Équipements équestres Éco-Responsables

Notre génération semble ne pouvoir échapper à une question environnementale dominante, lorsque nous considérons l’importance de la facture énergétique de la construction et des habitations, mais également des exploitations agricoles ou de l’industrie.
Nous avons donc la nécessité de réfléchir à ces nouveaux modes de construction, et à leur adaptation au domaine des équipements équestres, afin d’être en mesure de produire et de proposer cette architecture environnementale, écologique, durable.

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Par K. Le Bot - | 17.12.2009 |
Niveau de technicité :
exemple de projet éco-responsable photo
Sommaire

L’implantation

Dans l’élaboration d’un projet, le premier élément nécessitant une réflexion est l’implantation. Nous pouvons déterminer deux échelles différentes pour l’implantation des équipements équestres et notamment des centres équestres :

  • implantation du terrain à l’échelle de la ville, de la commune, de la communauté de commune, etc. ;
  • implantation à l’échelle du terrain, du bâtiment sur un terrain donné.


Dans le cadre d’un projet environnemental, il est intéressant de se poser la question de l’implantation du centre équestre à l’échelle de la ville. En effet, cela nécessite un compromis entre espace disponible et accessibilité. De fait, les centres équestres sont souvent éloignés des centres villes, et nécessitent l’usage de la voiture pour le transport des nombreux élèves licenciés. Le transport est un des gros points noirs dans le fonctionnement d’un centre équestre, qu’il s’agisse des équitants, comme des équidés pour les différents concours.

Réfléchir à l’implantation d’un centre équestre à la frange d’une zone urbaine, desservie par les transports en commun, contribuerait au rayonnement écologique du centre équestre. De plus les règlements d’urbanisme préservent certaines zones agricoles et permettent l’implantation de centres équestres.

Malheureusement, il est bien souvent impossible d’intervenir suffisamment en amont dans le projet pour inciter cette réflexion, et lorsque cela est possible, la pression foncière est généralement trop importante pour permettre une implantation de ce type.


La deuxième échelle d’implantation, à l’échelle du terrain, consiste dans un premier temps à s’assurer du respect des différentes règles d’urbanisme. Qu’il s’agisse du plan local d’urbanisme ou de la réglementation sanitaire. Ensuite, dans le cadre d’un projet ayant une approche environnementale, il s’agit avant tout de bon sens.

Puis trois éléments importants sont à prendre en compte dans l’élaboration du projet :

  • le soleil, ou comment tirer le meilleur parti de l’ensoleillement
    Repérer la partie de terrain qui bénéfice du maximum d’ensoleillement, en cherchant à positionner la façade principale des habitations, ou des locaux, orientée au sud pour bénéficier au maximum des calories gratuites fournies par le soleil, grâce à des baies vitrées et également présenter un pan de toiture orienté au sud dans la perspective d’une installation photovoltaïque.

    Dans cette recherche d’une implantation optimisée, il est important de respecter les contraintes réglementaires de distance minimum aux propriétés voisines, ainsi qu’une intention particulière apportée aux contraintes paysagères ; S’inscrire harmonieusement dans le relief et les éléments végétaux du paysage, les compositions de haies et les arbres existants.
     
  • le vent, il est important de tenir compte du vent dans les implantations de bâtiments car il est peu confortable d’attendre dans une cour balayée par les vents frais. Ainsi, il est intéressant de chercher à s’en protéger en se servant du masque créé par les bâtiments à implanter, ou grâce aux éléments naturels présents sur le terrain. Par exemple, une épaisse haie bocagère en limite de propriété peut faire office de brise vent.
     
  • l’hygrométrie, qui varie en fonction des régions et des terrains, mais à laquelle il est important de réfléchir, notamment en fonction de la pente du terrain et des écoulements des eaux.

L’intérêt du déblai remblai

L’implantation déterminée, il est important dans le cadre d’un projet environnemental, de réfléchir aux matériaux et à leur mise en oeuvre. En effet, les matériaux locaux seront privilégiés, car un transport raccourci et optimisé contribue à un impact environnemental moindre.

