Les maux de l’été
La période estivale se caractérise par un temps sec, chaud et ensoleillé, qui peut avoir des conséquences sur l’utilisation du cheval, notamment en cas de fortes chaleurs. D’autre part, ce climat favorise un environnement poussiéreux, des terrains durs et une exposition plus importante aux rayons UV, qui peuvent avoir un impact négatif sur les chevaux, en particulier ceux hébergés à l’extérieur. L’été représente aussi la saison de prolifération des insectes ailés, qui sont source de gêne mécanique, mais peuvent aussi transmettre des maladies. Nous verrons ici comment prévenir ces désagréments estivaux.
- Le coup de chaleur
- Les coups de soleil et la photosensibilisation
- Sécheresse et intoxications
- Maladies associées aux insectes ailés
- Des pieds secs et cassants
- Un environnement poussiéreux
- Ce qu’il faut retenir
Le coup de chaleur
Le coup de chaleur correspond à une hyperthermie importante, responsable d’un dysfonctionnement des organes internes qui peut être mortel. Ce coup de chaleur est favorisé par un travail intense ou un transport lors de fortes chaleurs, particulièrement lors d’humidité associée. En été, il faut donc surveiller que le cheval puisse s’abreuver régulièrement et en quantité suffisante. Un abri, qu’il soit naturel ou artificiel, permet de protéger les équidés des fortes chaleurs. Les séances de travail et les transports doivent être déplacés aux périodes les moins chaudes de la journée.
Les coups de soleil et la photosensibilisation
Les chevaux à la peau rose sont plus sensibles aux rayons UV, en particulier au niveau des zones glabres (sans ou avec peu de poils) comme par exemple autour des yeux et sur le bout du nez. Ces zones dépigmentées absorbent plus les rayons UV que les zones pigmentées. En été, ces chevaux peuvent présenter des brûlures qui se caractérisent par une rougeur et une sensibilité de la peau qui peut peler.
Ces réactions peuvent être plus graves en cas de photosensibilisation. On observe alors une tuméfaction et des croûtes. Elles sont dues à l’accumulation d’agents photosensibilisants dans la peau, par ingestion ou contact direct de la peau avec certaines plantes (millepertuis, trèfle blanc…) ou médicaments (tétracyclines…). Les plantes contenant des alcaloïdes pyrrazolés, comme le séneçon, sont à l’origine de troubles hépatiques et provoquent également une photosensibilisation.
Enfin, une exposition répétée des chevaux à peau rose aux rayons UV peut favoriser l’apparition de tumeurs cutanées, notamment en région oculaire.
Afin de prévenir ces coups de soleil douloureux, il est possible :
- D’utiliser des masques couvrant les oreilles et le bout du nez, voire des couvertures intégrales anti-UV.
- De rentrer les équidés à l’intérieur aux périodes où les rayons solaires sont les plus forts (entre 12h et 15h).
- D’appliquer de la crème solaire sur les zones glabres et dépigmentées. Ces applications doivent être fréquentes car le cheval retire facilement la crème en broutant de l’herbe humide ou en buvant. L’oxyde de zinc est plus résistant à l’eau. Il est déconseillé d’en appliquer autour des yeux.
Sécheresse et intoxications
La période estivale est également une période propice aux intoxications par certaines plantes résistantes à la sécheresse du fait d’une diminution des ressources alimentaires en herbe dans les prairies. Celle-ci favorise la consommation de plantes habituellement délaissées par les chevaux. Deux intoxications sont particulièrement concernées :
- L’intoxication au séneçon, responsable de troubles digestifs et nerveux.
- L’intoxication à la porcelle enracinée, à l’origine de troubles locomoteurs : harper de forme australienne.
- L'intoxication au millepertuis, entraînant une photosensibilisation.
Maladies associées aux insectes ailés
Au pré, le harcèlement par les insectes peut induire une modification du budget-temps du cheval, c'est-à-dire de la répartition dans la journée du temps accordé aux activités telles que l'alimentation, le repos debout ou couché, les déplacements...
Ces insectes peuvent irriter la peau et provoquer des démangeaisons, voire une hypersensibilité, à l’origine d’un prurit important. La dermatite estivale récidivante se manifeste cliniquement du printemps jusqu’à l’automne, mais les signes cliniques (crins cassés, plaies, épaississement de la peau en regard principalement de la croupe et de l’encolure…) sont plus marqués en été du fait de la présence en grande quantité de moucherons dans l’environnement, responsables de cette hypersensibilité.
