La dourine

La dourine est une maladie parasitaire contagieuse qui atteint les équidés, avec un taux de mortalité très élevé. Il s'agit d'une maladie réglementée exotique.

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Par Laurent HÉBERT - | 12.10.2022 |
Niveau de technicité :
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Sommaire

Épidémiologie de la maladie

La maladie est présente en Afrique australe et orientale, au Moyen-Orient, en Asie Centrale et sporadiquement en Amérique du Sud.

Depuis la fin d’une épizootie de dourine survenue en Italie en 2011, l’Europe est considérée indemne de dourine.

Transmission de la dourine et contamination

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L’agent infectieux de la dourine, Trypanosoma equiperdum, est un protozoaire flagellé. Observation en microscopie électronique (x 10 000) © S. Cauchard
La dourine est la seule trypanosomose animale qui ne soit pas transmise par un vecteur invertébré. L’agent pathogène responsable de l’infection est un protozoaire : Trypanosoma equiperdum (cf. image ci-contre).

La transmission se fait majoritairement par voie sexuelle lors de la saillie, de l’étalon à la jument principalement, mais aussi de la jument à l’étalon. Le parasite est présent dans le liquide séminal et les exsudats muqueux du pénis et du fourreau du mâle infecté, ainsi que dans le mucus vaginal de la femelle infectée. Les trypanosomes n’étant pas présents en permanence dans le tractus génital, la maladie ne se transmet pas nécessairement à chaque saillie par un animal infecté.

Plus rarement, les juments infectées peuvent transmettre l’infection à leur poulain avant la naissance ou par le lait.

Dans l’environnement, le parasite est très fragile et meurt en quelques heures.

Quels sont les signes cliniques de la dourine ?

La période d'incubation est variable, elle peut être de quelques jours ou se prolonger jusqu'à plusieurs mois. Les signes cliniques peuvent inclure : fièvre, anémie, émaciation, œdèmes locaux des organes génitaux et des glandes mammaires, éruptions cutanées, incoordination et paralysie faciale. Ils apparaîssent généralement après quelques semaines, mais peuvent n'être détectés qu'après plusieurs années.

La maladie est marquée par des stades d'exacerbation, d'accalmie ou de rechute, qui varient en durée et qui peuvent apparaître une ou plusieurs fois avant la mort.

Les symptômes peuvent dépendre de la souche infectante ou de l'animal, en fonction notamment de son origine, de son état général ou encore de facteurs de stress auxquels il est soumis. La maladie se développe en deux phases principales :

  • La première phase est caractérisée par l'infection des organes génitaux externes, puis par la dissémination du parasite dans le sang et les tissus de l’animal, pouvant provoquer l’apparition de plaques cutanées.
  • Pendant la seconde phase, le parasite envahit le système nerveux central, provoquant l’apparition de symptômes nerveux (abattement, asthénie, ataxie…) qui évoluent vers la paralysie et la mort de l’animal.

Des formes chroniques ou atypiques peuvent également survenir.

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Hongre atteint de la dourine © F. Claes
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Infection des organes génitaux externes (ici chez un hongre) © F. Claes

Similitudes avec le surra

Trypanosoma evansi est le parasite responsable du surra. Les dernières avancées scientifiques ont montré que les appellations Trypanosoma equiperdum et Trypanosoma evansi ne décrivaient pas des groupes homogènes de parasites, mais rassemblaient plusieurs groupes génétiques distincts liés étroitement aux souches de Trypanosoma brucei brucei (agent infectieux du nagana, transmit par la mouche Tsé-Tsé). Par conséquent, aucun test moléculaire validé ne permet à ce jour de différencier ces parasites.

Les signes cliniques entre la dourine et le surra étant semblables, le principal critère de distinction de ces maladies réside dans le fait que le surra est transmis majoritairement par des mouches hématophages (taons, stomoxes) alors que la dourine est principalement transmise sexuellement.

Comment diagnostiquer la dourine ?

Le diagnostic définitif dépend de la reconnaissance des signes cliniques et de la mise en évidence du parasite. Il est hélas extrêmement difficile d’isoler le parasite, ce qui fait qu’en pratique le diagnostic repose sur les caractéristiques cliniques confirmées par la sérologie.

Les anticorps humoraux sont présents chez les animaux infectés, avec ou sans signes cliniques. La technique sérologique officielle utilisée pour les échanges internationaux d’équidés est le test de fixation du complément. Cette technique est spécifique du genre Trypanosoma, mais elle n’est pas spécifique d’une espèce trypanosomienne.

Prévention et traitement de la dourine

Les possibilités de traitement sont limitées, voire nulles, en raison de l’incapacité des traitements à atteindre les parasites localisés dans le système nerveux central de l’animal. Ainsi, la prophylaxie est actuellement basée sur des mesures zoosanitaires : identification et isolement des équidés infectés, puis castration et éventuellement abattage.

Réglementation

Depuis l’application de la Loi de Santé Animale le 21 avril 2021, la dourine est classée dans la catégorie « D+E » : obligation de déclaration, de surveillance et de certification aux échanges.

Au niveau international, un pays est reconnu indemne de dourine quand : 1) l’abattage sanitaire des équidés atteints de la maladie a été pratiqué, 2) aucun cas clinique de dourine n’a été observé durant les deux dernières années et 3) les étalons en service ont fait l’objet, pendant deux années consécutives, d’une recherche de la dourine au moyen d’une épreuve de diagnostic dont le résultat s’est révélé négatif (code terrestre de l’OMSA).

Cette fiche a été rédigée dans le cadre d'une collaboration entre l'IFCE et l'ANSES, au sein de l'Unité Mixte Technologique (UMT) SABOT (SAnté et Bien-être des équidés - Organisation et Traçabilité de la filière équine).
En savoir plus sur nos auteurs
  • Laurent HÉBERT Responsable LNR « Dourine », responsable « Dourine et Surra » au sein du LRUE « Maladies équines », expert de l'OMSA au laboratoire de référence OMSA pour la dourine - ANSES, Laboratoire de Santé Animale, site de Normandie, Unité PhEED

Bibliographie

  • CLAES F., BÜSCHER P., ILGEKBAEVA G. et TOURATIER L. (2005). Vers l’amélioration du diagnostic et du contrôle de la dourine. Pratique Vétérinaire Équine, 37(146), pages 1-9.
  • OMSA (2022). Code sanitaire pour les animaux terrestres (2022) > VOLUME II Recommandations applicables aux maladies > TITRE 12. EQUIDAE > Chapitre 12.3. Dourine.
  • OMSA (2021). Manuel des tests de diagnostic et des vaccins pour les animaux terrestres 2022 > Volume 1 > Partie 3 Maladies listées par l'OIE et autres maladies importantes > Section 3.6. Equidae > Chapitre 3.6.3. Dourine chez les chevaux (infection à Trypanosoma equiperdum).
Pour retrouver ce document: www.equipedia.ifce.fr
Date d'édition : 15 05 2024

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