Ainsi, dans le cas de terrassements assez importants dans la construction d’équipements équestres, le déblai-remblai est intéressant. En effet, le volume de déblai déplacé dans des mouvements de terrains et réutilisé sur le site, économise un transport routier de matériaux et contribue alors à la diminution d’émissions de CO2.

L’imperméabilisation des sols et la loi sur l’eau

Arrosage d'une carrière à La Baule ©Ifce

L’extension des zones urbaines, en augmentant l’imperméabilisation des sols, soustrait à l’infiltration des eaux de pluie des surfaces de plus en plus importantes. Cette imperméabilisation accrue est susceptible d’aggraver les effets du ruissellement pluvial sur le régime hydrologique et la qualité des eaux des milieux récepteurs. Elle peut conduire, dans des situations extrêmes, à mettre en jeu la sécurité des populations.

Un bassin d’eau est créé, constitué par l’ensemble des eaux de ruissellement sur l’emprise du terrain. Ces eaux de ruissellements constituent une réserve d’eau pour les pompiers en cas d’incendie. Afin de répondre aux normes liées à cet usage, un appoint automatique est fait par l’eau du réseau public afin de maintenir un niveau constant. Enfin, cette réserve d’eau peut également servir à l’arrosage des aires d’exercice, ou d’autres espaces. Dans ce cas, une pompe de relevage est prévue pour permettre l’alimentation de canons d’arrosage automatique.

Le bâtiment accueillant les locaux d’accueil ou d’habitation

Dans ce cas nous allons chercher à répondre aux exigences du référentiel énergétique choisi, devant se généraliser vers des constructions labelisées BBC (Bâtiment Basse Consommation).

Le bâtiment accueillant les chevaux

cheval femme ecurie © A. Bassaler
© A. Bassaler

Il s’agit de la recherche de la mise en oeuvre des réponses techniques précises pour satisfaire aux objectifs de limitation des consommations d’énergies, d’utilisation des énergies renouvelables et de valorisation des calories produites dans les écuries, en particulier durant la période allant de mi-février à mi-juin, afin de minimiser au maximum les émissions associées.

Dans cette perspective de maîtrise des économies d’énergie, d’utilisation d’énergies renouvelables et pour quantifier le potentiel énergétique disponible à l’intérieur des écuries, il est possible d’engager, associé à un bureau d’études, une étude thermique dynamique du futur bâtiment. Cette étude permet d’appréhender, heure par heure dans les conditions météorologiques locales, le comportement de la future construction, en prenant en compte son occupation et en testant les différentes solutions constructives envisagées.

Le photovoltaïque

Principe de raccordement d'une installation photovoltaïque.

Les équipements équestres disposent très souvent de surfaces importantes de toitures sur lesquelles il est possible d’intégrer des panneaux solaires photovoltaïques. Cette solution présente aujourd’hui un avantage financier qui est exploité.

Cependant, s’il est possible d’apporter des réponses innovantes et techniques dans l’élaboration de nouveaux systèmes photovoltaïques intégrés, il est important d’inclure cette démarche dans une réflexion globale. En effet, faut-il installer une grande puissance photovoltaïque pour obtenir un meilleur dédommagement économique par le rachat de l’énergie produite à un tarif avantageux, ou est-il plus eco-responsable de produire de l’électricité photovoltaïque pour sa consommation propre en premier lieu et d’en réinjecter le surplus dans le réseau public. Cette dernière démarche permet d’apporter une réflexion plus spécifique sur ses modes de consommation, et sur les économies possibles.

La récupération des eaux pluviales

L’eau de pluie collectée à l’aval de toitures inaccessibles peut être utilisée pour des usages domestiques extérieurs au bâtiment, pour l’évacuation des excrétas et le lavage des sols à l’intérieur des bâtiments et, à titre expérimental et sous conditions, pour le lavage du linge. Ainsi les eaux pluviales seront réutilisées pour la douche des chevaux grâce à un système de filtrage, pour les chasses d’eau des toilettes et pour l’arrosage des carrières.

