De la naissance au sevrage

L’éducation du poulain peut se définir comme une mise en condition progressive basée sur la confiance et établie de manière équilibrée tant sur le plan physique que moral. Elle a pour objectifs de le familiariser avec son environnement et d’établir des codes conventionnels entre l’Homme et l’animal pour fixer quelques bases de son apprentissage.

1

Niveau de technicité :
Les métiers de l'élevage : éleveur
Sommaire

Connaissance du cheval

A l’état naturel, le cheval est un animal social donc grégaire ayant un statut de proie dont il conserve l’instinct de fuite même en captivité.

Dès sa naissance, la vie du poulain est régie par ses relations avec sa mère, avec les autres individus du troupeau, mais aussi avec l’Homme, dont le savoir-faire, la connaissance du cheval et l’aisance influenceront son comportement de cheval adulte.

La mémoire est à la base de tout dressage pour le cheval. Il faut réguler ses peurs, qui sont plus ou moins importantes selon son environnement, son vécu, son hérédité.

Éduquer un poulain nécessite une bonne connaissance de sa psychologie et un certain savoir-faire : demandes claires et sans ambiguïté, douceur et fermeté.

Il ne faut jamais perdre de vue qu’un poulain a besoin d’exercice, de compagnie, de repères, de contacts…

Les périodesLes étapes jusqu’au sevrage
L’acclimatement (environnement)Apprendre à vivre avec ses congénères (autres juments suitées)
La domestication (relations avec l’Homme)Approche, mise en place du licol, marcher en main, donner les pieds, monter dans un camion ou un van avec sa mère, accepter un début de contention

Poulain sous la mère

Les manipulations réalisées sur le poulain peu après sa naissance peuvent être bénéfiques dans la mesure où le rapport de force est limité et en faveur de l’Homme. Néanmoins, et contrairement à ce que l’on en pensait encore récemment, le poulain en garde une mémoire assez courte dans le temps. Il faut faire des « rappels » à brèves échéances. Ces manipulations n’ont pas besoin d’être de longue durée.

En outre, au cours de cette période, il y a de nombreuses occasions d’être amené à manipuler chaque poulain :

  • Aller-retours du box au paddock en début de saison ;
  • Saillies de la jument ;
  • Passages des maréchaux-ferrants ;
  • Prophylaxie (vermifuge, vaccin…) ;
  • Changements de pâtures ;
  • Préparation de concours de modèles et allures.

jument allaitante avec poulain de trait qui tète
Près de sa mère, le poulain est rassuré. A l’homme de rendre l'étape du sevrage la moins stressante possible © B. Jehanne
La mère peut également être utile comme médiateur de la relation à l’Homme. Le poulain, alors observateur des manipulations réalisées, se familiarise sans stress à la présence de l’Homme. Ceci est efficace sur les très jeunes poulains.

Au cours de toutes ces manipulations, et en fonction de leur caractère, certains poulains semblent adhérer assez rapidement aux demandes et s’en « souvenir » d’une fois sur l’autre, d’autres remettront systématiquement tout en cause à chaque fois.

Le sevrage

Le sevrage, c’est le moment où l’on sépare le poulain de sa mère, dès l’instant où il n’a plus besoin d’être allaité pour se nourrir. Le poulain est généralement sevré vers l'âge de 6 mois. Il existe plusieurs façons de procéder pour sevrer un poulain.

Le sevrage peut être réalisé de façon progressive en séparant la mère du poulain quelques minutes de l’autre côté d’une barrière à claire-voie avec augmentation progressive de ce temps de séparation jusqu’à 8h par jour, ou uniquement la nuit durant les premiers jours, ou plus nettement en les séparant définitivement dès la première fois.

Si l’élevage le permet (état des clôtures, possibilité d’éloignement des prés), il est possible de retirer chaque matin une poulinière du pré où sont logées les juments suitées, du poulain le plus vieux au plus jeune. Par ailleurs, la séparation peut s’effectuer en boxe, voire avec 2 poulains dans le même boxe, s’ils s’entendent bien et que l’espace est suffisant.

La séparation brutale n'est pas forcément la moins stressante pour le poulain. Le stress au cours du sevrage progressif est moindre que celui du sevrage brutal si le sevrage progressif se fait en laissant la possibilité d'un contact physique et visuel entre la mère et son poulain pendant les séparations de plus en plus longues et qu'il est associé à une distribution de nourriture.

Dans tous les cas, il importe que :

  • La surveillance soit accrue dans cette période « à risque » ;
  • Le poulain soit avec des congénères de son âge, mais aussi avec des adultes de tempérament facile.

On relèvera enfin que le sevrage constitue une période propice à l’apprentissage. Le poulain semble être assez réceptif aux manipulations réalisées immédiatement post-sevrage (pendant une quinzaine de jours) et en garder une mémoire plus longue. Ainsi, certains éleveurs manipulent très peu avant le sevrage et se concentrent sur cette période charnière. Le rapport de force est cependant plus délicat à gérer et nécessite un réel savoir-faire.

En savoir plus sur nos auteurs
  • Laetitia LE MASNE Ingénieure de développement IFCE
  • Léa LANSADE Ingénieure de recherche en éthologie IFCE-INRAE
  • Marianne VIDAMENT Docteur vétérinaire - ingénieure de projets & développement « Éthologie » et « Médiation équine » IFCE
Pour retrouver ce document: www.equipedia.ifce.fr
Date d'édition : 15 05 2024

Cette fiche vous a-t-elle été utile ?