Implantation d'un projet de structure hippique

Choix du site, surfaces nécessaires, plan de masse, sécurité, fonctionnalité des installations, … Ces points essentiels dans un projet hippique sont abordés ici.

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Niveau de technicité :
Structure hippique
Sommaire

Choix du site

Le terrain doit être choisi avec le plus grand soin pour ne pas s’exposer à des déconvenues futures : un site inadapté conduit à une mauvaise implantation des bâtiments ou entraîne des surcoûts importants. En pratique, la liberté de choix peut être limitée aux terrains appartenant au maître d’ouvrage et/ou aux terrains disponibles à la vente.

Urbanisme

En premier lieu, il convient de consulter les documents d’urbanisme afin de s’assurer que les constructions envisagées (ainsi que d’éventuelles extensions ultérieures) sont autorisées. S’il existe un PLU (Plan Local d’Urbanisme, version rénovée du POS, Plan d’Occupation des Sols), vérifier que les constructions à usage agricole sont admises sur le terrain.

Ensuite, il convient de vérifier qu’aucun projet d’urbanisme ou d’infrastructure (autoroute, rocade…) ne modifiera la situation dans un avenir proche.

© A. Laurioux

Servitudes

L’utilisation du sol peut être affectée par une « servitude d’utilité publique » (périmètre de protection des Monuments Historiques, classement en zone de montagne, en zone littoral, etc.).  Le meilleur moyen de faire le tour des servitudes d’urbanisme est de se procurer un certificat d’urbanisme auprès de la Mairie.

Les prescriptions en matière d’hygiène et de salubrité applicables aux activités qui ne relèvent pas du champ d’application de la réglementation des installations classées, figurent dans le Règlement Sanitaire Départemental (RSD). Celui-ci, pris par les préfets sur le modèle du règlement type, a force contraignante et sa violation constatée peut entraîner des peines d’amende.

Le règlement sanitaire départemental définit notamment les distances à respecter par rapport aux tiers, aux sources, cours d’eau… et précise les dispositions concernant les modes de stockage des fourrages et des déjections (fumière).

D’une manière générale, les bâtiments renfermant des animaux ne doivent pas être implantés :

  • À moins de 35 m des puits, forages, sources, aqueducs, stockages d’eau, rivages, berges des cours d’eau.
  • À moins de 200 m des zones de baignade et des zones aquicoles.
  • À moins de 50 m des immeubles occupés par des tiers, des zones de loisirs et de tout établissement recevant du public (ERP).

Le service compétent en la matière est l’Agence Régionale de Santé (ARS) et sa délégation territoriale.

Implantation

Il est naturellement préférable de s’orienter vers un terrain ne nécessitant pas de terrassement trop important. Néanmoins un léger relief du terrain peut être utilisé judicieusement pour réaliser des gradins naturels autour de la carrière ou implanter le stockage des fourrages plus haut que les écuries. Un relevé topographique au 1/500e comportant les courbes de niveau est à établir dès la phase de définition de l’opération.

Le terrain doit être sain, non inondable. Un sol plastique (marneux, argileux), ou au contraire rocheux, entraîne des frais supplémentaires. Posent également des problèmes de constructibilité : les terrains rapportés, sableux, tourbeux, imbibés d’eau, vaseux… Cependant un terrain sableux est favorable à l’aménagement de carrières et de pistes cavalières. En cas de doute, une étude géotechnique par un laboratoire spécialisé est nécessaire.

Bien qu’une trop grande exposition aux vents soit déconseillée, il doit néanmoins exister un minimum de circulation d’air. Il vaut mieux éviter, aussi bien les plateaux dénudés, les sommets de collines, qu’à l’inverse les fonds de cuvettes où s’accumulent les eaux de ruissellement. Les terrains marécageux (où sévit la piroplasmose transmise par les tiques) sont à proscrire.

Plan de masse

© Grand Montgenard

Orientation

Les écuries intérieures (aussi appelées barns) ne nécessitent pas une exposition particulière. Néanmoins une meilleure ventilation naturelle est obtenue si les bâtiments sont orientés dans le sens des vents dominants. Lorsque cela est compatible avec le conseil précédent, il est souvent intéressant d’orienter les écuries selon l’axe nord/sud pour un bon ensoleillement matinal des boxes.

Si les écuries sont constituées de boxes extérieurs, les ouvertures ne doivent pas faire face aux vents de pluie. Des ouvertures vers l’est favorisent un réchauffement rapide dès le lever du soleil, ainsi qu’une relative protection des rayons du soleil au zénith qui sont les plus chauds.

Une orientation nord/sud des carrières comportant un aménagement pour le public (le long du grand côté ouest) évite aux spectateurs d’être éblouis par le soleil l’après-midi.

Implantation des locaux

Le bureau – accueil – secrétariat est le centre de gravité de l’établissement. Il doit être facile à trouver par la clientèle et donner à l’enseignant une vue sur les installations pour suivre l’activité.

Pour un centre équestre, le club-house a également une fonction stratégique au sein du dispositif. Le concepteur privilégiera une implantation offrant un visuel intéressant sur les aires d’évolution (notamment intérieures). Un soin particulier sera apporté aux équipements et conditions d’accueil du public qui participeront à la renommée de l’établissement.

Les écuries sont à rapprocher des aires d’évolution (manège/carrières) en séparant autant que possible les écuries poneys des écuries chevaux, si l’établissement pratique les deux activités. Il est bon que les adhérents du poney-club aient leurs propres repères.

