaire post-séance | 24 h | |
Contribution métabolique dominante | Anaérobie | Selon durée et temps de récupération |
Les séances mixtes
Ces séances trop rarement utilisées en équitation, sont pourtant d’une réelle pertinence pour la préparation des épreuves dites combinées ou multiples, comme le sont celles du concours complet.
L’intérêt est de travailler les capacités physiques aussi bien que mentales du cavalier et du cheval, à combiner dans la même séance, les qualités de différentes épreuves. L’enchaînement de deux ou trois séquences dosées en durée, intensité et temps de récupération selon les périodes, permettent d’aborder un thème particulier (équilibre dans les différents galops par exemple…).
Voici quelques exemples d’enchaînement : dressage, obstacle, galop / dressage, galop, obstacle / renforcement, obstacle, galop / galop, obstacle… La qualité du travail est dans tous les cas une recherche permanente. Le changement de selle est également important d’une séquence à l’autre.
Sur le plan métabolique, le choix d’un travail plutôt lactique ou aérobie peut donner également un vrai complément de valeur à ce type de séance. L’important est que l’objectif de la séance soit défini avant de monter le cheval et n’évolue pas au gré du travail, sans un argument objectif.
Durée moyenne de la séance | 45 minutes à 1 heure |
Intensité nécessaire de la séance | 70 à 80% |
Tps de récupération nécessaire post-séance | 24 à 48 h |
Contribution métabolique dominante | aérobie /anaérobie lactique (capacité) |
Conclusion
La présentation de ces types de séances génériques, qui peuvent être le cas échéant déclinées à d’autres disciplines, doit permettre au lecteur d’être en mesure de construire des cycles et microcycles variés et progressifs selon les périodes d’entraînement et le séquençage. La connaissance des contributions métaboliques de chaque séance et la durée de récupération permettront d’enchaîner efficacement les séances sans qu’elles se nuisent ou se neutralisent.
Les règles qui vont lui permettre de les adapter à son cheval et à ses objectifs, devront passer par l’évaluation de la charge d’entraînement de chaque séance.
En savoir plus sur nos auteurs
- Patrick GALLOUX IFCE - Phd, BEES 3 Équitation, ancien Écuyer du Cadre noir de Saumur, Inspecteur de la Jeunesse et des Sports (HC)
- Guy BESSAT (BEES 3 Athlétisme, préparateur physique de cavaliers, consultant à l’ENE de Saumur pour la mise en place du suivi de la condition physique)
- Philippe MULL ifce - BEES 2 Equitation, Ecuyer du Cadre noir et entraîneur du Pôle France jeune de concours complet
Bibliographie
- GALLOUX P. ; BESSAT G. (2018) : L’entraînement du couple cheval de sport / cavalier. IFCE, 252 p.
- GALLOUX P. (2011) : Concours complet d’Equitation. Belin, 234 p.
- GALLOUX P. (1991) : Contribution à l’élaboration d’une planification de la préparation énergétique du cheval de concours complet (thèse de doctorat). Poitiers