Par irritation mécanique ou transport d’agents pathogènes (bactéries, virus, parasites), les mouches peuvent favoriser les conjonctivites. Elles se manifestent par une fermeture des paupières, un écoulement oculaire et des muqueuses oculaires rouges et gonflées.
Les mouches peuvent également déposer des larves parasitaires d’habronèmes au niveau des conjonctives (à l’origine de conjonctivites) ou sur des plaies. Les larves peuvent alors provoquer un bourgeonnement exacerbé de la plaie qui ne cicatrise pas. Ces lésions très prurigineuses régressent en hiver mais réapparaissent au printemps suivant. On parle d’habronémose larvaire ou plaie d’été. Ces lésions semblent rares en France, mais pourraient être plus fréquentes dans le sud.
Les mouches sont également responsables de myiases cutanées. Elles peuvent pondre des œufs en regard des plaies. Les asticots qui sortent des œufs se développent en se nourrissant des sécrétions et tissus organiques morts et participent ainsi au nettoyage de la plaie. Malheureusement, certaines espèces s'attaquent également aux tissus sains, aggravant les lésions et pouvant être à l'origine d'une infection secondaire. D’autre part, ils peuvent constituer une forte gêne pour les chevaux.
Certains insectes transmettent des maladies infectieuses, en particulier deux maladies réglementées par l’État :
- L'anémie infectieuse des équidés, qui se transmet entre équidés par les piqûres d’insectes, en particulier de taons.
- La fièvre de West-Nile, qui se transmet au cheval par piqûres de moustiques du genre Culex, eux-mêmes contaminés auprès d’oiseaux infectés.
Des pieds secs et cassants
En été, les sols secs et durs, en particulier lorsqu’ils ont été abimés par les chevaux lors de périodes humides, sont abrasifs pour les pieds des chevaux. L’usure de la corne est plus rapide et peut entraîner des inconforts, en particulier chez les chevaux avec des pieds plats.
La corne est également plus sèche et cassante, ce qui favorise l’apparition de seimes. Un entretien avec des huiles végétales ou de l’huile de foie de morue, ainsi qu’un parage régulier, sont conseillés.
Un environnement poussiéreux
La rhodococcose est une maladie bactérienne affectant le poulain de moins de 6 mois, à l’origine principalement d’une bronchopneumonie. La maladie se transmet au poulain par inhalation de poussière contaminée par la bactérie.
Cet environnement poussiéreux peut également exacerber les signes cliniques respiratoires chez les chevaux atteints d’asthme équin.
La prévention passe notamment par la diminution de l’exposition de ces équidés à la poussière, par exemple en :
- Arrosant les surfaces de travail et les zones de passage.
- Leur réservant les paddocks et prairies les plus enherbées.
- Déplaçant régulièrement les zones d’abreuvement et d’alimentation soumises au piétinement.
Ce qu’il faut retenir
• Limiter l’exposition des chevaux à la poussière.
• Héberger les équidés dans des prairies éloignées des fumières et de points d’eau favorables à la multiplication des insectes.
• Mettre à disposition des chevaux des abris, qu’ils soient naturels ou artificiels.
• Protéger les chevaux à peau rose des rayons UV.
• Éviter les séances de travail et les transports aux heures les plus chaudes de la journée.
• Apporter du foin aux équidés en cas de diminution des ressources herbagères.
En savoir plus sur nos auteurs
- Marie DELERUE Docteure vétérinaire - experte sanitaire spécialité équine et ingénieure de recherche & développement IFCE
Bibliographie
- LOVING N.S. (2017). Burning up : photosensitization and sunburn in horses. Thehorse.com [en ligne]. Disponible sur : https://thehorse.com/17869/burning-up-photosensitization-and-sunburn-in-horses/
- GUILLOT J., BEUGNET F., FAYET G., GRANGE E. et DANG H. (2005). Abrégé de parasitologie clinique des équidés - Volume 1 : parasitoses et mycoses externes. Kalianxis, pages 144-157.
- CLARIN A. (2006). Contribution à l’étude de l’habronémose cutanée chez les équidés - Recherche de larves d’habronèmes dans les plaies de chevaux du sud-ouest de la France. Thèse pour obtenir le grade de docteur vétérinaire, Université Paul-Sabatier, Toulouse.