Entretenir le matériel de sellerie permet d'assurer la sécurité des pratiques équestres en vérifiant régulièrement l'état des harnachements utilisés. La qualité du cuir, de la bouclerie et la méthode d'entretien auront une incidence sur sa résistance à l'usure et au temps. Le lieu de stockage est aussi à prendre en compte pour maintenir la qualité de l'harnachement.
Le cuir utilisé en sellerie-harnachement doit de préférence être issu de peaux de bovins (les races à viande offrent la meilleur qualité de cuir tanné). Le cuir issu de peaux de buffle est aussi très commercialisé pour le matériel d'importation. Son cuir est plus souple, mais peu dense et lorsqu'il prend l'humidité, a tendance à se déformer.
Lorsque l'aspect du cuir neuf est très brillant à l'achat, il faut se méfier de sa qualité. Le cuir neuf doit être plutôt mât et on doit apercevoir le « veinage » (lignes des veines de la peau et des plis du cou). Alors, il n'a pas été "maquillé" (finition aniline, c'est à dire plongée dans un bain de pigments), ou peint et couvert après un ponçage pour cacher les défauts.
Le tannage est l'opération qui permet de transformer la peau putrescible (qui pourrit) de l'animal en cuir imputrescible. Cette succession d'opérations consiste à éliminer l'épiderme (poils, laine) et l'hypoderme (tissus graisseux sous cutanés) pour ne conserver que le derme. La peau de bête est transformée en cuir grâce à différents agents.
Les agents de tannage sont broyés et mélangés à de l'eau pour former le « tan ». La peau est ensuite trempée dans des foulons (tonneaux tournants) avec les agents de tannage formant un bain.
Le tannage végétal est réalisé à partir d'écorces de bois, de racines et de feuilles.
Le tannage minéral : des sels de chrome sont utilisés à la place des matières végétales dans le mélange aqueux.
Le tannage minéral est la technique la plus rapide, procurant un cuir plus résistant et demandant moins d'entretien. En revanche, le cuir est moins joli, il se patine moins bien et a une durée de vie inférieure par rapport au cuir tanné au végétal. On reconnaît le tannage végétal facilement à la tranche, non teintée qui est grise).
Sur les boucles à rouleau, on vérifiera que le rouleau tourne bien et qu'il est bien jointé.
La couture doit être droite et bien serrée.
Les passants libres doivent se mettre sans forcer avec deux doigts. Si le passant est trop serré, le cuir finit par se friper.
Vérifier que les trous sont en face des ardillons et sont suffisamment formés. En effet, des trous trop petits incitera à forcer sur le cuir pour rentrer l'ardillon ce qui déchirera le cuir.
Entretien du matériel
Pourquoi entretenir le matériel ?
Vérifier le matériel :
C'est l'utilisation quotidienne du matériel de sellerie qui rend le cuir souple et conforte sa longévité. Le cuir n'est pas une matière vivante au sens premier du terme, par contre, il va réagir différemment aux conditions auxquelles il est soumis en s'humidifiant avec l'air et la sueur du cheval et en se durcissant en séchant.
L'entretien de l'harnachement du cheval permet de vérifier l'état des coutures et de la bouclerie, tâche essentielle pour prévenir les accidents.
On vérifiera principalement l'état du cuir et les coutures des zones de frottement et des enchapures (retour de cuir sur une boucle) notamment au niveau des licols, étrivières, rênes et sangle.
La vérification des mors est tout aussi importante. En effet, l'usure des mors provoque du jeu et un décalage entre les canons et l'olive du mors. Il n'est alors plus utilisable, risquant de blesser la commissure des lèvres du cheval.
Entretenir le cuir :
Passer au savon glycériné le cuir le plus souvent possible lorsque le matériel est utilisé tous les jours, permettra de conserver sa souplesse.
