Biosécurité : la prévention, un réflexe contre les maladies !

Cette fiche présente les grands principes de la biosécurité en une approche préventive, visant à limiter les risques d’introduction, de circulation et de propagation des principales maladies qui peuvent toucher les structures accueillant des chevaux. Face à un risque donné, il y a souvent plusieurs moyens d’intervention. C’est à l’éleveur de retenir, avec l’aide de son vétérinaire, ce qui est le plus approprié pour son écurie.

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Niveau de technicité :
biosécurité
Sommaire

Les obligations sanitaires réglementaires

Les mesures sanitaires proposées dans ce document ne se substituent en aucun cas aux obligations sanitaires réglementaires.
Obligations relatives à la détention
Obligations relatives à la reproduction
Obligations relatives à la compétition

Comprendre la biosécurité

Les micro-organismes (bactéries, virus, certains champignons…) ainsi que les parasites (internes et externes) sont présents en grande quantité dans l'environnement. Certains provoquent des maladies : ils sont dits pathogènes.

La biosécurité consiste à appliquer des mesures simples (dont certaines peuvent être appelées « gestes barrières ») afin de prévenir et limiter les maladies.

L'objectif est d'agir à différents niveaux, sur :

  • L’introduction d’agents pathogènes (bactéries, virus, parasites…) au sein de l’élevage.
  • La dissémination et l’expression clinique des affections déjà présentes dans l’élevage.
  • La propagation vers d’autres élevages.
  • La transmission à l’Homme dans le cas de maladies zoonotiques (rares chez les équidés).
  • La contamination de l’environnement.

Adapter les mesures

Les mesures doivent être adaptées au contexte épidémiologique local, en fonction du risque, des enjeux sanitaires, et être compatibles avec le fonctionnement de la structure.

Entre un particulier ayant un cheval broutant derrière chez lui et une écurie de compétition ou un élevage, les risques, les moyens et les attentes diffèrent. Une analyse préalable des risques propres à votre structure vous permettra de mettre en place un plan de prévention adapté, indispensable à une bonne maîtrise des risques sanitaires.

Le niveau de risque dépend de :

  • La fréquence des contacts avec d’autres chevaux (déplacements, nouveaux arrivants, instabilité des lots…)
  • La taille de l’effectif
  • L’âge des chevaux
RESPE

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Limiter l’introduction de maladies

biosécurité
© IFCE
Pour limiter l’introduction d’agents pathogènes dans votre écurie, il convient de :

  • Définir les zones où seront les animaux présentant des risques et ceux considérés comme sains.
  • Établir un sens de circulation afin de ne pas contaminer ces derniers.

Gestion des accès, zonage et plan de circulation

Qualifier les zones selon les risques

Dans le cas d'un élevage par exemple, il est nécessaire de bien distinguer :

  • La zone d’élevage, réservée aux animaux et personnes autorisées.
  • La zone professionnelle, réservée au stockage des produits entrants (aliments, dont fourrages, litières…), au stockage des produits sortants (fumier) et à la circulation des véhicules et personnes autorisés.
  • La zone publique, dédiée aux intervenants extérieurs non autorisés.

Schéma de structure : gestion des accès, zonage et plan de circulation


En pratique

Matérialiser les différentes zones afin de mettre en place les mesures de gestion et de circulation, via une délimitation (chaines, cordes…) et une signalétique (panneaux, fléchages, affichages) adaptées, indiquant les zones accessibles ou non aux véhicules et aux personnes selon leur statut.

Aménager un point d’eau pour le lavage des mains et des bottes à l’extérieur des bâtiments ou de la zone d’élevage (lave-bottes ou pédiluve) et proposer éventuellement une protection avec des sur-bottes.
Gestion par lots

Un lot d’animaux correspond à un groupe d’animaux ayant le même niveau sanitaire et des conditions de vie semblables.

Prendre en compte le statut sanitaire des équidés

Ne pas mélanger les chevaux de statut sanitaire différent (élevage, compétition, jeunes, adultes…) et avoir du matériel spécifique pour chaque secteur, voire du matériel propre à chaque équidé.

