Les petits strongles ou cyathostomes

Les petits strongles, appelés aussi cyathostomes, sont des vers ronds qui infestent principalement les chevaux ayant accès à des paddocks et des pâtures. Une infestation massive peut être responsable, au printemps, d'une diarrhée et d'un amaigrissement, avec des conséquences graves chez le jeune cheval.

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Par Marie DELERUE - | 01.11.2016 |
Niveau de technicité :
Coproscopie
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Les petits strongles : qu'est-ce que c'est ?

Les petits strongles (ou cyathostomes) sont aujourd'hui identifiés comme les parasites les plus pathogènes des équidés. Il existe plus de 50 espèces différentes. Les adultes vivent dans le gros intestin, les larves peuvent rentrer dans la paroi de l'intestin. L'infestation concerne les chevaux adultes et les poulains à partir de l'âge de 6 mois. Au fur et à mesure des infestations, les chevaux développent une certaine immunité contre les petits strongles, qui les protège, mais seulement partiellement contre les réinfestations. Cette immunité est très variable d'un cheval à l'autre. L'infestation est très fréquente et a lieu principalement au pré ou dans les paddocks.

Le phénomène d'hypobiose

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Larves de petits strongles enkystées dans la paroi de l'intestin © Anses
La particularité des petits strongles tient au fait que les larves sont capables de s'enkyster dans la paroi intestinale. En fin d'automne, un phénomène d'hypobiose se met en place : les larves interrompent leur cycle de développement à l'intérieur de la muqueuse de l'intestin. Cette hypobiose, qui correspond à une sorte d'hibernation, est une stratégie de survie. En zone tempérée, les conditions hivernales sont défavorables à la survie et au développement des parasites dans l'environnement : les larves se cachent donc au sein de la muqueuse intestinale et en ressortent quand les conditions environnementales sont plus favorables. Elles peuvent rester plusieurs années dans la paroi intestinale.


La survie et le développement des larves dans le milieu extérieur dépendent des conditions climatiques :

  • Plus la température est élevée, plus le développement des larves est rapide (développement rapide en été, lent en hiver) ;
  • Les larves peuvent survivre à l'hiver même si elles sont sensibles à l'alternance gel/dégel ;
  • Les larves sont sensibles aux rayons UV mais relativement résistantes à la dessiccation ;
  • Les crottins protègent les larves des variations de température et des rayons UV.

L'accessibilité des larves pour les chevaux dépend principalement de l'humidité. En effet, les larves ont besoin d'eau pour se déplacer :

  • Lors de temps sec, les larves sont emprisonnées dans les crottins ;
  • Lors de temps humide, elles migrent vers la pâture.

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Schéma du cycle parasitaire des petits strongles © Ifce

L'infestation par les petits strongles : responsable de diarrhées et d'amaigrissement

Les larves enkystées sont en grande partie responsables des signes cliniques observés :

  • Amaigrissement,
  • Diarrhée,
  • Oedèmes déclives (membres, ventre...),
  • Plus rarement : coliques modérées à sévères.  

Lors de conditions climatiques favorables (en fin d’hiver), d'une baisse du nombre d’adultes dans l’intestin (après une vermifugation sélective contre les adultes) ou d'un stress, on peut observer la réactivation simultanée d'un grand nombre de larves en hypobiose. Ces larves traversent alors toutes ensemble la paroi de l’intestin, provoquant des lésions sévères à l'origine d'une diarrhée grave, qui peut être fatale chez le jeune cheval : on parle de cyathostomose larvaire.

Comment diagnostiquer une infestation par les petits strongles ?

Dans un groupe de chevaux adultes, on observe que :

  • 20 à 30% des chevaux excrètent très peu ou pas d'œufs de petits strongles dans leurs crottins : ils sont « faibles excréteurs » (0 à 200 opg = œufs par gramme de crottin). Ces chevaux, du fait de leur immunité, contaminent très peu les pâtures et n'ont pas besoin d'être vermifugés de façon systématique.
  • 10 à 20 % des chevaux sont excréteurs modérés (200 à 500 opg).
  • 50 à 70 % des chevaux sont « forts excréteurs » (> 500 opg) et contaminent fortement les pâtures : ces chevaux ont besoin d'être vermifugés afin de ralentir les réinfestations ultérieures.

Ces pourcentages sont variables d'une exploitation à l'autre.

La coproscopie permet de classer les chevaux adultes et de déterminer quels chevaux ont besoin d'être vermifugés contre les petits strongles.

Le traitement contre les petits strongles

Les molécules anti-parasitaires actives contre les petits strongles sont :

  • Les lactones macrocyliques : ivermectine et moxidectine,
  • Le pyrantel,
  • Les benzimidazoles : fenbendazole et mébendazole.

Le pyrantel et le mébendazole agissent exclusivement sur les adultes.

Les molécules suivantes ont une activité sur les larves :

  • L'ivermectine : activité partielle sur les larves ;
  • Le fenbendazole, à une dose spécifique pendant 5 jours consécutifs ;
  • Seule la moxidectine possède une activité contre les larves enkystées.

Les petits strongles ont développé des résistances contre le pyrantel et les benzimidazoles. Un test de résistance est conseillé après vermifugation avec ces molécules, afin de mesurer leur efficacité dans une structure donnée.

Les chevaux sont traités contre les petits strongles pendant la saison de pâturage.

En fin d'automne, un traitement contre les larves enkystées (moxidectine) est recommandé afin d'éviter l'apparition d'une cyathostomose larvaire au printemps suivant.

Chez les chevaux adultes forts excréteurs et les jeunes chevaux (1 à 3 ans), 3 à 4 vermifugations par an sont conseillées.

Chez le cheval adulte

Chez les chevaux adultes faibles excréteurs, une ou deux vermifugations par an sont conseillées.

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Périodes et fréquence de vermifugation contre les petits strongles chez les chevaux adultes faibles excréteurs © Ifce


Chez le poulain

Les poulains sont traités contre les petits strongles à partir de l'âge de 6 mois.

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Périodes et fréquence de vermifugation contre les petits strongles chez les poulains © Ifce

Ce qu'il faut retenir

De nos jours, les petits strongles représentent les parasites les plus pathogènes du cheval.

L'infestation est très fréquente.

Une infestation importante peut avoir de graves conséquences sur la santé des poulains et des jeunes chevaux, qui doivent de ce fait être vermifugés de façon systématique.

Chez les chevaux adultes, la coproscopie permet de déterminer quels chevaux ont besoin d'être traités.

En savoir plus sur nos auteurs
  • Marie DELERUE Docteure vétérinaire - experte sanitaire spécialité équine et ingénieure de recherche & développement IFCE
Pour retrouver ce document: www.equipedia.ifce.fr
Date d'édition : 15 05 2024

Fiche réalisée avec nos partenaires

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