Un exemple de projet

exemple de projet éco-responsable

exemple de projet éco-responsable photo

La pensée globale

Pour parvenir à ce type de démarche, il faut un réel engagement collectif dans la mise en oeuvre du projet, que l’architecte prenne clairement une attitude environnementale, tout en permettant un échange des expériences, sollicitant un engagement partagé de tous les acteurs.

L’impulsion politique du Grenelle de l’environnement a permis la mise en place d’une volonté sur le long terme, sollicitant un nombre considérable d’acteurs et permettant un dialogue ouvert et engagé. Cette attitude d’écoute a encouragé la participation de nombreuses personnes, pouvant enrichir les expériences en cours, et ainsi établir une nouvelle forme de projection horizontale.

Il reste que dans une approche environnementale, il est indispensable de pouvoir évaluer économiquement la charge de cette approche afin de permettre sa compréhension. C’est dans ce but qu’a été développée la notion de coût global sur la durée de vie des bâtiments, qui permet de distinguer deux positions différentes. Celle des particuliers qui financent, construisent et occupent leur bien et celle souvent radicalement différente des institutionnels, privés ou publics qui peuvent soit financer, soit construire, soit occuper un bien (ou les trois à la fois).

La construction verte est aujourd’hui un mouvement en pleine expansion, bien que le grand public y reconnaisse des avantages en matière de santé ou de respect de l’environnement, il reste convaincu que ceux-ci ne sont possibles qu’au prix de surcoûts substantiels et injustifiables.

Le secteur de la construction consomme cependant une grande partie des ressources, que ce soit d’eau, de bois, des énergies etc., utilisés par notre économie. S’il apparaît que les bâtiments verts sont rentables, l’adoption généralisée des principes de construction environnementale pourrait ouvrir des voies prometteuses pour répondre aux défis actuels :

  • répondre aux coûts croissants engendrés par la saturation des réseaux en fournitures d’électricité. En imaginant de nouvelles formes de tarification et un ajustement marginal des prix en fonction de la saturation des réseaux permettrait aux gestionnaires de bâtiments verts de tirer profit de leur moindre demande électrique ;
  • réduire ou ralentir le renchérissement des prix du gaz et de l’électricité en limitant la demande d’énergie par la construction et/ou la rénovation environnementale ;
  • contribuer à réduire la pollution due aux combustions fossiles ;
  • contribuer à rencontrer des objectifs de réduction des émissions fixés par l’Agence pour la Protection de l’Environnement ;
  • améliorer la productivité par un cadre de vie et de travail plus sain et confortable. Les différentes études d’estimation du surcoût sont essentiellement américaines, du moins ce sont elles qui détiennent le plus de chiffres précis. Nous allons donc nous baser sur ces données afin de tenter de les comprendre. Le label américain LEE D (leadership in energy and environmental design) offre un cadre de référence et de certification pour la construction de qualité environnementale.

D’après une étude menée auprès de plusieurs dizaines d’architectes et gestionnaires américains, concernant 40 bâtiments verts comparés à une version conventionnelle, le surcoût est légèrement supérieur a 2%, principalement dû aux études préalables en architecture et ingénierie.

En règle générale, nous pouvons aisément concevoir que, plus tôt les principes de conception environnementale sont intégrés en phase de projet, plus les coûts sont réduits.

De plus, l’investissement supplémentaire par rapport aux objets conventionnels comparables peut être de 10% au maximum afin de rester dans un ratio de retour sur investissement raisonnable, estimé à 9 ans. Enfin une pensée plus globale du projet, avec peut être une exigence plus faible quant au tout renouvelable qui favorise des combinaisons d’énergies fossiles et renouvelables, devrait pouvoir permettre une transition en douceur vers une prise de conscience globale sur l’impact de l’architecture sur son environnement, en favorisant les aménagements.

En savoir plus sur nos auteurs
  • K. Le Bot

Bibliographie

  • Extrait d'un article de la revue Equ'Idée n°69, Hiver 2009
Pour retrouver ce document: www.equipedia.ifce.fr
Date d'édition : 14 05 2024

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