Respecter le principe de la marche en avant

Mettre en place son circuit de soin en réalisant en premier lieu les activités (alimentation, soins, sorties…) des animaux les plus fragiles (jeunes) et des animaux sains (les moins à risque en matière de contamination) puis terminer par les soins aux animaux à risque (malades ou récemment introduits).

Il est impératif de ne jamais revenir en arrière ! Une fois que vous avez commencé à vous occuper des chevaux à risque, il ne faut pas retourner vous occuper des chevaux sains sans vous être désinfecté les mains, les bottes et éventuellement le matériel commun.

Au pâturage, éviter les contacts avec les effectifs voisins
  • Entretenir les clôtures
  • Utiliser des haies ou des doubles clôtures pour éviter les contacts « nez à nez »
  • Privilégier le pâturage alterné
  • Limiter autant que possible (voire éviter) l'abreuvement en commun
Gestion des mouvements

Qu’ils entrent pour la première fois dans vos écuries ou qu’ils reviennent de déplacements, les chevaux représentent un risque d’introduction de maladie(s). C’est la connaissance du statut sanitaire du cheval et de son lieu de provenance qui détermine le niveau de risque.

Nouvel arrivant

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Cheval en paddock d’isolement © K. Flynn

L’isolement, sans contact avec les autres animaux du site, idéalement pendant 3 semaines et accompagné de bonnes pratiques - telles que le respect strict de la marche en avant (voir paragraphe ci-dessus), les sorties différées dans le temps et l’utilisation de matériel dédié (matériel de pansage et harnachement propre à chaque cheval) - est une mesure très efficace.

La durée de l'isolement pourra être réduite selon votre connaissance du statut de l’animal et éventuellement la réalisation de tests de dépistage, de vaccinations ou l’administration d’antiparasitaires.


Retour de déplacement

En plus des nouveaux entrants, il faut accorder un intérêt particulier aux chevaux de retour de déplacement depuis des zones à risques (rassemblements à forte densité, zones de circulation de maladie(s)…) ou présentant une baisse de forme. Il pourrait, dans certains cas, être nécessaire de mettre en place les mesures décrites ci-dessus. Si vous avez le moindre doute, il vaut mieux mettre le cheval à l’isolement.

Véhicules de transport

Les véhicules utilisés doivent être nettoyés de manière approfondie et idéalement désinfectés, avant et après utilisation.

Gestion des vecteurs « animaux »

Limiter au maximum les contacts directs ou indirects entre les chevaux de l’exploitation, les autres animaux domestiques (chiens, chats…) et la faune sauvage (oiseaux, rongeurs, insectes, gibier…). Pour cela :

  • Entretenir les abords de la structure et les clôtures.
  • Éviter l’abreuvement à des points d’eaux accessibles à la faune sauvage.
  • Stocker les aliments (fourrages et concentrés) à l'abri de la faune sauvage.
  • Mettre en place un plan de dératisation et un plan de lutte contre les insectes.
  • Empêcher les contacts avec les autres animaux domestiques.

Limiter l’apparition et la circulation de maladies

Zone d’isolement

Les animaux présentant des signes de maladie (hyperthermie, abattement, troubles respiratoires, diarrhée, lésions cutanées…) peuvent être des sources importantes d'agents pathogènes et représentent un risque majeur de diffusion des maladies au sein de votre effectif. Ils doivent donc être placés en zone d'isolement.

En pratique

• Placez le cheval suspect dans un endroit sans contact direct possible avec les autres animaux et visiteurs, mais en conservant un contact visuel avec ses congénères pour préserver son bien-être.

• Lors des soins quotidiens (entretien du box, soins aux animaux…) appliquez scrupuleusement le principe de la marche en avant.

• Le matériel utilisé en zone d’isolement doit rester en zone d’isolement.

• Les personnes s’occupant des animaux isolés devront se protéger pour ne pas contaminer les autres animaux. Pour cela, il est nécessaire de mettre une cotte et/ou des bottes qui resteront dans la zone d’isolement. Il est aussi possible d’utiliser des casaques jetables, des sur-bottes ou bien de passer dans un pédiluve et de se laver consciencieusement les mains.

