Minimiser les impacts du transport

Lors du transport, les moments les plus délicats pour le cheval comme pour le manipulateur sont le chargement et le déchargement. Ils engendrent du stress et parfois de la peur chez les chevaux, surtout lors des premiers voyages. Le savoir-faire du manipulateur est alors crucial.

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Niveau de technicité :
Embarquement d'une jument et de son poulain © M. Dhollande
Sommaire

L'éducation au transport

minimiser les impacts du transport
Eduquer les chevaux à embarquer est essentiel © A. Laurioux
Un début difficile lors des premiers transports peut amener à des chevaux difficiles à transporter dans le futur. Les jeunes chevaux sont donc particulièrement sensibles lors des premiers transports et nécessitent toute notre attention (Andronie et al., 2009).

En cas de problème avéré lors des transports chez un cheval - manœuvre d’évitement, réaction de peur, sudation très importante - le cheval devra passer par une rééducation au transport afin de pouvoir voyager sereinement par la suite (Boureau et Gaultier, 2002). Pour éviter cela, il ne faut pas hésiter à habituer le cheval très jeune au transport et à toujours conduire avec prudence.


Les premières manœuvres que le cheval doit apprendre se font au sol. En effet, selon la configuration des véhicules, le cheval doit savoir reculer, faire un demi-tour autour des épaules ou encore déplacer ses hanches sur demande. Par la suite, le cheval doit être habitué à embarquer et débarquer sans pour autant effectuer de trajet. Enfin, les jeunes chevaux peuvent être habitués au transport sur de très courtes durées afin que le véhicule leur devienne familier. Ne pas attendre la veille d’un voyage important pour présenter le véhicule au cheval !

Les premiers trajets sont primordiaux, ces derniers doivent se passer au mieux. Préférez les autoroutes ou nationales peu sinueuses et adapter votre conduite. En effet, le conducteur contribue grandement à un voyage serein en adoptant une conduite souple.

Si la mère embarque et voyage bien, elle peut être un modèle idéal pour le poulain. Elle facilitera son éducation : embarquement, voyage, débarquement, et sa présence rassurera le jeune cheval.

Un voyage dans de bonnes conditions

Lors de tout trajet, il est important de vérifier son matériel et cela passe par quelques points clés :

  • L’endroit du passage des roues : vérifier qu’il n’y ait pas de gêne pour le cheval ;
  • L’état des suspensions ;
  • L’état du dispositif de freinage ;
  • Le fonctionnement des aérations ;
  • Les points d’attache : les chevaux étant la plupart du temps attachés pour éviter qu’ils ne se retournent, il est préférable de disposer d’une sécurité permettant la libération du cheval en cas de problème ou de chute ;
  • La présence et l'état des barres de poitrail ;
  • L’état des bat-flancs ;
  • Le sol ;
  • Le pont ;
  • La ou les porte(s) d’accès rapide.

Voir aussi la fiche sur la réglementation du véhicule transportant des chevaux.

Avant même de monter dans le véhicule, les chevaux doivent être équipés de protections de transport. Les protections les plus courantes sont celles du bas des membres, des jarrets et des genoux. Des cloches peuvent aussi être mises afin de protéger les glomes. Il est aussi préférable d’utiliser un protège-queue, surtout pour les chevaux s’acculant. Dans le cas de grands chevaux, et surtout si le véhicule est bas, il est indispensable que le cheval soit muni d’un protège-nuque.

Lors du voyage, il est préférable de laisser du foin à volonté pour les chevaux. Il faut faire attention toutefois au mode de distribution. En effet, les filets à foin classiques peuvent être source de blessure s’ils sont placés trop bas (atteignable par les antérieurs lors de coup de pied) ou trop près du cheval qui va inhaler les poussières du foin. L’idéal est de placer le foin dans les auges lorsque le véhicule en est équipé. Le foin distribué doit être de bonne qualité mais il doit surtout être le moins poussiéreux possible, afin d’éviter les problèmes respiratoires qui pourraient apparaitre dans l’espace clos qu’est le véhicule.

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© A.C. Grison
Il est conseillé de s’arrêter toutes les 4 à 6 heures minimum afin d’abreuver les chevaux. Il faut éviter la distribution de concentrés afin de réduire le risque de coliques qui pourrait être causées par le stress. Toujours dans le but de limiter les risques de coliques, il faut veiller à ce que le cheval ne boive pas trop vite lors des pauses. Certains chevaux peuvent refuser de se réhydrater à cause du stress. Dans ces situations, il est possible de mouiller du foin afin que le cheval puisse tout de même disposer d’un moyen de réhydratation ou encore d’habituer les chevaux à boire de l’eau aromatisée avec des gouts qu’ils apprécient.


Regarder les signes de stress lors du transport (cortisol, fréquence cardiaque, comportement). Ces derniers sont diminués lorsque les chevaux voyagent à deux ou plus : il est donc préférable de les faire voyager à plusieurs par véhicule en stalles individuelles. Une astuce peut consister à placer un miroir ou une surface réfléchissante en face du cheval dans le véhicule. Il a été constaté une réduction des comportements de stress (vocalise, balancier de la tête…) par rapport à un voyage effectué seul.

Un temps de repos nécessaire à l'arrivée

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© O. Macé
La plupart du temps, les trajets sont effectués pour se rendre sur un lieu de compétition, de courses, d’entrainement... qui vont demander un effort physique important au cheval. Il est donc nécessaire de prévoir un temps de repos après le transport afin que le système musculo-squelettique du cheval, sollicité pendant le transport, revienne à la normale avant de commencer un nouvel effort (Lafon, 2009).

Afin de prévenir les raideurs musculaires après un long trajet, il est conseillé de faire marcher les chevaux en main pour aider à l’élimination des toxines musculaires accumulées.


Les deux ou trois jours après un transport de longue durée (plus de 8 heures), les chevaux doivent être surveillés notamment au niveau de la température et de la respiration.

Lorsque le véhicule s’arrête, si cela est possible, les chevaux ne doivent pas rester dedans, surtout s’il fait chaud comme en été. Dans le cas où les chevaux ne peuvent pas être débarqués, par exemple pause réglementaire, arrêt pour déjeuner et/ou parkings inadaptés, il est préférable de se garer à l’ombre pour le temps de la pause ou de disposer d'un système de ventilation dynamique.

En savoir plus sur nos auteurs
  • M. ODELL
  • Clothilde DUBOIS Formatrice IFCE
  • Isabelle BARRIER-BATTUT Docteur vétérinaire - formatrice IFCE

Bibliographie

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  • Center for equine health, 2003. Transporting horses : Minimizing the stress. The horse report, n°21.
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  • PARISET G. et LARCHER C., 1999. Synthèse bibliographique : Transporter les chevaux. Equ'idée, n°36.
  • HARRY N., 2004. A chacun son transport… Pourvu que tout se passe bien. Cheval Santé, n°30.
  • KAY R. et HALL C., 2009. The use of a mirror reduces isolation stress in horses being transported by trailer. Applied Animal Behaviour Science, n°116.
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  • SELLNOW L., 2005. Improving travel conditions. The Horse.
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Pour retrouver ce document: www.equipedia.ifce.fr
Date d'édition : 14 05 2024

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