L’implantation de la fumière doit se conformer aux dispositions du Règlement Sanitaire Départemental, n’être pas trop éloignée des écuries, en restant assez discrète visuellement. Bien que le fumier de cheval, très pailleux, dégage peu d’odeurs, la fumière est à placer sous le vent par rapport au vent dominant. Elle doit être facilement accessible aux véhicules chargés de l’enlèvement.

Le stockage des fourrages est à rapprocher des écuries mais en être distinct pour des raisons de sécurité incendie. Il y a un compromis à trouver entre ces deux contraintes. Ce bâtiment doit être accessible aux semi-remorques pour les livraisons. Le stockage des fourrages au-dessus des écuries n’est plus pratiqué à cause du risque d’incendie et parce qu’il est inadapté au conditionnement en grosses bottes.

Circulations

Prévoir une voirie lourde pour les livraisons de fourrages, les enlèvements de fumier et les lieux de passage et stationnement des vans. En revanche, une voirie légère pour les accès aux écuries, au manège, à la carrière et aux promenades. Sans être traité en voirie lourde avec revêtement en enrobé dense (coût), l’accès au manège et aux carrières doit être possible au tracteur chargé de l’entretien de la piste et aux camions qui viendront recharger en matériaux. La largeur des voies et des portes est à prévoir en conséquence.

Les croisements de véhicules à moteur et des cavaliers sont à proscrire, ou au moins à limiter autant que possible. Prévoir le stationnement de préférence près de l’entrée du centre équestre (sauf en ce qui concerne le stationnement lors des compétitions, dans ce cas mieux placé à proximité des terrains de concours).

Évacuation des animaux en cas d’incendie

Les incendies de centres équestres ne sont malheureusement pas exceptionnels. La réglementation (Code de la Construction – art. R 123) impose aux ERP des mesures destinées à assurer la sécurité des personnes. En revanche la réglementation ne traite pas de la protection des animaux. Ceci ne dispense pas d’un minimum de prudence et de prendre toute disposition facilitant l’évacuation des chevaux. 

La sécurité incendie est traitée plus en détail dans l’ouvrage « Aménagement et équipement des centres équestres » disponible sur la Boutique en ligne de l'IFCE.

Fonctionnalité

Dans la conception de la structure, il est essentiel de bien réfléchir en terme d’utilisation, afin de faciliter autant que possible les tâches quotidiennes. Par exemple, il est conseillé de suivre les recommandations suivantes :

  • Réduction des distances à parcourir fréquemment (par exemple entre l’écurie et la sellerie, entre le parking et l’accueil, entre le stockage des aliments et l’écurie).
  • Topographie : le curage des boxes avec une brouette est facilité par une situation de la fumière en contrebas des écuries ou au même niveau.
  • Mécanisation : prévoir une largeur des portes suffisante pour le passage d’un microtracteur et sa remorque, ou bien une chaîne à fumier, un convoyeur à fumier, etc.
  • Mise à l’abri des circulations piétonnes (auvent devant les boxes extérieurs).
  • Fourrages : accès aisé aux véhicules de livraison, hauteur de porte suffisante dans le cas dans hangar fermé, etc. Mangeoires placées à l’entrée du box (plutôt qu’au fond).
  • Serrurerie : organigramme limitant le nombre de clefs nécessaires compte tenu du nombre de locaux.

Construire aussi en tenant compte des évolutions programmées : agrandissement, équipements supplémentaires, etc.

Hygiène

Du point de vue sanitaire :

  • Le rassemblement d’un trop grand nombre de chevaux sous un même toit est facteur de contagion : prévoir une possibilité de quarantaine pour les nouveaux venus car les vaccinations réglementaires ne mettent pas complètement à l’abri des mauvaises surprises.
  • Faire la chasse aux recoins difficiles ou impossibles à nettoyer.
  • Faciliter un nettoyage efficace en disposant judicieusement les robinets de puisage, les alimentations électriques pour le branchement d’un nettoyeur à haute pression. De même les locaux destinés aux cavaliers (club-house/vestiaires/sanitaires) sont à concevoir avec des matériaux faciles d’entretien et robustes.

Adaptation

La pratique de l’équitation peut être une simple détente ou peut être sportive, voire très sportive. Les attentes du cavalier de compétition diffèrent de celles du cavalier de loisir ou du débutant. Le premier privilégie la qualité des sols et la fonctionnalité des équipements ; le second est plus sensible à l’existence d’espaces conviviaux et à la possibilité de sorties en extérieur. 

Pour le jeune cavalier, l’accessibilité est le premier obstacle à surmonter : en l’absence de transports en commun, il est nécessaire de penser aux parents, accompagnateurs obligés, qui doivent pouvoir assister confortablement à l’activité du centre.

Adaptation aux personnes handicapées

L’équitation peut être également pratiquée par des personnes handicapées (tous types de handicaps). L’ensemble des équipements doit être adapté, y compris les écuries. La réglementation en vigueur est celle des ERP.

L’accessibilité est donc une règle générale de construction, au même titre que la sécurité contre les risques d’incendie et l’hygiène. Les équipements sportifs et ERP, sont concernés par ces dispositions. À ce titre, tout équipement sportif doit être accessible aux personnes handicapées dès sa construction.
 

Pour en savoir plus

Les précisions techniques et schémas de conception sont disponibles dans l’ouvrage « Aménagement et équipement des centres équestres » disponible sur la Boutique en ligne de l'IFCE.

En savoir plus sur nos auteurs
  • Département Innovation Des Equipements Equestres (IDEE) de l'Ifce
Pour retrouver ce document: www.equipedia.ifce.fr
Date d'édition : 14 05 2024

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