• À la fin de l’isolement d’un cheval, il convient de nettoyer et désinfecter le box d’isolement et si possible d’appliquer une période de vide sanitaire (absence complète d’animaux dans ce box). La période peut varier selon les raisons de l’isolement.
Santé, bien-être et prévention

Vous êtes les acteurs incontournables de la santé des animaux présents sur votre structure : les sentinelles, les premiers intervenants, mais surtout les premiers concernés.

La biosécurité est fondée sur la limitation de l’introduction et de la diffusion des agents pathogènes, afin de préserver la santé de vos chevaux. Leur maintien en bonne santé est également conditionné par la qualité de l’alimentation, de l’abreuvement et du confort (hygiène et conditions de vie), la mise en place de mesures préventives adaptées et raisonnées (vaccinations, vermifugations…) et la recherche de conditions de bien-être.

En pratique

Les conditions d’hébergement sont l’un des points essentiels pour garantir la bonne santé de vos animaux :
• Box et/ou abri spacieux et propre ayant une bonne aération et ne présentant pas d’objets blessants.
• Pâture avec des clôtures sécuritaires et bien entretenues.
• Accès à une eau propre.
• Alimentation de qualité, en quantité adéquate selon les besoins de l’animal.

L’observation quotidienne de vos animaux est indispensable. Au moindre doute :
• Prendre la température (anormale au-delà de 38,5°).
• Placer l’équidé ou le groupe d’équidés en isolement.
• Appeler son vétérinaire.
Nettoyage et désinfection

L’hygiène reste un atout majeur dans la gestion des maladies.

Le personnel

Il est important d’informer et sensibiliser l’ensemble du personnel quant aux problématiques de contagion, en rappelant a minima la nécessité :

  • D'une hygiène stricte des mains régulièrement au cours de la journée, et a minima entre les chevaux de statut différent.
  • Du nettoyage et de la désinfection fréquent(e) des bottes.
  • Respect strict de la marche en avant.

Le matériel

Un nettoyage hebdomadaire ou plusieurs fois par semaine peut être nécessaire pour les mangeoires et les abreuvoirs, ainsi que pour les couvertures, tapis, bandages, cuirs…

Les locaux

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© C. Losfeld

L’assainissement des locaux commence par les mesures d’hygiène de base, comprenant l’évacuation quotidienne des déjections et de la litière souillée. Il doit être complété par un curage complet, un nettoyage et une désinfection, réalisés au minimum une fois par an.

La fréquence de désinfection est à adapter selon les besoins ou la situation épidémiologique de l’écurie. Dans tous les cas, un(e) nettoyage/désinfection s’impose pour chaque box se libérant suite au départ d’un cheval, se libérant en fin de période d'isolement ou abritant un cheval suspect.


Le principe

Schéma du protocole de nettoyage et de désinfection des locaux

1) Récolte des déchets ⇒ action mécanique

Élimination de l’ensemble de la matière organique, car cela conditionne l’efficacité des détergents et désinfectants.

2) Nettoyage ⇒ action chimique et physique

Utiliser un détergeant adapté au milieu agricole, respecter scrupuleusement ses conditions d'utilisation et combiner avec l’action physique d’un balai ou d’un jet haute pression.

3) Rinçage

Il est nécessaire de rincer car le détergeant peut inactiver l’action du désinfectant.

4) Désinfection

Il est important de respecter le dosage du produit ainsi que ses conditions d'utilisation, notamment son temps de contact.

Limiter la diffusion de maladies hors de votre structure

Selon l’article L228-3 du code rural, le fait de faire naître ou de contribuer, volontairement ou involontairement, à répandre une épizootie chez les vertébrés domestiques est passible de sanctions.
Identification et traçabilité

En cas d’apparition de maladie contagieuse, il est indispensable de pouvoir identifier avec certitude tous les chevaux qui ont été en contact avec le foyer afin de limiter son extension.