Il faut dans un premier temps retirer la boue avec une brosse souple puis une éponge avec de l'eau savonneuse. On utilisera du savon glycériné, du savon de Marseille ou du savon noir. Les éponges trop abrasives sont à éviter pour limiter les rayures. Les coutures seront nettoyés avec une brosse douce. Le cuir peut être enduit d'eau savonneuse, cela va mousser et peut-être laisser des traces. Il suffira de l'essuyer ensuite avec un torchon. Proscrire tout séchage sur une source de chaleur vive : radiateur, plein soleil…
Une fois séché à l'air après le savonnage, on va nourrir à nouveau le cuir au savon glycériné ou à la graisse s'il est trop sec. Le graissage se réalisera environ 3 fois par an pour du matériel utilisé tous les jours. L'huile de paraffine dont le pH est neutre ou du baume à cuir sont conseillés plutôt que l'huile "type pied de boeuf ». On évitera de graisser les contre sanglons et le siège de la selle qui ont tendance à se détendre lorsqu'ils sont enduits.
La bouclerie en inox n'a pas besoin d'entretien particulier puisqu'elle ne s'oxyde pas.
En revanche le laiton ou laiton nickelé peut présenter du vert de gris, issu de l'oxydation du cuivre qu'ils contiennent. On peut nettoyer au produit type « mirror » à base d'anti-oxydants, mais attention à ne pas tâcher en même temps le cuir. On évitera d'enduire les mors avec ces produits .
Comment entretenir le cuir neuf ?
Lorsque l'on achète la briderie, elle est déjà bien graissée et prête à l'emploi.
Le cuir neuf prendra une patine naturelle s'il n'est pas trop graissé avant utilisation. Si le cuir acheté est trop graissé, trop gorgé d'huile, il va avoir tendance à se détendre et se déformer rapidement. Ainsi un cuir neuf, mou ou trop souple n'est pas forcément un gage de qualité.
Un cuir neuf de bonne qualité a de la tenue et est légèrement raide. Il aura tendance à moins se déformer et prendra naturellement les bons « plis » au fur et à mesure de l'usage.
Si le moisi sèche, c'est plus grave car il va attaquer le cuir. Donc le cuir n'aime pas forcément l'alternance d'ambiance confinée humide ou trop sèche.
Comment entretenir le cuir qui a durci ?
Lorsque le matériel a vraiment durci par manque d'usage, on peut le plonger entièrement dans de l'eau savonneuse glycérinée ou à base de savon de Marseille. Surtout ne pas essayer de démonter les boucles durcies en forçant, cela abîmerait le cuir. On attendra que le cuir soit mou pour défaire les boucles.
Ensuite brosser et passer au savon glycériné en alternant avec des séchages jusqu'à ce que le cuir retrouve sa souplesse (s'il est récupérable!). Nourrir ensuite le cuir à l'huile de paraffine ou à la graisse avant que le cuir n'ait redurci.
Lorsque le matériel sert peu, il est conseillé de le faire vérifier par un sellier avant usage.
Où stocker le matériel ?
Le matériel de sellerie doit être entreposé dans une pièce aérée et tempérée. Elle peut être chauffée en hiver si la pièce est très humide. On évitera de stocker le cuir en tous cas dans une cave.
Il faudra combattre les rongeurs (souris, …) qui peuvent s'attaquer au cuir et aux couvertures.
La briderie sera disposée sur des portoirs arrondis pour éviter la déformation du cuir. Les selles seront entreposées sur des porte-selles ou tréteaux en veillant à placer un tissu en dessous pour limiter le contact entre le cuir et les parties abrasives du portoir.
On évitera de laisser sécher la sangle et les tapis sur le siège de la selle en les disposant plutôt à côté que dessus. Pour limiter les traces des étriers relevés sur le quartier de la selle (salissure et usure), des vieilles chaussettes utilisées comme manchons peuvent recouvrir les étriers en contact.
Où stocker le matériel que l'on utilise rarement ?
Il faudra choisir un local à 20°C et 50% d'humidité en évitant le stockage à proximité d'une source de chaleur. Il est conseillé de nourrir régulièrement le cuir peu utilisé pour maintenir sa souplesse et favoriser sa longévité.
En savoir plus sur nos auteurs
Raphaël RIVARD Formateur sellerie - Ifce
Pauline DOLIGEZ Ingénieure de projets & développement « Alimentation et entretien des équidés » IFCE