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Lecture d'une puce d'identification © A. Laurioux

Identification

Tout équidé doit être identifié par transpondeur, et accompagné d’un document d’identification et d’un numéro SIRE.

Traçabilité

La traçabilité est possible grâce à votre registre d’élevage. Les informations concernant les mouvements doivent être consignées de façon exhaustive dans la partie « Présence et mouvements des animaux ».


• L'article L214-9 du code rural et de la pêche maritime, complété par l'article L234-1, rend le registre d’élevage obligatoire pour tout détenteur d’équidés (à partir de 1).

• L'article R237-2 du code rural et de la pêche maritime sanctionne le défaut de registre ⇒ contravention de 5ème classe (jusqu'à 1500 €).

• L'arrêté du 05 juin 2000 relatif au registre d’élevage fixe son contenu ainsi que les modalités selon lesquelles il doit être tenu.

Traçabilité = identification + tenue du registre d'élevage
Gestion des déchets

Effluents d'élevage

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© B. Lemaire

Le fumier représente une source potentielle de contamination. Il est recommandé de stocker les effluents à l’écart du parcours emprunté par les visiteurs et les animaux, loin des points d’eau et sur un terrain sans pente.

Le stockage et l’évacuation du fumier sont soumis à la réglementation (règlement sanitaire départemental), afin de réduire les risques de contamination pour d’autres structures et de recontamination de vos chevaux.


Déchets d’activités de soins (DAS)

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Récipients de collecte des DASRI

Les déchets d’activités de soins (DAS) sont de 3 types. Ils doivent être placés dans le bon contenant dès leur production afin d’éviter les contaminations croisées.

La responsabilité de l’élimination des déchets revient à celui qui les produit.

Afin de préserver l’environnement, les restes de médicaments et médicaments périmés doivent être ramenés chez le vétérinaire, même s’ils sont considérés comme des DAS sans risque.


Ne jamais réutiliser les seringues et aiguilles usagées.
Gestion des animaux morts

Les avortons, placentas et cadavres d’animaux doivent être écartés du reste des chevaux et placés à l’abri des autres animaux de l’exploitation ainsi que des prédateurs, et éliminés dans les meilleurs délais vers le clos d’équarrissage. Il est fortement conseillé de prendre des précautions lors de ces manipulations (port de gants…).

Lors de la découverte d’un avorton, conservez-le avec le placenta et prévenez impérativement votre vétérinaire. Il peut s’agir d’un avortement infectieux. Si, après examen, il s’agit d’un placenta normal, il convient de l’éliminer dans un contenant adapté (sac plastique hermétiquement fermé et carton) et vers la filière adaptée (cf. déchets d’activités de soins ci-dessus).

Pour les animaux décédés, il convient de prévenir l’équarrisseur le plus rapidement possible. Il faut éloigner le corps des congénères et le placer dans une zone permettant un accès facile au camion d’équarrissage. L’équarrissage pouvant prendre quelques jours, il est nécessaire de protéger le corps pour que les animaux opportunistes ne l’attaquent pas (corbeaux, renards, chiens, insectes…). Le camion d’équarrissage doit rester le plus éloigné possible de la zone d’élevage.

Pour aller plus loin

Rendez-vous sur :
EquiPass, une application d’autodiagnostic pour les détenteurs d’équidés
► Le site des GDS, pour télécharger des documents relatifs aux bonnes pratiques de biosécurité dans les structures équines
En savoir plus sur nos auteurs
  • Cathy MENARD Chargée de projets sanitaires IFCE
  • Gwenaëlle GRANDCHAMP-RENARD Docteure vétérinaire - experte sanitaire spécialité équine et ingénieure de projets & développement IFCE
  • Marie DELERUE Docteure vétérinaire - experte sanitaire spécialité équine et ingénieure de recherche & développement IFCE
  • Christel MARCILLAUD-PITEL Docteure vétérinaire - directrice du Réseau d’Épidémio-Surveillance en Pathologie Équine (RESPE)
Pour retrouver ce document: www.equipedia.ifce.fr
Date d'édition : 14 05 2024

Fiche réalisée avec nos partenaires

RESPE

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